Sauvageons !

baignade pas comme des loups

Ils ont tout juste la vingtaine, beaucoup à dire pour se bâtir un monde conforme à leur désir : celui d’être libres. Rebelles, frères de galère, ils rusent pour s’en sortir, affûtent leurs griffes, de squat en squat, avec Mesrine comme figure héroïque. Ils ont souvent affaire aux flics, abonnés aux gardaves, car leurs situations sont problématiques, eux qui veulent vivre en tribu, au grand air comme en Afrique.

Dans l’actu, on les appelle les sauvageons. Ce film nous permet d’entrer dans la complexité de leur état de rage animale et de quête du rêve pour échapper à une réalité insupportable.

Pas comme des loups malaxe les écritures filmiques, entre cinéma direct, film expérimental, pseudo-interviews. Vincent Pouplard, le réalisateur, est infiltré dans leurs planques, épouse leurs délires, saisissant leurs flots d'énergies contrariées. Son film est beau et utile, parce que pour faire société il faut essayer de comprendre ceux qui en sont à la marge, plutôt que de les ignorer.

BANDE-ANNONCE

PAS COMME DES LOUPS

de Vincent Pouplard (2016 - 59')

Retrouvez ici la bande annonce de cette oeuvre (les droits de diffusion sur KuB sont arrivés à échéance).

Roman et Sifredi ont à peine 20 ans. Ils sont en mouvement, comme leur identité, entre exclusion et marginalité. Dans des lieux secrets, souterrains, squats, lisières de bois, sous des ciels nuageux ou des néons à faible tension, ils inventent leur vie, leur langage et leurs codes. Ils disent qu’ils ne seront jamais quelqu’un mais seront toujours libres.

>>> un film produit par Emmanuelle Jacq, Les films du balibari

INTENTION

Changer le visage des loups

par Vincent Pouplard

Adolescent box mur Pas Comme des loups

Apaches d'un jour, blousons noirs dans la nuit, voyous toujours, ces hommes infâmes qui intéressaient tant le philosophe Michel Foucault inspirent souvent une certaine peur, de la crainte et du rejet. Visages floutés, voix transformées, corps absents. La figure médiatique du délinquant est depuis plus d’une décennie de plus en plus absente ou caricaturale.
Avec ce film, il y a le désir de donner un autre visage à ceux que l'on nomme bandits, voyous, délinquants comme si ces qualificatifs avaient la moindre valeur identitaire. Je voulais qu'ils retrouvent corps, voix et pensées.


Quand j’ai rencontré Roman et Sifredi dans le cadre d’un atelier que j’animais, j’ai eu envie de prolonger cette rencontre et d’élaborer avec eux ce qui est devenu ce film. Il s’agissait pour moi d’ouvrir une porte, de rendre accessible une rencontre avec des jeunes hors la loi parfois, mais avant tout hors-normes. Il n'y a pas de jeunesse ennemie, pas de solution carcérale à la délinquance des mineurs. Les maux se traitent avec patience.
La nécessité de ce film a émergé dans un contexte de désertion progressive de l'État quant au soutien aux actions de prévention, la fuite par la criminalisation de la misère sociale, la posture de la sourde oreille et de la règle sans appel.
L'ordonnance de 1945 posait le caractère exceptionnel de l'incarcération pour un mineur délinquant et la nécessaire primauté d'un travail d'insertion sur la punition carcérale. Une décennie plus tôt, Jacques Prévert prenait la plume pour mettre en chanson La chasse à l'enfant. Ces mots dénonçaient la battue organisée à Belle-Île suite à l'évasion de 55 enfants d’un centre de correction et d'éducation.

BIOGRAPHIE

Vincent Pouplard

Pouplard Vincent debout réalisateur pas comme des loups

Né en France en 1980, il travaille en tant que cinéaste et intervenant cinéma. Après des études de sociologie et de photographie, Vincent se dirige vers le cinéma expérimental et les performances mêlant musique et images. En 2010, il réalise le Silence de la carpe, son premier documentaire. Depuis lors, ses films sont régulièrement diffusés en festival, un peu partout dans le monde, aussi bien que dans des lieux intermédiaires de cinéma, en France et en Europe. L’un d’eux, Pas comme des loups est sorti en salles au printemps 2017, recevant un accueil public et critique chaleureux. Vincent affectionne les formes courtes et singulières.

Je construis mes films avec patience et avec la confiance des protagonistes que je filme. Je m’engage dans chaque rencontre jusqu’à ce qu’un désir en commun porte le film à venir.


Son travail de cinéaste se déploie aussi dans la tenue d’ateliers de pratique artistique et d’interventions en éducation à l’image. Les premiers sont les lieux de la création de films collectifs qui se saisissent souvent des problématiques des participants (scolaires, personnes en détention, habitants d’un quartier, étudiants…). Les seconds s’appuient sur les thèmes de travail qui lui sont chers (jeunesse, émancipation, stéréotypes de la marginalité, condition urbaine…) en les abordant au travers du prisme du cinéma et, plus largement, de la fabrication d’images et de documents. Cette pratique l’invite à opérer sans arrêt des allers retours entre périodes de création et moments de transmission. Et la genèse de ses films entretient souvent des liens intimes avec une expérience d’atelier.

REVUE DU WEB

Rencontre avec l'hors-normes

FRANCE CULTURE >>> J’ai envie de placer ma pratique cinématographique au cœur du monde et de la réalité plus que sur des plateaux où je ne me retrouve pas beaucoup, explique Vincent Pouplard.

L'INDIGNÉ DU CANAPÉ >>> Le plus important en regardant ce film, c’est de ne pas garder ses œillères et la déformation que la société actuelle – réservée au travail et à la consommation – nous donne sur la vie, ses apprentissages balisés, ses rythmes imposés, ses rêves relégués derrière.

FRANCE BLEU >>> Usant d’un langage poétique désarmant, ce documentaire raconte l’histoire de plusieurs jeunes vivant en marge de la société.

FRANCE TV >>> Dans son roman Sale Gosse, Mathieu Palain rend hommage à ceux qui sauvent la vie des enfants des autres.

COMMENTAIRES

  • 9 juin 2021 22:22 - Vincent CAILLÉ

    Merci pour ce moment d'humanité et de liberté !

  • 9 mai 2021 22:08 - Yvon

    Bravo pour cette belle bouffée de liberté

CRÉDITS

réalisation Vincent Pouplard
image Julien Bossé, Vincent Pouplard
son Jérémie Halbert
montage Régis Noël, Vincent Pouplard
étalonnage Bertrand Latouche

production Les Films du Balibari -Emmanuelle Jack, Estelle Robin-You, Armel Parisot, Adrien Bretet
avec le soutien du Fonds image de la diversité, Département Loire-Atlantique, Brouillon d’un rêve de la Scam
avec la participation du Centre national du cinéma et de l’image animée

Artistes cités sur cette page

Vincent Pouplardr realisateur Pas comme des loups

Vincent Pouplard

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