Or noir
Moka Malo raconte les prémisses de la guerre économique mondiale, au début du 18è siècle.
Le produit convoité était alors le café, une boisson déjà très prisée à Paris et dans les capitales européennes. La VOC, une compagnie néerlandaise détient un monopole sur l’importation du produit depuis le Yémen. Les cours flambent, Louis XIV envoie des corsaires malouins pour mettre la main sur cet or noir.
Le réalisateur Richard Hamon orchestre un récit magistral où s’expriment divers spécialistes et Dominique Reymond en conteuse aussi envoûtante que Shéhérazade. Il convoque aussi les moyens de l’animation et d’archives cinématographiques pour que son traité d’histoire teinté d’imaginaire oriental prenne corps. L’histoire se prolonge jusqu'à nos jours, où le marché du café connaît régulièrement des tensions. Captivant.
MOKA MALO
de Richard Hamon (2016 )
1708. Deux frégates quittent Saint-Malo, en France, pour rejoindre Moka, au Yémen. Au commandement, Monsieur de la Merveille, corsaire de Louis XIV, qui entend se lancer dans le commerce du café. Une plongée dans l'histoire de l'or noir du 18e siècle, à l'aide d'interviews, d'images d'archives et d'animation.
>>> un film produit par Jean-François Le Corre et Aurélie Angebault, Vivement Lundi !
Sur la route du café
par Richard Hamon
Les tumultueuses aventures de Monsieur de la Merveille, subrécargue de la frégate Le Curieux, quittant Saint-Malo en février 1708 à destination de la Mer Rouge, semblent de prime abord relever du roman picaresque. Armée en guerre sur ordre de Louis XIV, la frégate est forte de 50 canons et d’un équipage de 240 traîne-rapières. Les incidents, accidents, coups de théâtre et fortunes de mer émaillant leur long voyage sont consignés au jour le jour dans les livres de bord du navire, conservés aujourd’hui aux archives de Saint-Malo.
Il pourrait paraître vain de rechercher, dans ces lignes écrites à l’aventure, un enseignement outrepassant le domaine restreint du romanesque. Des esprits chagrins pourraient même souligner qu’il ne s’agit là que d’une histoire très limitée, celle de la guerre de course, avec ses corsaires, ses forbans, ses écumeurs de mers et autres gibiers de potence.
Levons dès à présent ce quiproquo. Si Monsieur de la Merveille reçoit, en tant que corsaire malouin, la lettre de course lui permettant de piller les navires ennemis de la France en ce début de XVIII° siècle, son ordre de mission ne se limite pas à ces actes de nuisances patriotiques. Il doit également, au nom de Louis XIV, engager des relations diplomatiques avec l’administration d’un pays que l’on nomme aujourd’hui le Yémen, et qui était alors désigné sous le nom d’Arabie Heureuse, l’Arabia Felix des Anciens. Il doit enfin rapporter en France la récolte de café de l’an 1709, contournant ainsi, pour le plus grand profit de l’économie française, le monopole des Néerlandais sur le commerce des épices.
Compagnie des Indes
par Richard Hamon
Monopole hollandais
Il y a 300 ans de cela, quand la France voulait commercer avec une puissance étrangère, elle se devait tout d’abord d’explorer les voies d’approches liant notre pays à ce partenaire commercial. Pour le Moyen-Orient, l’Afrique ou l’Asie, les seules voies de communication étaient maritimes, les rares voies terrestres étant aux mains soit des superpuissances orientales de l’époque, soit des grandes entreprises monopolistiques, qu’elles soient néerlandaises ou anglaises. Pour déjouer la mainmise économique d’une grande puissance sur une région du monde, il fallait trouver de nouvelles voies géographiques, n’empiétant pas sur le domaine réservé du pays concurrent. C’était particulièrement le cas pour le commerce du café qui, provenant du seul Yémen, transitait par bateaux, puis par caravanes à travers la Péninsule Arabique, avant d’être chargé, dans le port d’Alexandrie, sur les navires de la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales (la célèbre Vereenigde Ooste Indishe Compagnie, connue sous ses initiales VOC). La VOC assurait pour les Provinces-Unies le très lucratif commerce européen des épices d’Orient, des soieries et porcelaines de Chine et du café d’Arabie.
En ce temps béni où le monde ignorait la colonisation (si l’on excepte bien sûr l’occupation tragique des Amériques par les royaumes d’Espagne et du Portugal et la création par la France de quelques comptoirs commerciaux en Louisiane, en Acadie, dans la baie d’Hudson ou à Saint-Louis du Sénégal), les relations commerciales se faisaient d’égal à égal. Les problèmes de concurrence se réglaient certes à coups de canons, mais c’est entre négociants que l’on se canonnait, et non entre nations. L’Europe tout entière enrageait de devoir passer sous les fourches caudines de la VOC, pour son commerce d’Orient. Il n’empêche, quand un corsaire français était pris par la marine hollandaise, il gardait la vie sauve, car il était considéré comme prisonnier de guerre. Un navire marchand avait en effet le droit de défendre les intérêts de son pays par les armes, si son roi l’en autorisait ; il y avait une tolérance royale permettant à un bateau marchand de s’armer en guerre, c’est-à-dire de s’équiper de soldats, de fusils et de canons pour « courir sus » aux ennemis de son pays, et cela valait pour toutes les marines et toutes les nations d’Europe. Les questions de commerce étaient donc affaires de commerçants, subsidiairement des problèmes d’États.
Quand le bateau de Monsieur de la Merveille quitte Saint-Malo, il part faire la course du café, cette denrée dont l’Europe s’est entichée et qu’elle s’arrache à tout prix, depuis le milieu du XVII° siècle. Son négoce est donc tout à fait profitable. Mais pour que des relations commerciales s’établissent entre la France et l’Arabie, il faut que ces deux états reconnaissent leurs puissances mutuelles : on commerce mieux en pays de connaissance et entre nations amies. La France veut donc ouvrir une antenne diplomatique avec l’Arabie Heureuse, comme elle l’a fait bien avant avec la Turquie, avec le royaume d’Abomey, voire avec la Mongolie et la Chine de Genghis Khan, au XIII° siècle. Ouvrir une ambassade dans un pays étranger, c’est se faire un allié dans le monde, en créant par ailleurs les voies d’un commerce que l’on qualifierait aujourd’hui d’équitable. Les Yéménites du XVIII° siècle ont tout intérêt à vendre - bien cher - leur café, les rois d’Abomey à trafiquer leurs esclaves, les Turcs à ouvrir les portes de leur commerce asiatique. Par-delà ces échanges, les états quant à eux parlent de pouvoir, de territoires, d’alliance, de frontières, de guerre et de paix. Monsieur de la Merveille doit découvrir, reconnaître et faire connaître le pays dont la France veut se faire l’alliée, afin de mieux mesurer l’importance de cette alliance. La géopolitique de l’époque veut que la France s’informe de ses partenaires, en ces régions lointaines, puisqu’elle n’a pas la puissance de les dominer militairement.
Guerre de course et conflit armé
Au début du XVIII° siècle, les armées de Louis XIV ont d’autres chats à fouetter. La France est de nouveau en guerre. Il s’agit pour elle de dominer l’Europe en plaçant un de ses pions en Espagne. Charles II, roi d’Espagne, cousin et beau-frère de Louis XIV, vient en effet de mourir sans descendance, le 1° novembre 1700. Il a désigné par testament Philippe, duc d’Anjou, comme successeur à la couronne d’Espagne. Les Français veulent à tout prix installer sur le trône de Madrid ce petit-fils de Louis XIV, qui devient de fait Philippe V d’Espagne (l’aïeul de l’actuel roi Juan Carlos).
Mais la Grande-Bretagne, les Provinces-Unies et l’Autriche voient d’un très mauvais œil cette alliance de deux puissances navales, ainsi que l’irruption possible de la flotte française dans le domaine colonial espagnol. La guerre de succession d’Espagne éclate donc, en 1701, (la France affronte la Grande-Bretagne, le Brandebourg, l’Autriche, les Provinces-Unies, le Piémont, le Danemark, la Savoie et le Portugal) pour une durée de 13 ans, et Louis XIV y jette toutes ses forces terrestres et navales.
Dans sa course vers la Mer Rouge, en 1708, Monsieur de la Merveille va donc pouvoir piller l’essentiel des bateaux qu’il croisera sur sa route. Les Français n’ont en effet pour seuls alliés, lors de cette guerre, que la Bavière, Cologne et la Papauté, qui ne sont pas connus pour la puissance de leur marine. Dans cette entreprise commerciale, la frégate « Le Curieux » ne pourra compter que sur ses propres forces, les bâtiments de la Royale étant affectés à des entreprises directement guerrières.
Le Yémen au 18è : fantasme littéraire, réalités économiques
Dans le cours de ce voyage, Monsieur de la Merveille va découvrir cette Arabie mythique qu’Antoine Galland fait connaître au public Français, par sa traduction des Mille et une nuits, qu’il fait paraître en 1704. C’est un texte qui a enflammé l’imaginaire des Européens et transformé leur vision du monde arabe, comme les chroniques et récits de croisades l’avaient fait au Moyen-Âge. Le texte de Galland est très vite traduit en anglais, puis en allemand, avant même que la guerre ne soit achevée. Grâce aux Mille et une nuits, l’Arabie et le monde musulman deviennent à la mode en Europe.
Ce recueil de contes constitue, jusqu’à nos jours d’ailleurs, une sorte de nec plus ultra de la féerie et du raffinement, que l’on parle de nourriture ou de parfum, de bijoux ou d’amour. Dans l’imaginaire européen, le monde arabe devient synonyme de sophistication, de délicatesse et de raffinement. Les intellectuels utilisent d’ailleurs l’Orient comme mythe révélateur des travers européens et Montesquieu, en 1721, parle encore de politique française dans ses Lettres persanes.
Cet engouement pour les splendeurs et les richesses de l’Arabie ne repose pas sur une illusion. Monsieur de la Merveille réalise très vite l’importance économique de sa présence en Mer Rouge. À côté du mythe littéraire existe une réalité sociale et économique, ayant marqué durablement l’histoire des échanges entre Orient et Occident. Le monde arabe est en effet, depuis l’Antiquité, le pôle économique majeur servant de lien entre l’Europe et l’Asie et le Yémen est un carrefour d’échange incontournable entre le monde méditerranéen et celui de l’Océan Indien, entre l’Éthiopie et la Perse...
Les richesses de l’Inde et de l’Asie cheminent en effet vers l’Occident en suivant deux routes possibles :
- la voie terrestre, qui suit ce qu’on appelle aujourd’hui les routes de la soie en traversant la Sibérie, l’Asie centrale, la Perse et le nord de l’Empire Ottoman,
- la voie maritime, plus sûre, plus rapide et moins coûteuse qui passe par les ports de la péninsule Arabique et notamment par Moka.
L’Europe achète aux négociants arabes, dans le port de Moka, cotonnades indiennes, soies et porcelaines chinoises, poivre, muscade, cannelle, girofle, gingembre et toutes sortes d’épices dont elle a la passion depuis l’Antiquité.
Il faut ajouter à ces richesses le commerce du café, qui s’est développé en cent ans de façon stupéfiante. Le Yémen produit, en ce début du XVIII° siècle, 20 000 quintaux de café, qui sont consommés pour moitié par le marché européen. L’Arabie Heureuse possède en effet, du fait de sa géographie, une spécificité indéniable dans l’environnement désertique de la péninsule arabique. Grâce à ses plateaux et ses zones montagneuses, elle est touchée en été par les pluies de la mousson, qui irriguent les plateaux et les oasis, font gonfler les oueds et prospérer les cultures. À l’opposé des déserts du nord de la péninsule, nombre de régions sont fertiles et les cultures comme le café, qui demandent à la fois eau et chaleur, sont fort rentables pour le commerce. Depuis l’Antiquité, l’Arabie Heureuse fournit à l’Europe la myrrhe, l’encens, la teinture de Sandragon et l’aloès, qui sont utilisés en abondance par la médecine, pour les cérémonies religieuses ou les rites funéraires, dans la fabrication des fards, des parfums et des teintures. Le café vient enrichir cette liste de denrées prestigieuses et son négoce va devenir, jusqu’au milieu du XVIII° siècle, une des sources de profit les plus importantes pour l’économie du Yémen, et plus largement de la région.
La première guerre économique vient d’Europe
Jusqu’à l’arrivée des corsaires malouins en Mer Rouge, les négociants européens calquaient leur système commercial sur le modèle des Orientaux, qu’ils soient Indiens, Chinois, Japonais ou Arabes. Comme les marchands itinérants du Moyen-Âge, les Européens, au XVI° ou au XVII° siècle, achetaient les produits d’un pays et les revendaient avec bénéfice dans un pays voisin, et ils répétaient ainsi l’opération jusqu’au retour dans leur pays d’origine.
Ce système archaïque subsiste dans cette zone, au début du 18° siècle. Seuls le volume des transactions a augmenté. Mais pour l’essentiel, le commerce pratiqué reste ce que les Anglais nomment country trade, c’est-à-dire un système commercial qui s’apparente au cabotage. Les transactions vers l’Europe échappant au country trade se font via l’Égypte et l’empire Ottoman, par le biais des négociants vénitiens ou marseillais.
Du fait de sa survalorisation, le commerce du café change cette donne, dans les premières années du XVIII° siècle. Quand les corsaires malouins s’élancent vers le Yémen, en 1708, les importations de café sur le marché d’Amsterdam ont été multipliées par trois en l’espace de quelques années. Dans le cours de cette même période, les prix pratiqués ont été systématiquement à la hausse, du fait d’une demande croissante en Europe, et de l’impossibilité pour les négociants d’y répondre. Pour bien saisir la situation, il faut se rappeler que la culture du café appartient aux seuls Yéménite, que son commerce est entre les mains des Ottomans et que le marché européen appartient aux Hollandais.
En 1709, les corsaires malouins achètent 500 tonnes de café à Moka, pour un montant de 250 000 piastres, soit le double des achats anglais et hollandais. C’est à l’époque une somme colossale, qui leur vient pour l’essentiel de la guerre de course. Le coup de force commercial des Malouins se double d’une violence imprévisible, pour les concurrents européens comme pour les négociants arabes et ottomans. Les corsaires bretons décident en effet de pratiquer un commerce « en droiture », c’est-à-dire de suivre un trajet en ligne directe de la Mer Rouge vers Saint-Malo, en faisant une seule escale, dans l’île de la Réunion. Les eaux de l’Afrique du sud et du Golfe de Guinée sont entre les mains des Anglais ou des Hollandais.
Cette situation désespérée, créée par la guerre en Europe, sert en fait les intérêts des corsaires malouins. La course en droiture élimine logiquement les taxes prélevées par les autorités ottomanes ou les frais de douane de Djeddah et d’Alexandrie. Le café corsaire est donc meilleur marché que le café ottoman ou hollandais.
L’importance des achats effectués par M. de la Merveille a de plus provoqué une flambée des prix. Les Hollandais et les Anglais achètent désormais leur café plus cher que les années précédentes. Leurs bénéfices sont donc moindres, et leur café arrive tardivement en Europe, où les négociants malouins se sont empressés de vendre leur cargaison à Amsterdam. En se détournant des voies traditionnelles du commerce du café, les malouins ruinent sciemment les négociants et les autorités ottomanes d’une part. Ils obligent leurs concurrents européens à modifier leur stratégie commerciale et à pratiquer eux-mêmes un commerce « en droiture », délaissant certains comptoirs et certains profits intermédiaires. En dernière analyse, ils ruinent à jamais le commerce et la culture du café au Yémen, les nations européennes s’empressant de créer des plantations dans leurs colonies, où une main-d’œuvre servile effectue à bon marché le travail de paysans libres, au Yémen.
L’arrivée des corsaires malouins provoque donc un bouleversement radical dans les relations commerciales européennes et dans l’équilibre économique de la péninsule arabique. La guerre de course en Mer Rouge, qui découle elle-même du conflit armé agitant l’Europe au début du XVIII° siècle, provoque la première véritable guerre économique moderne, qui se solde par la ruine de toutes les plantations du Yémen, par la déstabilisation du monde arabe et de l’empire ottoman et par la naissance en Europe d’un capitalisme impitoyable. La guerre économique, et son cortège d’abominations, va se propager au nord comme au sud. Cette course au profit ravage d’ailleurs le monde bien plus violemment que les corsaires. Voltaire dira, quelques décennies plus tard : « c’est à ce prix-là que vous mangez du sucre ». Et c’est à ce prix-là que l’Europe boit son café.
L’histoire du négoce du café pourrait sembler bien légère, au regard de celle du pétrole en notre temps, mais il ne faut pas la sous-estimer, elle est relative aux économies de l’époque, et la maîtrise de son commerce est un enjeu majeur pour les grandes puissances de ce temps. Les épices, le café, les teintures, les condiments et les onguents valent des fortunes sous l’Ancien Régime, et les commerçants italiens, portugais, hollandais ou anglais se sont toujours cassé les dents sur le monopole yéménite de ces denrées. Jusqu’au milieu du XVIII° siècle où l’Europe met un terme à cette situation en implantant la culture du café dans le Nouveau Monde et en se détournant des marchés de la Mer Rouge, pour le plus grand profit des puissances coloniales.
Orient et Occident : une fascination réciproque
Parler de l’expédition de Monsieur de la Merveille, c’est donc bien sûr parler d’aventure, de corsaires, de tempêtes et de marine à voiles. Mais au-delà de cette très sympathique approche - sur laquelle tous les enfants du monde ont rêvé, grâce à Daniel Defoë, Falkner, Louis Garneray ou Stevenson -, on trouve les prémisses de la violence du monde contemporain. Il y a aussi, comme lot de consolation, l’histoire d’une fascination réciproque entre Orient et Occident, et surtout l’histoire essentielle d’un rapport équilibré entre puissances étrangères, entre sphère européenne et monde arabe, avant les catastrophes irréversibles de la colonisation.
Les commerçants qui croisaient, au début du XVIII° siècle, dans les eaux de la Mer Rouge et de l’Océan Indien, étaient certes des aventuriers n’hésitant pas devant la violence. Mais dans leurs écrits, on note un réel respect pour les peuples rencontrés, un émerveillement et une curiosité parfois teintée de peur. On ne trouve en aucun cas cette forme désolante de racisme, cet esprit cynique de supériorité que révèleront, au XIX° siècle, les écrits de Tocqueville, de Saint Arnaud ou de Jules Ferry. Les voies de la diplomatie suivent celles du commerce et les voies de la culture suivent celles de la diplomatie. Dans ce commerce étonnant, on découvre des personnages étranges qui, de Marco Polo à Rimbaud, de Magellan à Bougainville, nous ouvrent les yeux sur le monde.
Ils sont négociants ou poètes, géographes, aventuriers, navigateurs, diplomates ou vagabonds, mais ils ont en commun de parcourir le monde, de le connaître, de le comprendre, sans que l’idée ne leur vienne de le dominer et de s’en saisir. À sa façon, Monsieur de la Merveille peut être révélateur des travers de notre temps. Tout au long de son périple, et malgré quelques coups d’éclat, il exprime face au monde qu’il découvre la hardiesse de ceux qui connaissent leurs atouts comme leurs faiblesses, et non l’arrogance de ceux qui ne pratiquent que le droit du plus fort.
On pourrait, grâce à Monsieur de la Merveille, refaire le conte de l’Arabie Heureuse, comme Galland avec ses Mille et une nuits, Montesquieu et ses Lettres persanes ou Voltaire et son Zadig. Ce serait un conte étrange. On n’y ferait ni danser les montagnes, ni s’enfuir la mer, ni tomber les étoiles, ni fondre le soleil comme de la cire. On parlerait des autres, de nous et de notre besoin commun d’égalité, de beauté et de justice.
RICHARD HAMON
Né en 1949 à Paris, Richard Hamon a étudié les Lettres à Paris VII. Après une Maîtrise et un Doctorat de 3e cycle à l'École Pratique des Hautes Études auprès de Gaétan Picton et Roland Barthes, il enseigne la Littérature et la Sociologie durant deux ans.
En 1977, il s'oriente vers la télévision, crée la société Prod etc. pour laquelle il réalisera une série de six films destinés au Ministère de la Santé, sur le thème de l'hospitalisation des enfants. Depuis le début des années 90, il réalise des documentaires sur des sujets politiques et historiques. Parmi ses réalisations marquantes Jim Thompson, le polar dans la peau (2011), Le Petit blanc à la caméra rouge (2007) qui relate l’histoire du tournage du film Afrique 50, Les Chevaux de la préhistoire (2004) qui a reçu le Grand prix du Festival international du film d’archéologie de Nyon ou Territoire de la douleur (1995) primé aux Entretiens de Bichat. Moka Malo le film d'animation sur la course au café est sorti en 2016.
La course du café
LES CLÉS DU MOYEN-ORIENT >>> Au début du 18è siècle, l’Europe découvre le café. Denrée rare, puisqu’elle n’est alors produite qu’au Yémen. C’est à Moka, sur les rives yéménites, que les commerçants européens doivent donc se rendre pour rapporter en France, en Hollande ou en Angleterre le grain de café, où il est déjà très prisé. Le film documentaire Moka Malo, réalisé par Richard Hamon, revient sur l’histoire d’une spoliation, celle du Yémen, au moment où s’entredéchirent les grandes puissances européennes.
FRANCE 3 BRETAGNE >>> En janvier 1708, deux frégates quittent Saint-Malo pour le Yémen, seule terre où le café est cultivé. Leur but : se lancer dans le commerce de cet or noir et casser le monopole des Néerlandais. Ce documentaire retrace le commerce de ces précieuses graines sur un peu plus de trois siècles.
10 août 2023 19:23 - Masse Danièle
Bonjour, j'ai lu en effet le livre de votre père et vu le film animé de Richard Hamon...
Livre passionnant à tous points de vue et travail de recherche énorme. Le citer aurait été la moindre des choses.
6 octobre 2020 03:15 - BROWN
Moka Malo est totalement réalisé partir du titanesque travail de mon père Jean Pierre Brown "Les Corsaires sur la Route du Café". Le manuscrit lui a été confié en 1993 et il a passé 13 ans à l'étudier pour en faire ce roman historique. Richard Hamon n'a même pas eu la décence de le citer et se présente aujourd'hui comme le réalisateur de ce projet. Un méchant plagiat de ta part Richard c'est pas joli joli... :)