Eau Vive
Eau vive est un trip mental qui baigne dans les eaux troubles de l’inconscient.
Pierre Manuel Lemarchand trouve son inspiration dans Virginia Woolf qu’il cite au début du film Trouver dans le pli d’une vague le sens des choses ; Woolf qui écrit en 1930 Les Vagues (The Waves), un roman expérimental, vagues de monologues introspectifs ; Woolf qui souffre alors d’importants troubles mentaux et se suicidera par noyade dix ans plus tard.
EAU VIVE
EAU VIVE
un film de Pierre-Manuel Lemarchand (2015 - 6’40)
Retour à la vie
L’eau donc, la soupe primitive, le bain amniotique, l’eau dans laquelle on plonge pour revivre ou mourir, où l’on est en soi, où les bruits du monde sont assourdis, où ce que l’on voit à l’œil nu vire à l’abstraction.
Le cinéaste se filme lui-même, immergé, dans l’eau chaude et poisseuse du lac (sous une pluie battante). Il fait lourd, c’est l’été. Il nous parle depuis son état dépressif. C’est à la fois très beau et très désespéré. Quand arrive la rentrée des classes, tu croises une silhouette au regard vide, c’est la tienne. Le personnage avance dans la vie à contrecœur, à contre corps, jusqu’à ce qu’il perde pied et chute dans un puits où une eau glaciale le recueille ; il laisse tes poumons se gorger d’eau.
Restitution cinématographique d’une pensée mortifère et d’un sentiment obsessionnel de persécution – Une évidence te traverse, quelqu’un t’a poussé dans ce puits et se cache, là, sous une pierre. Tu t’immerges dans des apnées de plus en plus longues.
Passent quelques mesures du Requiem de Mozart, puis l’allusion à la camisole chimique des tranquillisants – Tu roules vitres ouvertes le long d’un champ, un faucon fond sur ton visage et t’arrache les yeux.
Les eaux vives de la mer n’arrivent qu’à ce point avancé du récit, quelques années plus tard, avec avec un retour à la vie, à la ville, aux rencontres… Jeter un sort à la mémoire lourde et faire attendre un peu l’appel des ombres.
Serge Steyer, directeur éditorial
Ici, Nage une séquence immersive sans commentaire (1’30’’)
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