Sauvageons !
PAS COMME DES LOUPS
PAS COMME DES LOUPS
de Vincent Pouplard (2016 - 59')
Roman et Sifredi ont à peine 20 ans. Ils sont en mouvement, comme leur identité, entre exclusion et marginalité. Dans des lieux secrets, souterrains, squats, lisières de bois, sous des ciels nuageux ou des néons à faible tension, ils inventent leur vie, leur langage et leurs codes. Ils disent qu’ils ne seront jamais quelqu’un mais seront toujours libres.
>>> un film produit par Emmanuelle Jacq, Les films du balibari
Changer le visage des loups
Changer le visage des loups
par Vincent Pouplard
Apaches d'un jour, blousons noirs dans la nuit, voyous toujours, ces hommes infâmes qui intéressaient tant le philosophe Michel Foucault inspirent souvent une certaine peur, de la crainte et du rejet. Visages floutés, voix transformées, corps absents. La figure médiatique du délinquant est depuis plus d’une décennie de plus en plus absente ou caricaturale.
Avec ce film, il y a le désir de donner un autre visage à ceux que l'on nomme bandits, voyous, délinquants comme si ces qualificatifs avaient la moindre valeur identitaire. Je voulais qu'ils retrouvent corps, voix et pensées.
Quand j’ai rencontré Roman et Sifredi dans le cadre d’un atelier que j’animais, j’ai eu envie de prolonger cette rencontre et d’élaborer avec eux ce qui est devenu ce film. Il s’agissait pour moi d’ouvrir une porte, de rendre accessible une rencontre avec des jeunes hors la loi parfois, mais avant tout hors-normes. Il n'y a pas de jeunesse ennemie, pas de solution carcérale à la délinquance des mineurs. Les maux se traitent avec patience.
La nécessité de ce film a émergé dans un contexte de désertion progressive de l'État quant au soutien aux actions de prévention, la fuite par la criminalisation de la misère sociale, la posture de la sourde oreille et de la règle sans appel.
L'ordonnance de 1945 posait le caractère exceptionnel de l'incarcération pour un mineur délinquant et la nécessaire primauté d'un travail d'insertion sur la punition carcérale. Une décennie plus tôt, Jacques Prévert prenait la plume pour mettre en chanson La chasse à l'enfant. Ces mots dénonçaient la battue organisée à Belle-Île suite à l'évasion de 55 enfants d’un centre de correction et d'éducation.
Vincent Pouplard
Vincent Pouplard
Né en France en 1980, il travaille en tant que cinéaste et intervenant cinéma. Après des études de sociologie et de photographie, Vincent se dirige vers le cinéma expérimental et les performances mêlant musique et images. En 2010, il réalise le Silence de la carpe, son premier documentaire. Depuis lors, ses films sont régulièrement diffusés en festival, un peu partout dans le monde, aussi bien que dans des lieux intermédiaires de cinéma, en France et en Europe. L’un d’eux, Pas comme des loups est sorti en salles au printemps 2017, recevant un accueil public et critique chaleureux. Vincent affectionne les formes courtes et singulières.
Je construis mes films avec patience et avec la confiance des protagonistes que je filme. Je m’engage dans chaque rencontre jusqu’à ce qu’un désir en commun porte le film à venir.
Son travail de cinéaste se déploie aussi dans la tenue d’ateliers de pratique artistique et d’interventions en éducation à l’image. Les premiers sont les lieux de la création de films collectifs qui se saisissent souvent des problématiques des participants (scolaires, personnes en détention, habitants d’un quartier, étudiants…). Les seconds s’appuient sur les thèmes de travail qui lui sont chers (jeunesse, émancipation, stéréotypes de la marginalité, condition urbaine…) en les abordant au travers du prisme du cinéma et, plus largement, de la fabrication d’images et de documents. Cette pratique l’invite à opérer sans arrêt des allers retours entre périodes de création et moments de transmission. Et la genèse de ses films entretient souvent des liens intimes avec une expérience d’atelier.
Rencontre avec l'hors-normes
Rencontre avec l'hors-normes
FRANCE CULTURE >>> J’ai envie de placer ma pratique cinématographique au cœur du monde et de la réalité plus que sur des plateaux où je ne me retrouve pas beaucoup, explique Vincent Pouplard.
L'INDIGNÉ DU CANAPÉ >>> Le plus important en regardant ce film, c’est de ne pas garder ses œillères et la déformation que la société actuelle – réservée au travail et à la consommation – nous donne sur la vie, ses apprentissages balisés, ses rythmes imposés, ses rêves relégués derrière.
FRANCE BLEU >>> Usant d’un langage poétique désarmant, ce documentaire raconte l’histoire de plusieurs jeunes vivant en marge de la société.
FRANCE TV >>> Dans son roman Sale Gosse, Mathieu Palain rend hommage à ceux qui sauvent la vie des enfants des autres.
9 juin 2021 22:22 - Vincent CAILLÉ
Merci pour ce moment d'humanité et de liberté !
9 mai 2021 22:08 - Yvon
Bravo pour cette belle bouffée de liberté