Miossec
Christophe Miossec, poète écorché dont le corps et la voix disent l’âpreté de la vie, éclats de bonheur sur fond de noirceur, désir lacéré de désillusions. L’homme se tient droit sur la scène du Nancy Jazz Pulsations, côte à côte avec ses musiciens dont, à sa droite, sa compagne, qui enlumine de ses cordes la voix éraillée de son amant. Il est debout, mais il penche, habité par ses souffrances, lucide sur ses défaillances, il s’accroche, déroule ses textes sans fioritures, degré zéro de la séduction, totale intégrité, à prendre ou à laisser.
Accroche-toi spectateur, tu n’en sortiras pas indemne.
Normalement les histoires finissent pas bien
Normalement les histoires finissent pas bien
dans Pop N'Co (2021 - 55')
C’est dans l’arrière-cours d’un café parisien que Rebecca Manzoni retrouve Christophe Miossec. Ensemble, ils reviennent sur les débuts du chanteur : la cassette dans la chambre de ses parents et le studio d’enregistrement à Bruxelles. Puis les bars-concerts, quatre pages dans Les Inrocks, les Trans Musicales, la collaboration avec Johnny et 11 albums originaux. À l’origine de cette ascension, il y a Boire, sorti en 1995. Un succès que Rebecca Manzoni admire, que Miossec refoule. Leur entretien est l’occasion d’interroger le rapport particulier de l’artiste, à Boire et à ce qui a suivi.
Christophe Miossec
Christophe Miossec
Issu d’un quartier ouvrier de Brest, Christophe Miossec débute avec une brève apparition dans le groupe Printemps Noir dont il se sépare pour poursuivre des études d’histoire. Il travaille ensuite quelques années en tant que critique rock pour Ouest France. À 27 ans, il plaque tout pour partir sur l’île de la Réunion en tant que journaliste. À son retour en France métropolitaine il fait une rencontre qui change sa vie, celle de Guillaume Jouan, son alter ego des premiers disques. Ensemble, ils enregistrent sur une cassette les premières maquettes de ce qui deviendra l’album Boire. Révélé à l’aube de la trentaine, Miossec bénéficie d’un fort soutien de la critique, notamment des Inrocks qui lui consacrent quatre pages et sa couverture alors qu’il est encore inconnu du grand public. Sa carrière décolle alors, les disques se suivent et ne se ressemblent pas, l’artiste se renouvelle toujours et s’entoure de personnalités variées : Guillaume Jouan, Bruno Leroux, Yann Tiersen, Albin de la Simone et d’autres.
Au début des années 2000, après des années d’errance en France et en Belgique, le brestois opère un retour dans sa ville natale, il s’y pose et cela s’entend. Le chanteur prend un tournant avec trois albums plus apaisés : 1964 (2004) L’Étreinte (2006) et Finistériens (2009). Il y aborde les mêmes sujets que précédemment : les excès de la vie et les références à l’alcool, mais innove aussi avec les thèmes du couple et du monde du travail. À la même époque, il est sollicité pour ses talents de parolier et collabore alors avec Johnny Hallyday, Jane Birkin, Alain Bashung, Juliette Gréco, Axelle Red...
Dans les années 2010, le breton est atteint d’une maladie orpheline, l’ataxie, qui le contraint à réduire son activité et surtout à arrêter sa consommation d’alcool, un tournant. Miossec revient en homme transformé avec Ici-bas, ici-même (2014), puis avec Mammifères (2016), et Les rescapés (2018). Trois albums aux sonorités plus folks.
Tout en gardant sa rage et ses engagements, Miossec grandit et vieillit au cours de ses albums et affirme, au fil de sa carrière, sa présence sur la nouvelle scène française.
Enfant de Brest
Enfant de Brest
L’EXPRESS >>> Boire de Miossec, enivrant depuis 25 ans et dès le début de sa carrière, l’artiste affirmait sa volonté de ne pas être consensuel.
LES INROCKS >>> Entretien croisé avec Yelle, les deux bretons précurseurs et passionnés échangent sur la création, leurs influences, leur rapport à la Bretagne et évoquent des souvenirs de début de carrière. Le tout est accompagné de photos singulières entre terre et mer signées Boby.
LE MONDE >>> Décryptage de l’album Mammifères, celui de la maturité et de la sobriété en collaboration avec son coup de foudre musical (mais pas que), la violoniste Mirabelle Gilis.
FRANCE 3 BRETAGNE >>> À la veille d'un concert dans sa ville natale, un journaliste reproche à Christophe Miossec d'avoir quitté Brest. L'artiste prend la mouche, et la plume.
PODCASTS
FRANCEINFO >>> Deux guitares, une basse, il n’y a pas besoin de plus pour faire un album fondateur. Miossec décortique son processus de création, de Boire à son dernier opus en collaboration avec sa compagne Mirabelle Gilis pendant le confinement.
FRANCEINFO >>> Ces chansons qui font la France : le quartier de Recouvrance sublimé par Miossec et d’autres…
13 novembre 2021 03:08 - Mo Gourmelon
Le stade de la résistance à Brest existe vraiment. Je m’y entraînais.