La preuve par l'image
Fin 1945 commence à Nuremberg le procès des dignitaires nazis, posant ainsi les fondations d’une justice internationale cherchant à objectiver le rôle de chacun dans les abominations commises. Dans ce but, et pour contrer le déni voire l’amnésie des accusés, les archives cinématographiques sont mises à contribution pour une reconstitution judiciaire par écran interposé. Les Allemands avaient massivement utilisé le cinéma, non seulement pour leur propagande mais aussi pour documenter leur œuvre, et notamment l’extermination des juifs.
De cette recherche de preuves dans les ruines du Troisième Reich, Jean-Christophe Klotz tire un récit passionnant, se tenant au plus près des frères Schulberg qui, sous la conduite de John Ford, ont mis à disposition de la justice les images qui font foi.
Que se passait-il sous le règne de la terreur nazie ? Un concours d’horreurs au sommet duquel se trouvent les images tournées dans le ghetto de Varsovie. D’un point de vue juridique, il n’était possible de produire au tribunal que des documents tournés et montés par les Nazis, qui ne puissent être suspectés d’être arrangés à des fins partisanes en faveur des Alliés. Nuremberg, des images pour l’histoire nous replace dans ce moment historique dont nous devons garder la mémoire car l’on peut voir dans ce film les forces à l’œuvre pour la tordre et l’annihiler, et ces forces sont sans frontières géographiques ni idéologiques.
Une page KuB en partenariat avec la SCAM et le festival Vrai de Vrai
NUREMBERG, DES IMAGES POUR L’HISTOIRE
NUREMBERG, DES IMAGES POUR L’HISTOIRE
de Jean-Christophe Klotz (2020 - 58’)
Été 1945. La guerre se termine. Le grand réalisateur John Ford, patron de la Field Photographic Branch, l'unité spéciale chargée de filmer la guerre du point de vue de l'armée américaine, confie à deux jeunes frères, Budd et Stuart Schulberg la mission de pister et rassembler les archives des crimes nazis, films et photos, qui vont servir de preuves contre les 24 dignitaires du régime qui doivent être jugés à l'automne au procès de Nuremberg.
Le film dévoile les coulisses de cette mission très spéciale, tout en questionnant en profondeur le processus d'écriture de l'histoire.
>>> un film produit par Paul Rozenberg et Céline Nuss de Zadig production et Sandra Schulberg
Récompense:
Étoile de la SCAM 2022
THE NAZI PLAN
THE NAZI PLAN
Le centre Robert H. Jackson diffuse, en version originale, une partie des cinq heures de films nazi compilés par les frères Schulberg et diffusés lors du procès de Nuremberg. Le film se découpe en quatre parties : l'émergence du parti Nazi, l'arrivé au pouvoir du parti, la préparation de la guerre d'invasion et, finalement, la guerre.
Le centre a pour vocation de préserver l’héritage de Robert H. Jackson, le procureur général du procès de Nuremberg.
Ils interviennent donc dans le domaine de l’éducation et de la justice, en organisant des débats, en finançant des travaux de recherche ou en organisant des expositions, notamment sur le procès de Nuremberg.
Revisiter cette matière historique
Revisiter cette matière historique
par Jean-Christophe Klotz
L’histoire que j’ai souhaité raconter à travers ce film documentaire croise la plupart des thèmes que j’explore film après film. L’histoire comme matière vivante, la question éminemment politique de sa mise en récit ; et le cinéma comme lieu de partage et d’expérience intime, de transmission. La matière charriée par ce nouveau projet est immense, profonde, intimidante. Pour autant, ce n’est pas l’histoire du procès de Nuremberg que ce film raconte, mais l’histoire du film des frères Schulberg. Un film réalisé dans des conditions extrêmes, au cœur de l’Europe dévastée, avec d’immenses contraintes (temps, pressions politiques, danger physique...). Un film qui fut finalement passé sous silence pour des raisons politiques, un film perdu, puis retrouvé, restauré, et enfin prêt à être rendu au monde. Une petite histoire au regard de celle de la Seconde Guerre mondiale, mais aux résonances essentielles à mes yeux, et qui se situe elle-même dans ce qu’on a l’habitude de nommer la Grande Histoire.
Pour la raconter, j’ai bénéficié d’un formidable atout : la proximité depuis deux générations entre la famille Schulberg et la mienne. Stuart Schulberg, devenu responsable pour l’Europe du service cinéma du plan Marshall a été le patron de mon père, monteur de films. D’abord en Allemagne puis aux États-Unis, lorsque Stuart a produit le beau film de Nicholas Ray, La Forêt interdite, dont mon père a assuré le montage. Sandra Schulberg, sa fille, est une amie proche, qui m’a permis d’avoir accès à des archives inédites et des informations de première main sur cette histoire à laquelle elle a consacré plus de dix ans de travail. Pour autant, elle a eu la délicatesse de me préciser que ce nouveau projet était bien mon film, qu’elle souhaitait y être associée sans pour autant restreindre ma liberté artistique et éditoriale.
Ainsi, à l’occasion du 75e anniversaire du procès de Nuremberg, mon ambition était de revisiter cette matière historique en soulignant son aspect vivant, mouvant. L’histoire du film des frères Schulberg est un fil conducteur pour observer et réfléchir sur la façon dont l’histoire se constitue.
Je voulais aussi que ce film soit romanesque, à travers l'épopée des deux frères Schulberg et de leur film perdu, et enfin retrouvé.
Jean-Christophe Klotz
Jean-Christophe Klotz
Jean-Christophe Klotz choisit tout d'abord la voie du journalisme. Il exerce pendant une dizaine d'années le métier de reporter, avant d'évoluer vers celui de documentariste. Sa spécialisation dans l’investigation politique, qui fait suite à des années de grand reportage pour différentes agences de presse le conduit au Rwanda, où il est confronté à l’horreur du génocide. Il tire de son expérience deux longs métrages, Kigali, des images contre un massacre, et Lignes de front. Depuis, il a réalisé plusieurs documentaires remarqués qui confirment son statut de témoin engagé, tout en poursuivant sa réflexion sur la forme documentaire. En 2019, 25 ans après le Rwanda, il signe Retour à Kigali, une affaire française, un nouveau documentaire sur cette tragédie, mettant cette fois au jour les responsabilités de la communauté internationale, et de la France en particulier, dans le dernier génocide du XXe siècle.
Un procès pour l’Histoire
Un procès pour l’Histoire
FRANCE CULTURE >>> Les images des nazis une série France Culture décryptant les photos prises par les nazis durant la guerre.
LE MONDE >>> Il est dix heures du matin. De sa voix fluette et calme, le Lord-justice Geoffrey Lawrence déclare ouvert, le 20 novembre 1945, à Nuremberg, ce qui demeurera peut-être le plus grand procès de l’Histoire.
FRANCE INTER >>> Le réalisateur Jean-Christophe Klotz est l’invité de l’Instant M, pour parler de son documentaire Nuremberg, des images pour l’histoire.
MARIANNE >>> Le documentaire Nuremberg, des images pour l’histoire raconte l’un des récits les plus méconnus et passionnants de l’histoire des images et de celle de la fin de la Seconde Guerre mondiale.
LIBÉRATION >>> L’historien Michaël Marrus revient sur l’héritage du procès de Nuremberg et ses innovations : la notion de crime contre l’humanité et l’utilisation de l’image comme preuve.
27 janvier 2023 23:40 - Mina
J'ai eu l'occasion de le voir sur ARTE. Très intéressant, émouvant mais surtout important. A voir avec ses enfants et/ou petits enfants...et continuer à expliquer cette période horrible de l'histoire..
17 janvier 2023 15:56 - Ruche
Merci beaucoup pour ce reportage émouvant.