Par-delà la peur
Avec la libération de Mortaza, la lumière est revenue dans mon monde et la vie peut désormais recommencer. Après deux cent quatre-vingt quatre jours d’emprisonnement les juges de la cour criminelle de Kaboul ont prononcé son acquittement de toutes infractions, dont l’espionnage, qui lui étaient reprochées. Pendant neuf mois, ses amis douarnenistes s'étaient mobilisés pour sa libération dans laquelle Reporters sans frontières a joué un rôle de premier plan.
De retour en France, Mortaza Behboudi, 29 ans, va pouvoir reprendre des forces après cette plongée dans l'enfer taliban et poursuivre son travail de journaliste, témoin du sort des réfugiés comme ceux entassés sur l’île de Lesbos en Grèce, qu'il avait filmés en 2020 dans un documentaire produit par Tita B, Moria, par-delà l’enfer, fabriqué avec la complicité de la team douarneniste.
Les Talibans retiennent Mortaza Behboudi
Les Talibans retiennent Mortaza Behboudi
Le journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi, qui a fait de Douarnenez sa ville de cœur, a été arrêté le 7 janvier 2023 à Kaboul par les autorités afghanes alors qu’il s’apprêtait à récupérer son accréditation presse. Ne pouvant la présenter, il est accusé d’espionnage. Ce n’est pas la première tentative d’intimidation à son encontre, mais aujourd'hui, les médias français sont solidaires et mobilisés pour exiger sa libération immédiate. Très attaché à la Bretagne et investi notamment auprès des jeunes, c’est tout naturellement qu’un comité de soutien composé de plus de 200 personnes a vu le jour à Douarnenez. Avec Reporter sans frontières, une pétition en ligne a été lancée pour appuyer la demande de libération de Mortaza Behboudi. Un lâché de cerf-volants, symbole de la liberté en Afghanistan, aura également lieu le 16 avril 2023 à Douarnenez à l'occasion du centième jour d'emprisonnement de Mortaza.
Le 18 octobre 2023 Mortaza Behboudi a été libéré et acquitté par la justice afghane.
MORIA, PAR-DELÀ L’ENFER
MORIA, PAR-DELÀ L’ENFER
de M Behboudi et L Monroe (2020 - 48’)
Moria, le plus grand camp de réfugiés d’Europe est devenu un gigantesque bidonville. Quand sonne l’heure du confinement, les réfugiés se sentent abandonnés. C’est le moment que choisit le père Maurice Joyeux pour y retourner, accompagnant les personnes, soutenant les forces vives, jusqu’à ce qu’un feu réduise en cendres cet enfer.
>>> un film produit par Laurence Ansquer, Tita Productions
Survivre dans cet enfer
Survivre dans cet enfer
par Laurence Monroe
En 2020, la pandémie poussait au repli sur soi. Lors du confinement, il m’a semblé urgent de m’ouvrir, de rester en lien avec certaines personnes, dont Maurice Joyeux, lui-même très proche des réfugiés de Lesbos. Nous sommes amis depuis 30 ans ! Quand il a commencé à donner l’alerte pour faire évacuer le camp de Moria, je me suis employée à relayer ses appels. C’est alors que je suis entrée en communication avec Mortaza Behboudi, jeune journaliste Afghan qui a lui-même connu Maurice Joyeux alors responsable du service jésuite des réfugiés à Athènes. Tous deux ont fait ce choix fort d’aller se confiner à Lesbos, pour se rendre proches des réfugiés qu’ils savaient abandonnés. Cela m’a touchée.
Nous étions en communication quasi quotidienne quand il nous est apparu que l’évacuation n’aurait pas lieu. Je recevais tous les jours leurs vidéos et j’étais mise en lien avec certains réfugiés enfermés dans le camp. Comment allaient-ils tenir, eux, mais aussi les réfugiés ?
On ne tient pas tout seul en enfer. Et ce n’est pas tout seul que Maurice pouvait aider les uns et les autres. Un réseau d’amis s’est mobilisé pour aider à aider les réfugiés du mieux qu’ils pouvaient. Tandis que Mortaza filmait pour dénoncer la situation, j’avais envie de filmer la manière de faire de Maurice, de filmer les personnes sur qui il s’appuyait dans le camp. Je me suis dit qu’en cette période de trouble et de peur, il serait précieux de contempler ce qui aide à tenir dans des situations aussi extrêmes. En parlant de la réalité des camps, notre film pouvait dès lors avoir une portée plus universelle. Et quand le feu a réduit le camp en cendres, nous nous sommes dit : c’en est fini de l’enfer. Ce n’est plus possible. On doit en finir avec ces camps !
Mortaza Behboudi
Mortaza Behboudi
Mortaza Behboudi est un journaliste réfugié en France depuis 2015. Il naît dans la province afghane de Wardak en 1994, dans une famille qui appartient à la minorité Hazara, durement persécutée en Afghanistan. Après la prise de pouvoir des Talibans en 1996, ils fuient en Iran où ils ne sont pas mieux acceptés et considérés. Arrêté à quinze ans par les gardiens de la Révolution alors qu’il photographiait une manifestation après les élections contestées de 2009, Mortaza Behboudi décide de retourner dans son pays natal en 2012, pour y suivre des stages dans les médias locaux. Mais il est rapidement confronté aux limites du journalisme en Afghanistan : intimidation, menace, censure…
Après avoir été arrêté et manqué de peu d’être exécuté pour son enquête sur le trafic d’opium, il part en France en 2015, où il vit un temps dans la rue avant d’être accueilli par la Maison des journalistes. Il reprend des études à la Sorbonne, apprend le français et collabore avec Médiapart, Ouest-France, Libération, Arte, Radio France… Breton d’adoption, il obtient la nationalité française en 2020. À la même période, il commence à s’intéresser au sort des migrants dans les camps de réfugiés à travers le monde, de la Grèce à l’Iran en passant par le Groenland. Avec le retour des Talibans en Afghanistan, il retourne plusieurs fois dans son pays en tant que fixeur pour des journalistes français ou pour ses propres reportages. Il obtient en 2022 le prix Bayeux des correspondants de guerre et le prix Varenne. Il crée également le site Guti, un média et de réflexion autour de l’exil et de l’immigration avec des confrères exilés.
Depuis le 7 janvier 2023, il est retenu par le régime des Talibans, qui l’accuse d’espionnage.
Le 18 octobre 2023, RSF annonce la libération de Mortaza et son retour prochain en France.
Informer au péril de leur vie
Informer au péril de leur vie
LE MONDE >>> La décision vient de tomber après deux cent quatre-vingt quatre jours d’emprisonnement , s’est réjouie RSF dans un communiqué : Lors d’une audience de la cour criminelle de Kaboul, ce jour, les juges ont prononcé son acquittement de toutes infractions, incluant l’espionnage ...
FRANCE INFO >>> L’incompréhension et l’inquiétude grandissent de jour en jour après l’arrestation du journaliste Mortaza Behboudi le 7 janvier 2023. Sur les réseaux, le #FreeMortaza se développe pour faire connaître son histoire et exiger sa libération.
LIBÉRATION >>> La mobilisation autour du journaliste Franco-Afghan Mortaza Behboudi ne faiblit pas.
REPORTER SANS FRONTIÈRES >>> Un attentat à la bombe a frappé une cérémonie en l’honneur de la presse à Mazar-e Charif, le 11 mars, tuant au moins deux journalistes et en blessant quinze autres.
LA CROIX >>> Être journaliste en Afghanistan est un acte de résistance. Le secrétaire général de RSF revient sur le retour des Talibans en Afghanistan et sur cette première année très dure pour la population et les journalistes, notamment les femmes.
15 mars 2024 15:56 - Yvon
Terrible , insoutenable
5 mai 2023 13:06 - Gildas
Très touché par ce documentaire , par ces témoignages bouleversants. Je sui prof de FLE , bénévole dans une association de migrants depuis 4 ans. Plusieurs d'entre eux m'avaient parlé de ce camp.
24 avril 2023 11:37 - Monroe Laurence
Soutenons l’epouse de Mortaza et obtenons sa liberation en martelant ce hashtag:#FreeMortaza sur twitter
Et #Journalismisnot a crime
Ce 24 avril nous avons fêté ses 29 ans devant l’ambassade d’Afghanistan et remis une lettre a l’ambassadeur.