La jeune fille et la mort

agneau en sang - nous la mangerons c est la moindre des choses

Voici un film en prise directe avec la réalité, celle d’une jeune femme qui élève un troupeau de brebis, faisant corps avec lui, partageant son quotidien. Nous découvrons ainsi comme jamais la singularité de ces bêtes, nous les sentons vivre, se plaire ou s’inquiéter, car en ces verts pâturages la mort rôde. Elsa Maury, la jeune réalisatrice du film, saisit cela avec une acuité et une sensibilité rares, se mettant à la place de Nathalie dans son sacerdoce pastoral. Le film est ponctué par des réflexions que se fait la bergère, écrites à l’écran comme autant d’extraits d’un journal intime.

Ce que raconte Nous la mangerons, c’est la possible conciliation entre élevage et respect de l’animal. L'agrobusiness n’est pas la voie désirable, ni pour les animaux ni pour les hommes, car il est évident que l’abjection à l’œuvre dans les élevages et les abattoirs industriels est la même que celle qui gangrène la société des hommes.

Une page KuB en partenariat avec la SCAM et le festival Vrai de Vrai !

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BANDE ANNONCE

NOUS LA MANGERONS c'est la moindre des choses

d’Elsa Maury (2020 - 67’)

Retrouvez ici la bande annonce de cette oeuvre (les droits de diffusion sur KuB sont arrivés à échéance).

NB : des scènes peuvent heurter la sensibilité du public.

Nathalie, bergère dans le Piémont cévenol, apprend à tuer ses bêtes. Le film suit les gestes d’une éleveuse qui aime et qui mange ses moutons avec attention. Elle est prise sans relâche dans une interrogation à propos des manières de bien mourir pour ces êtres qui nous font vivre. Quel goût a la tendresse?

>>> un film produit par le Centre vidéo de Bruxelles

Récompense :
Étoile de la SCAM 2022

INTENTION

La co-dépendance du troupeau et de l’éleveuse

par Elsa Maury

mouton et couteau - nous la mangerons

Les raisons qui m’ont poussées à faire ce film sont à la fois personnelles, historiques et culturelles. La controverse concernant l’abattage des animaux d’élevage, le débat mé­diatique né de la diffusion de vidéos dans les abattoirs a eu pour mérite de ramener le problème au centre de nos assiettes : la consommation de chair animale n’a rien d’anodin.
Dans ce film je pose un regard curieux et complice sur la pratique de Nathalie, une bergère. Comment elle tue des animaux auxquels elle tient, des bêtes qu'elle a choyées ? Je m’intéresse aux techniques, qu’elles soient matérielles ou émotionnelles, qui lui permettent de bien faire. J’ai fait le choix de suivre Nathalie parce qu'elle est jeune et que pour elle rien n’est évident. Elle travaille sans bergerie et sans compléments alimentaires. Le fait qu’elle doive tous les jours faire pâturer ses bêtes change la relation au troupeau. Il ne s’agit plus de fabriquer des ressources nutritives dans une logique d’engraissement, mais de vivre avec elles. Sa vie est rythmée par leurs besoins, les saisons, leur confiance, la météo, les pâturages du milieu dans lequel elles évoluent…


J'ai voulu faire corps avec la pratique de Nathalie, en m’attardant sur sa manière de converser corporellement avec les animaux, et de les manger, jusqu’au bout. L’enjeu du film est de donner à voir des modes d’existences ovines, caprines, rapaces, parasites et humaines qui dépendent les unes des autres. Autant de manières d’intriquer des vies humaines et animales.

En optant pour l’immersion j’ai fait le choix de l’accompagner, de la soutenir dans son activité par ma pré­sence, de nombreux coups de mains et mon regard, plutôt que de l’interroger frontalement. Le récit que je porte dans le film n’est pas uniquement le mien, mais d’une certaine manière le nôtre, puisqu’il reprend des textes que Nathalie m’a envoyé. Elle me tient au courant des événements qui se passent dans son élevage : en m’intéressant à ses bêtes, à leurs liens filiaux, leurs caractères je suis ren­trée dans l’intimité du troupeau. Le film vise à suivre l’expérience d’un personnage singulier, familier, qui se confronte courageusement aux questions de comment tuer des animaux qui lui importent.

BIOGRAPHIE

Elsa Maury

portrait Elsa Maury

Elsa Maury est née en 1987 à Céret, dans les Pyrénées orientales. Elle est plasticienne et chercheuse en arts plastiques. Son travail porte sur des formes de récits articulés à l’écologie pragmatique (philosophie et anthropologie), avec une attention particulière pour les êtres non-humains. Nous la mangerons, c’est la moindre des choses est son premier film. Il a été réalisé dans le cadre d’une thèse en arts et sciences de l’art. Le film a remporté plusieurs prix dont le Prix du jury au festival En Ville ! et l’Étoile de la Scam 2022.

REVUE DU WEB

Un film qui bouscule

POINT CULTURE >>> Elsa Maury prend à rebours les enjeux éthiques et environnementaux dans une démarche qui fouille la chair au cœur des disciplines de l’anthropologie et de l’éthologie.

TCHAK >>> Elsa Maury revient sur son expérience de tournage du film, son choix de Nathalie et son rapport aux animaux et à la mort.

YOUTUBE >>> Débat avec Elsa Maury sur son film et les questions philosophiques, sociétales et éthiques qu’il soulève.

COMMENTAIRES

  • 21 février 2023 12:40 - Christine

    Merci et bravo pour l'émotion transmise.

  • 10 janvier 2023 11:52 - Le Priellec

    beau documentaire Merci

CRÉDITS

avec Nathalie Savalois

réalisation, images et son Elsa Maury
texte Nathalie Savalois

images additionnelles Martin Flament, Christian Tessier

son additionnel Marc Siffert, Willy Boutet, Galaad Germa, Loïc Villiot

montage Pauline Piris-Nury, Geoffroy Cernaix

montage son Marc Siffert

mixage François Aubinet

étalonnage Mathieu Cauville, Dame Blanche

production Cyril Bibas et Marc Jottard

coproduction Chuck Productions, L'Atelier cinéma du GSARA, Le Centre de l’Audiovisuel à Bruxelles

avec le soutien de la Région Occitanie

avec l’aide du fonds de la recherche scientifique (F.R.S-FNRS), de la bourse de l’atelier de production Gsara, de la bourse Brouillon d’un rêve de la Scam et celui de la Sacem pour la musique originale

Artistes cités sur cette page

portrait Elsa Maury

Elsa Maury

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