Happy birthday !
À 30 ans, on entre dans le dur. Fin de l’insouciance, la réalité s’avère moins exaltante que ce que l’on imaginait du temps où l’on trépignait d’entrer dans l’âge adulte. L’horloge biologique et sociale commence à fixer des échéances, l’amour romantique semble s’être perdu en route… Quoi de mieux pour dissiper le malaise que d’organiser une fête ?
Avec La pluie et le beau temps, Bénédicte Pagnot réussit un portrait de groupe, celui d’une génération, la sienne, avant les téléphones portables mais avec un petit caméscope qui met la soirée en abîme. Belle direction d'acteurs aussi avec la montée en puissance de l’émotion qui peu à peu étreint son héroïne, interprétée par Laëtitia Mentec, dans ce qui devait être sa fête.
LA PLUIE ET LE BEAU TEMPS
LA PLUIE ET LE BEAU TEMPS
de Bénédicte Pagnot (2008 - 25’)
Élisa veut s’amuser, boire, danser, profiter du temps présent. Peu importe si la fin de son contrat de travail approche, peu importe si son ex va bientôt être papa avec une autre…
Aveuglée par son envie de faire la fête, Élisa ignore Luis, le jeune homme qui la regarde avec insistance. C’est pourtant lui qui sera à ses côtés quand, à l’aube, ses angoisses referont surface.
>>> un film produit par Gilles Padovani, Mille et Une Films
Une ambiance collective et festive
Une ambiance collective et festive
par Bénédicte Pagnot
Quand mes parents avaient 30 ans, ils avaient une maison, deux enfants, un travail. Ma mère avait souvent changé d’employeur, pas à cause du chômage, mais simplement parce qu’elle aimait changer et qu’on pouvait le faire facilement à l’époque. C’était en 1975.
Quand j’ai fêté mes 30 ans, je n’avais ni mari, ni enfant, ni maison, ni travail, et parmi les amis qui m’entouraient à cette fête beaucoup (pas tous !) étaient comme moi. Même si les premiers enfants étaient nés, certains couples avaient explosé et les problèmes de travail et de non-travail nous taraudaient. Nous semblions tous à un moment charnière. La pluie et le beau temps est donc inspiré de mon trentième anniversaire.
Lors de la fête d’anniversaire des 30 ans d’Élisa, l'on croise des célibataires qui cherchent l’âme sœur, chômeurs, jeunes parents séparés, fumeurs de pétards, couples qui se stabilisent. Tel un mille-feuilles, différentes couches de sa vie se superposent : les vieilles copines, les nouvelles, l’ex… venant éclairer son personnage et le monde auquel elle appartient. Une ribambelle d’invités, la campagne, le soleil, de la musique, à manger, à boire, et l’envie d’être ensemble sont les ingrédients du film. Un de mes paris du film a été de recréer une ambiance collective et festive. Je trouve les belles séquences de fête trop rares au cinéma et j’avais envie de tenter l'expérience.
J'avais en outre envie que se télescopent, dans La pluie et le beau temps, du pétillant et du morose : travailler sur le bonheur d’Élisa entourée de ses amis tout en suggérant sa solitude, ses blessures, ses angoisses, faire exister des personnages en saisissant des bribes de conversation, faire ressentir la joie d’être ensemble - même si les années passent ; même si on n’est pas toujours d’accord sur tout ; même si, au fond, on ne va pas si bien que ça…
Bénédicte Pagnot
Bénédicte Pagnot
Bénédicte Pagnot naît en 1970 à Elbeuf (Haute-Normandie). Après une Maîtrise d’études audiovisuelles à l’université Toulouse le Mirail, elle devient assistante de réalisation, régisseuse et chargée de casting sur des tournages en Bretagne où elle choisit de s’installer. C’est en 2001 qu’elle réalise La petite cérémonie, suivront deux autres fictions courtes La pluie et le beau temps (2008) et Mauvaise graine (2010) et trois documentaires Derrière les arbres (2004), Avril 50 (2006) et Mathilde ou ce qui nous lie (2010). Elle mène en parallèle des ateliers en milieu scolaire, universitaire et pénitentiaire.
En 2013 sort au cinéma son premier long métrage de fiction Les lendemains (Prix du public au festival Premiers plans d’Angers), et en 2017 Islam pour mémoire, long métrage documentaire avec Abdelwahab Meddeb.
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