Nos 9 films de gangsters
Le cinéma adore les gangsters et les mafieux. Le ressort narratif des histoires de malfrats et de mafia est riche, et peut-être exploité de bien des manières, tantôt avec panache, tantôt avec humour. Le film de bandit n’est pas seulement l’apanage du cinéma américain. J’ai toujours rêvé d’être un gangster, pouvait-on lire sur une l’affiche du film de Samuel Benchetrit il y a quelques années. Car, en plus d’offrir des récits rocambolesques et palpitants, les films de gangsters sont une mine de personnages ambigus et complexes. Des méchants attachants, des mafieux romantiques, des repentis amoureux, autant de déclinaisons aussi passionnantes pour le scénariste qui les écrit, que pour l’acteur qui les interprète. Les maîtres du genre, comme Martin Scorsese, Francis Ford Coppola ou Sergio Leone, sont aussi au panthéon des plus grands réalisateurs de tous les temps, et ont mis en scène la mafia italienne et la pègre irlandaise aux États-Unis. Voici donc une sélection de films de gangsters à streamer gratuitement, mettant en scène une galerie de personnages hauts en couleurs, du parrain sicilien au petit escroc de quartier.
Le gang des DS, pègre du Finistère
Le gang des DS, pègre du Finistère
Le narrateur se fait toute une histoire autour d'un gang, pour finalement se rendre compte qu'il n'y avait pas de quoi en faire toute une histoire. C’est ainsi qu’Antoine Garrec résume son premier film : Le Gang des DS, un polar désopilant en pays bigouden, presque inspiré d’une histoire vraie. Nous avons demandé au réalisateur de remonter le fil du processus de création de son œuvre qui mêle tranquillement les genres : le documentaire et le film de mafia, même la comédie musicale ! La narration est en effet chantée, clipée, étayée par quelques archives et reconstitutions d’histoire de bandits... Un film-esquisse, plein d’énergie créatrice.
Les lions de Mendoza, film de braquage
Les lions de Mendoza, film de braquage
L’intrigue se déroule à l'hôtel de la plage en novembre. Frédéric, déguisé en super héros tel un Batman sexy, prépare la venue de sa copine. Tout est prêt, des pétales de roses au champagne, mais l'hôtel n'est pas si vide et le jeune homme se retrouve nez à nez avec un duo de braqueurs. Que ferait Batman à sa place, face à deux malfrats ? L’intention du réalisateur était de faire un film de gangster décalé, où l’acte héroïque n’est pas le hold up, mais la relation amoureuse.
For you, film de gangsters romantiques
For you, film de gangsters romantiques
Le clip de François Rabes pour Apollo nous entraîne sur les pentes glissantes de la démence et de la criminalité, du fatum psychanalytique qui veut que couteaux et revolvers soient des symboles phalliques, et que pour grandir il faille tuer le père. Le réalisateur a méticuleusement préparé son affaire pour mieux nous perdre dans une idylle tragique, digne des meilleurs films policiers. Ils sont beaux, ils s’aiment, ils courent à leur perte, une équation qui n’est pas sans rappeler le fameux film de gangster Bonnie & Clyde. À moins que le drame ne se joue dans le cerveau malade de la femme. Une mise en scène tonique sur une musique entêtante, de quoi se rejouer le film des rencontres trop belles pour être vraies.
Gast, film de bandits bretons
Gast, film de bandits bretons
D’une écriture sèche et maîtrisée, Pauline Goasmat et Gaël Bernard campent un film de gangster plein de repentirs en Bretagne intérieure. Hommage au pays de l’enfance et au cinéma de genre, d’une drôlerie inénarrable, il met en scène des truands et des crapules qu’un policier ne parvient pas à arrêter. La réalisatrice avait simplement le souhait de tourner dans une cour de ferme avec des personnages de malfrats, et de proposer un des rôles à Arnaud Stephan, un acteur breton.
Meet your friends at bars, polar tarantinesque
Meet your friends at bars, polar tarantinesque
Sans complexe, Grégoire David se lance dans un clip à la Tarantino, tourné en Bretagne avec trois francs six sous. Un film de mafieux bigouden, ca pourrait tourner au ridicule, mais il n’en est rien. Que ce soit en termes de cadre, de lumière ou de jeu d’acteur, le défi est relevé avec brio. L’invocation de la carnassière légèreté du maître tient la route, soutenue par la musique gangsta d’Ethiliel Gautier, sortie de la même barrique. En prime une belle trouvaille visuelle, avec des dialogues (inaudibles) écrits à même l’image, dans une jolie inspiration graphique rappelant les meilleurs films de gangster. Mettant en scène une bande de malfrats se rendant au saloon pour effectuer une transaction, c’est un véritable film de gangster que nous propose le réalisateur, qui se dit inspiré par Sergio Leone et ses grands films de mafia.
Gargantua, film de mafia
Gargantua, film de mafia
Il est bon de se rappeler que si Rabelais écrivit son Gargantua il y a près de cinq siècles, les origines du géant truand sont antérieures et peut-être bien situées sur le mont Gargan, au nord de Nantes, dans quelque mythologie médiévale.
Le Gargantua de Léo Dazin reste fidèle à l’esprit du personnage : scatologique, bandit, glouton, obsédé par le stupre, prédateur sans foi ni loi multipliant les crimes... tout en lorgnant vers le film de gangster tarantinesque façon Django Unchained. Dans cette version, une bande de justiciers aux allures de gang mafieux en fourrures, tente de capturer le boss et de le mettre en prison, ou peut-être de l’assassiner…
Cornes vertes, film gangsta
Cornes vertes, film gangsta
L’association La Fourmi-e a proposé aux gang des Froh Faire une résidence d’art intitulée Champ d’Expression. Ni une ni deux, ils investissent bois et prairies autour de Glomel et entreprennent en quelques jours de tourner un film de gangster, ou plutôt une suggestion sourdement burlesque de western, où la virilité du malfrat est tournée en dérision et où les vaches ont semble-t-il pris le pouvoir. S’ils font penser à deux gamins qui rejouent leurs scènes favorites vues à la télé, le résultat est d’une rigueur et d’une cohérence qui fait de cet objet une représentation épatante des héros mythiques de l’Ouest américain.
Rase campagne, film policier sur une pandémie
Rase campagne, film policier sur une pandémie
Dans ce film à suspens, Pierre-Emmanuel Urcun raconte avec trois ans d’avance les vaines tentatives d’endiguer une épidémie. Ce faisant, il nous offre une tranche de vie rurale pas piquée des hannetons. Tels des voyous sans foi ni loi, les deux ambulanciers supposés appliquer le protocole errent sur les routes des monts d’Arrée, et s’enfoncent dans une épaisse végétation. Ils sont en quête de Maurice, un malfrat potentiellement positif à Ébola, mais rétif à passer le test. De cette campagne où les humains se font rares et où leurs conversations tournent court, un désarroi qui confine à l’absurde s’empare des deux incorruptibles. Et si ce film policier finit bien, l’on ressort de cette étrange histoire avec un sentiment d’étrangeté douce-amère.
Qu’est-ce qu’un film sauvage ? En regardant ce film de gangster qui se revendique du genre, l’on peut se dire qu’il échappe aux codes de la domestication, de la bienséance télévisuelle et même cinématographique. Nous sommes en Bulgarie, devant un immeuble dévasté. Un homme survient, il cherche Gigi et Sara en tentant de les corrompre avec des saucisses de Frankfurt, mais rien n'y fait. Une enquête commence alors, pour retrouver ces deux chiens, une traversée du quartier gangréné par la mafia et l’omerta, révélateur de l’état de rapports humains fort dégradés eux aussi. Comme le dit une passante à notre héros : la sauvagerie bulgare est sans limite.
Un film sauvage donc, pour saisir la sauvagerie d’un monde dérégulé, en quête d’humanité.
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