Eostiged Ar Stangala
MON COSTUME GLAZIK
MON COSTUME GLAZIK
par Maud Calvet et Joachim Bouyjou (2018 - 52')
À Quimper, les Rossignols du Stangala créent Nask, l'histoire d’un loup qui accepte la domestication pour survivre, un spectacle qui interroge la danse traditionnelle bretonne.
Au-delà du portrait d’une troupe qui revisite la tradition depuis soixante dix ans, le film s'intéresse à nos réactions face au changement. Un questionnement propre à ces artistes amateurs confrontés à une évolution de leur discipline.
un film produit par >>> Candela productions et Le petit remorqueur
Pas question de folklore
Pas question de folklore
par Maud Calvet
La danse m’a accompagnée toute ma vie, qu’elle soit classique, contemporaine, populaire ou cancan. J’aime tout ce que la danse exige de ses interprètes : rigueur, travail, grâce et interprétations diverses. En 2016, lorsque j’ai rejoint les Rossignols (Eostiged Ar Stangala, troupe de danse bretonne du quartier de Kerfeunteun à Quimper), je savais que j’y trouverai ces exigences. Après mon expérience au Ballet National du Nord, je sous-estimais l’importance de la dimension humaine de cet art. J’ai découvert à Quimper une famille artistique soudée, dont les membres, d’horizons très différents, consacrent un temps fou au projet associatif et culturel de la troupe.
Cette famille est guidée par une équipe de chorégraphes ancrés avec qui il n’est jamais question de folklore. Ils ont secoué mes aprioris et ne cessent de mettre en regard leur pratique avec le monde tourmenté dans lequel nous vivons. Enfin, c’est la seule troupe de danse bretonne à marier danse, théâtre et arts de la rue.
La troupe existe depuis 1948 et les Rossignols ne cessent de faire parler d’eux : champions en titre de danse bretonne, ils ne se définissent pourtant pas comme un cercle celtique.
Fiers de l’héritage des anciens, ils se réapproprient leur culture pour la faire vivre et évoluer avec son temps : clichés bretons, déshumanisation du monde, jeunesse, espoir, légendes, tout y passe, avec une audace sans pareille ! Avec eux, cette danse devient ludique, fantasque et actuelle.
Un vent de modernisation souffle sur la danse bretonne, c’est cette autre facette que je veux mettre en lumière.
Ma rencontre avec eux a modifié ma trajectoire de documentariste. Depuis toujours sensible à la nature, j’évoluais jusqu’ici dans le monde des films environnementaux. C’est finalement la nature de l’Homme qui m’intéresse et les danseurs de Kerfeunteun sont les premiers dont je raconte l’histoire.
Pour un an, j’ai rangé mon costume de scène au patronage de Kerfeunteun et j’ai porté un regard sur mes camarades. Un an de l’intérieur de la troupe.
Mon costume glazik, celui que je transporte partout avec moi, est également porté par des infirmières, des marins, des ouvriers agricoles, des étudiants, des comptables. Ils font partie d’une aventure qui cherche à réinterpréter la tradition à partir d’une maîtrise de la danse traditionnelle. Pas d’athlète hors du commun, d’esthète ou d’intellectuel reconnu. Seulement monsieur et madame Tout-le-monde qui se passionnent pour quelque chose et y mettent les moyens, car ils n’oublient jamais que peu importe l’issue, seul compte le chemin parcouru.
Dans ce groupe, mise à part l’expérience qui fait que certains danseurs confirmés sont plus souvent sur scène que les novices dont je faisais partie, nous sommes tous égaux. Tribale, la force de la danse bretonne réside dans la puissance du groupe. On bouge en cadence, toujours symétrique, entre la Terre et le Soleil, entre l’Est et l’Ouest. Jamais seul, toujours avec les autres.
C’est sur le travail d’appropriation des chorégraphies contemporaines que ce film s’attarde : redéfinir la danse bretonne en tant que discipline artistique et donner une place de choix à l’expression du corps comme vecteur d’émotions.
Le film suit la création du spectacle Nask (le lien en breton), légèrement en retrait des danseurs pour mieux observer le groupe. Mon costume glazik met en lumière des jeunes danseurs amateurs qui laissent tomber leurs baskets pour faire preuve de détermination, d’un sens aigu du partage, de l’engagement associatif et surtout de capacités à se remettre en question.
Gwenaël et Orlane sont les guides de la troupe. L’un fédère son équipe de chorégraphes autour du projet qu’il a imaginé et s’interroge sur la danse qu’il veut créer aujourd’hui ; l’autre se questionne sur le sens de sa pratique et aime tout remettre en cause.
Une génération les sépare, mais l’un et l’autre, à travers leurs réflexions, sont le miroir de mon point de vue sur la danse bretonne. Sociale, elle est le siège de relations amicales durables, parfois tourmentées mais toujours ouvertes et éclectiques, de par les horizons sociaux très différents de ses membres. En équilibre entre tradition et modernité, elle subit toujours son image passéiste, véhiculée par ses détracteurs et ses adeptes immobilistes, qui passent à côté de transformations considérables, indispensables à la survie de ce type de danse.
En 2018, les Rossignols fêtent leurs 70 ans d’existence. 70 ans qu’ils tentent de faire bouger les lignes, d’innover, de créer. Leur volonté de toujours rester en phase avec leur époque m’amène à me questionner sur nos comportements, individuels et collectifs, face au changement. Évoluer, avec la vie, le temps, les mœurs qui changent, est un naturel. Mais face à l’éventualité d’une évolution trop rapide, trop contraignante vis-à-vis de l’état présent, comment réagissons-nous et pourquoi ? Certains choisissent de rester immobile, d’autres essayent de trouver leur place dans cette nouvelle ère qui s’offre à eux.
Les Rossignols se demandent régulièrement jusqu’où ils peuvent aller sans dénaturer la tradition. Je me questionne sur les choix que l’on fait parfois pour rester acteurs d’un monde qui ne nous ressemble pas forcément.
Nask parle d’une rencontre entre une meute de loups et un groupe d’hommes. J’utilise le loup du spectacle, qui choisit de s’humaniser pour trouver sa place dans un monde d’hommes, comme allégorie d’une danse bretonne montée dans le train de la modernité.
Le récit s’articule autour de la question du changement. Le changement est l’une des constantes de la vie. Que l’on soit prêt ou non, il arrive. Nous grandissons. Nous vieillissons. Certains savourent le changement ; d’autres y résistent. Comment réagissons-nous quand tout change autour de nous, indépendamment de notre volonté ?
Les héros du Stangala
Les héros du Stangala
L’énergie débordante de Gwen contraste avec la nonchalance d’Orlane, hésitante, qui se cherche. C’est dans l’action que le chorégraphe se révèle être un incroyable meneur d’hommes. Il est déterminé à faire changer les mentalités sur sa danse et entraîne dans son sillage ceux qui, comme Orlane, ont soif de projets et d’aventures humaines. Ce duo créatif et autocritique reflète l’originalité et l’inventivité de la troupe.
Orlane Méhu est l’héroïne du film, celle qu’on souhaite voir triompher de tous les obstacles. Elle représente la fougue de la jeunesse, le rêve d’un avenir radieux, l’espoir de trouver un jour notre place dans le monde.
En racontant l’histoire d’Orlane avec la danse, nous hissons haut les couleurs d’un monde humaniste qui n’a pas fini de nous faire rire et de nous attendrir. Cette belle rouquine étudie l’histoire à la fac de Brest. Danseuse depuis de nombreuses années, elle se questionne pourtant quant à sa pratique. Elle n’a pas baigné dans la culture bretonne et c’est par hasard, en spectatrice des Rossignols, qu’elle est tombée sous le charme de la troupe. Elle adore d’ailleurs raconter à qui veut l‘entendre qu’elle “n’aime pas trop” la danse bretonne ! Au-delà de la prouesse physique ou de l’interprétation d’un personnage, c’est une sincérité pure que Gwen demande. Désireuse de repousser ses limites, elle trouve ainsi le chemin qui l’amène à la justesse sur scène, comme dans la vie. Elle fait preuve de maturité quant à sa pratique et aime philosopher sur ce qui l’attire tous les vendredis à Kerfeunteun. Elle concède que c’est surtout pour y retrouver ses amis, sa “famille”, qu’elle aura du mal à tourner un jour la page.
Bien occupée la semaine (et le week-end, car elle travaille), elle arrive souvent en retard aux répétitions... Fatiguée, parfois paumée dans les études, elle garde pourtant le rythme et vient toutes les semaines recharger ses batteries au contact des autres.
Gwenaël Le Viol est à la fois le gourou et le tyran, celui qu’on admire mais que l’on craint parfois. Il peut pousser ses danseurs jusqu’au bord de leurs gouffres intimes. Il intellectualise la danse et l’actualité pour poser des questions que certains danseurs ne se posent pas : qu’y-a-t-il encore d’animal en eux ?
Il permet au spectateur de se poser d’autres questions : qu’est-ce que du folklore ? Peut-on tout dire par la danse ? Sommes-nous égaux ? Résolument contemporain, Gwen s’attaque à ce qui gratte, ce qui dérange et qu’il ne faut surtout pas dévoiler... Gwen fait partie de la famille de Kerfeunteun depuis toujours (son père y dansait). Chorégraphe depuis le début des années 2000, ce responsable marketing au physique élancé, fait partie de ceux qui ont dansé dans les règles de l’art traditionnel, le petit doigt en l’air. Avec l’adaptation de la danse bretonne à la scène, un immense terrain de jeu apparut sous ses yeux. Porté depuis par ce désir de création toujours plus fort, il tire la troupe au plus haut mais également au plus juste. Comment tirer le meilleur des interprètes, les convaincre de ce qu’il leur demande ? Véritable coach, il porte le groupe sur ses épaules bien qu’il aime rappeler que sans les autres membres, il ne pourrait rien. Il veut être au courant de tout, tirer les ficelles, mais travaille aussi à mener la barque avec respect et pédagogie.
Complice de Gwen, c’est Isabelle Quintin qui transmet les connaissances traditionnelles aux interprètes car sans maîtrise parfaite, pas de fantaisie permise. Soucieuse de pouvoir donner aux danseurs les clés de la réussite, elle ne laisse rien passer.
Cette belle brune, formatrice pour adultes s’inquiète toujours de savoir si les danseurs ont bien saisi les nuances qu’elle décrit dans la danse. Elle est un peu la maman des danseurs et c’est à elle qu’ils doivent rendre des comptes s’ils ratent une répétition ! Chaleureuse, elle a un mot gentil pour chacun et cherche toujours à savoir comment vont les enfants des uns, où en sont les projets des autres. Douce, elle élève rarement la voix, discrète, elle est les yeux de Gwen quand certains couacs dans les chorégraphies lui échappent.
Xavier Le Vigouroux, chorégraphe aux Rossignols, a participé à la création de la danse des loups (1e partie du spectacle) avec Sylvie et Orlane. Plus "traditionnel" que ses collègues, il danse depuis longtemps au sein de la troupe et veille à ne pas trop s'éloigner des styles originels et de ne pas les dénaturer.
Sylvie Marrec est chorégraphe également, mais ne danse plus depuis 2012. Professeur d'EPS en collège, elle est très sensible à la danse contemporaine et à la danse contact. Elle participe aux réunions qui permettent de faire éclore le projet de spectacle.
MAUD CALVET et JOACHIM BOUYJOU
MAUD CALVET et JOACHIM BOUYJOU
Née dans le Nord-Pas-de-Calais, Maud Calvet s’intéresse très tôt à la danse, au théâtre et à la musique. Plus tard, elle l’oriente vers un cursus universitaire scientifique en lien avec sa sensibilité pour la nature. Sa licence de biologie en poche, son envie de raconter des histoires et de partager ses connaissances avec le plus grand nombre la guident vers le Master «réalisation documentaire» de l’Université de Poitiers. Sensible au son, elle aime écouter et collecter les témoignages que ses interlocuteurs veulent bien lui confier. Au contact des uns et des autres, c’est finalement vers les histoires humaines que son parcours la pousse, d’une ferme du bocage à la porte du patronage de Kerfeunteun.
Après avoir passé une partie de son enfance au Burundi, Joachim Bouyjou revient en métropole. Son goût pour le voyage et les rencontres l’emmènent aux quatre coins du monde à la découverte de cultures très différentes les unes des autres. Toujours une caméra au poing, il filme ses rencontres et rentre au pays avec l’envie de témoigner de ces aventures qui ont formé sa jeunesse. Il s’engage dans le Master « Réalisation documentaire » de l’Université de Poitiers et y expérimente une fiction et un documentaire qui font la part belle à des personnalités singulières, drôles et attendrissantes. Curieux d’en savoir plus sur ses voisins bretons, il a suivi Maud dans le Finistère à la rencontre des Rossignols.
Les Eostiged ar Stangala, 70 ans et pas une ride !
Les Eostiged ar Stangala, 70 ans et pas une ride !
OUEST FRANCE >>> La classe, ça n'a pas d'âge. L'ensemble de danse celtique de Kerfeunteun, les Eostiged ar Stangala sont peut-être ceux qui résistent le mieux au difficile renouvellement de la culture bretonne. Les rossignols fêtent, cette année, leurs 70 ans. 70 ans d'un savant mélange de tradition et de modernité, de professionnalisme et de lâcher-prise, d'histoire et de jeunesse.
Agence Bretagne Presse >>> Les danseurs d'Eostiged ar Stangala, champions, encore ! Le thème imposé : la gavotte pourlet. Ambiance années 30, années jazz, jupes et pantalons pour les filles, chemises blanches, casquettes et bretelles pour les gars. Chorégraphie réglée au millimètre, musiciens et chanteurs en phase, un plaisir pour les yeux et les oreilles. De l'énergie, de la jeunesse, de la créativité !
4 décembre 2021 12:23 - Leau
Très beau spectacle
2 décembre 2020 20:27 - jeusse
très beau spectacle
2 décembre 2020 19:27 - TORRESAN
de très beaux costumes pour un bon spectacle
2 décembre 2020 15:34 - VIROT
Beaucoup de travail pour ce magnifique spectacle.
2 décembre 2020 14:19 - ROY
Très beau à regarder
2 décembre 2020 11:33 - DARLET
Super intéressante cette page et les costumes quel travail !
2 décembre 2020 10:06 - thierry jacqueline
le costume est très coloré
2 décembre 2020 09:46 - Grejon cecile
Tres bon spectacle à revoir
2 décembre 2020 09:43 - goudédranche monique
Les broderies sont magnifiques