Paul Sérusier, un prophète
C’est en Bretagne que le mouvement Nabi voit le jour, quand Paul Sérusier y rencontre, entre Quimper et Pont-Aven, Émile Bernard et Gauguin. Avec lui, il apprend à se détacher de la réalité pour suivre son instinct et à la représenter à sa manière. Un groupe de peintres se forme autour de ce genre novateur, parmi lesquels Pierre Bonnard, Ker-Xavier Roussel, Paul-Élie Ranson, Édouard Vuillard, Georges Lacombe…
Nabi signifie prophète en Hébreu, un terme choisi pour sa connotation spirituelle et de renouveau esthétique. En rupture avec l’impressionnisme, le mouvement prône un retour à l’imaginaire et à la subjectivité au moment où la photographie s’impose comme un nouveau mode de représentation du monde.
Ce sujet nous donne l’occasion d’en savoir plus sur ces artistes pour qui la Bretagne, ses lumières et ses paysages, ont été une indéniable source d’inspiration.
La Bretagne magnétique
La Bretagne magnétique
À la fin du 19e siècle, le peintre George Lacombe étoffe son trait au milieu des paysages bretons, puis rejoint le mouvement Nabi et devient l’élève de Gauguin. Pendant une dizaine d’années, il retourne régulièrement au bord de l’océan Atlantique et capture cet horizon sauvage. À travers ses peintures puis ses sculptures, il célèbre la Bretagne, sa nature et ses habitants. (2022 - 14')
De Paul Gauguin à l’école de Pont Aven
De Paul Gauguin à l’école de Pont Aven
En 1886, Gauguin part loin de Paris où il suffoque, à la recherche de la pureté, de la sincérité. La Bretagne lui semble alors l’endroit idéal pour trouver l’inspiration. Elle offre, à moindres frais, au bout du chemin de fer, un dépaysement culturel (la langue, les costumes traditionnels, la ferveur catholique teintée de croyances populaires...). Très vite, la petite ville de Pont-Aven en Finistère devient, sous son influence, l’un des centres artistiques les plus en pointe de France. Un groupe de jeunes gens se forme autour de lui : Paul Sérusier, Maurice Denis, Émile Bernard… Beaucoup de ces artistes sont à la recherche d’un nouveau souffle, d’une conception nouvelle de l’art. Les paysages du Finistère, les hommes qui y vivent et la lumière si particulière de la pointe de la Bretagne leur inspirent de grands aplats de couleurs vives, des contours et des formes simplifiés.
LES NABIS
Disciples de Paul Gauguin, les Nabis sont d’abord ces jeunes peintres symbolistes passionnés d’ésotérisme et de spiritualité. Formés à l’Académie Julian à Paris, ce club d’artistes se nomme les Nabis (prophètes en Hébreu), un terme qui traduit leur quête spirituelle et de renouveau esthétique. Le mouvement post-impressionniste prône un retour à l’imaginaire et à la subjectivité.
C’est en Bretagne que tout commence lorsque Paul Sérusier fait la connaissance d’Émile Bernard et de Paul Gauguin. Ce dernier, qui a inventé le synthétisme, lui donne une leçon de peinture : il lui apprend à se détacher de la réalité pour suivre son instinct et à représenter, à sa manière, le réel. Faisant part de cette découverte capitale à ses camarades parisiens, les jeunes artistes suivent alors cette voie. Choisissant le nom de Nabis, ils se distinguent parmi les nouvelles avant-gardes de leur temps, en particulier les néo-impressionnistes (Seurat, Signac). Se revendiquant symbolistes, ils développent un intérêt pour le spiritisme et la théosophie. Au fil du temps, le renouveau passera par l’usage libéré des couleurs et de l’espace pictural. Refusant tout illusionnisme, toute perspective, ils se placent sous la bannière de Maurice Denis, qui énonce, en 1890, qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. Selon eux, ce qui guide l’œil du peintre, ce n’est pas la nature mais bien l’esprit de l’artiste. De plus, tous cultivent une grande admiration pour les estampes japonaises et revendiquent le droit de la peinture à être décorative. Ils travaillent ainsi dans divers domaines, comme l’illustration ou le théâtre. Le groupe parisien est rejoint par certains artistes étrangers : le Suisse Félix Vallotton, le Hollandais Jan Verkade, le Hongrois József Rippl-Ronai… Les Nabis accueillent aussi Aristide Maillol et le sculpteur Georges Lacombe. Le groupe éclate vers 1900 où chacun s’engage dans une voie plus personnelle.
(source : beauxarts.com)
Paul Sérusier
Paul Sérusier
Paul Sérusier est un peintre symboliste français et l'un des initiateurs du mouvement des Nabis. Il naît à Paris dans un milieu aisé. Paul fréquente le lycée Condorcet à partir de 1875 et y fait de brillantes études, obtenant en 1882 un baccalauréat de philosophie et en 1883 un baccalauréat de mathématiques. En 1885, il intègre l'Académie Julian, une école privée parisienne de peinture et de sculpture créée par le peintre Rodolphe Julian. La petite ville bretonne de Pont-Aven est à cette époque un centre d'attraction pour beaucoup de peintres français ou étrangers. Sérusier y passe l'été de 1888 en famille et rencontre des artistes, parmi lesquels Paul Gauguin. Gauguin influence immédiatement Sérusier qui s'éloigne du réalisme et utilise des couleurs plus vives. Il revient à Paris avec un tableau, baptisé Le talisman, inspiré par Gauguin, et transmet son enthousiasme à ses condisciples de l'Académie Julian. (source : rivageboheme)
Georges Lacombe
Georges Lacombe
Issu d’une famille aisée, Georges Lacombe fréquente la société versaillaise et passe ses étés en Bretagne. En 1892 il rencontre Paul Sérusier et rejoint le groupe des Nabis. À l’abri des soucis financiers grâce à son mariage avec Marthe Wenger, le peintre ne cherche jamais à vendre ses œuvres. Il s’installe en 1997 au château de l’Ermitage dans l’Orne et enseigne occasionnellement la sculpture à l’Académie Ranson. À partir de 1899, il accueille son ami Ranson dont la santé s’est dégradée. À sa mort, Lacombe sculpte son buste et entame une série de bustes de ses amis nabis. Lors de la Première Guerre mondiale, faute de pouvoir s’engager, il se porte volontaire à l’hôpital d’Alençon où il contracte la tuberculose et meurt le 29 juin 1916.
Petit mouvement, grands effets
Petit mouvement, grands effets
LES NABIS >>> Le terme Nabi en occident a été traduit par prophète, illuminé ou encore celui qui reçoit les paroles de l’au-delà, l’inspiré de Dieu. Bref, comme un initié qui voit ce que l’homme ne voit pas et veut réveiller le monde et affirme la spiritualité dans l’art.
CONNAISSANCE DES ARTS >>> Héritiers de Gauguin, inspirés par l'estampe japonaise et l'art médiéval, ils aspirent à un renouveau esthétique qui passe par la libération de l'espace et des couleurs et les conduit à abolir la frontière entre les beaux-arts et les arts appliqués. Mais qui sont les prophètes de cet art d'avant-garde, éminemment spirituel ? De Ker-Xavier Roussel à Paul-Élie Ranson, petite revue de ces peintres marginaux.
PAUL GAUGUIN EN BRETAGNE >>> Deux époques ont marqué la vie de Paul Gauguin, la Bretagne et les Marquises, où il repose. À Quimper, André Cariou a présenté en 2003 une exposition consacrée aux peintres de Pont-Aven et, en particulier, à Gauguin. À cette occasion, Alex Décotte est parti sur les traces du peintre à Pont-Aven, à Quimper, au Pouldu.
TÉLÉRAMA >>> Pierre Arditi, fils de peintre, nous fait (re) découvrir Émile Bernard, compagnon de route de Paul Gauguin jeté un peu vite aux orties. Le comédien a choisi un autoportrait signé Émile Bernard, réputé pour son caractère prononcé, compagnon de route de Paul Gauguin, lequel lui vola la vedette et son style, fait de couleurs vives et de formes cloisonnées de noir.
29 mars 2024 22:03 - Chantal Allen
Magifique de nuances et d’évocations qui laissent le spectateur imaginer la vie et les motivations de l’artiste