Humains transgenres
Après Love & Information, Guillaume Doucet revient sur le besoin d’amour comme révélation de notre humanité et toujours dans le répertoire du théâtre contemporain anglais. Pronom est une pièce pour et par les adolescents, sur la question du genre. Dean est en transition. Il se défait de son identité biologique, féminine, pour devenir ce qu'il se sent être : un garçon.
La pièce se penche sur les transformations relationnelles générées par ce passage du féminin au masculin, une onde de choc observée avec intelligence et sensibilité. Vécue avec générosité et amour. Des facultés que les jeunes générations semblent avoir développé, pour que ce choix déterminant ne soit plus considéré comme une transgression mais comme un accomplissement de soi.
Hervé Portanguen s'est entretenu avec le metteur en scène et l'auteur de la pièce, Evan Placey, venu spécialement de Londres pour voir cette création.
EN TRANSITION
EN TRANSITION
un reportage d'Hervé Portanguen (2018 - 14')
Pronom est un texte de l’auteur britannique Evan Placey, spécialisé dans le théâtre à destination des adolescents.
La pièce raconte une histoire d’amour entre deux lycéens, dont l’un des deux, Dean, a grandi dans un corps identifié fille mais s'est toujours senti garçon, et vient de prendre la décision de commencer une transition pour changer de genre aux yeux de tous.
>>> une pièce de la compagnie Le Groupe Vertigo, mise en scène par Guillaume Doucet
Théâtralité adolescente
Théâtralité adolescente
par Guillaume Doucet
Avec une équipe de jeunes acteurs, Pronom s'inscrit à la fois dans la suite du travail du groupe Vertigo sur le théâtre britannique contemporain et sur la comédie ainsi que dans l'exploration d'un rapport particulier à la jeunesse. Il y a sans doute une théâtralité adolescente à creuser, comme le fait si bien la littérature ado. Il ne s’agit pas seulement d’un public intermédiaire entre jeunes et adultes. C'est un état d’être au monde, une ultra-sensibilité, une pensée politique en construction et en mouvement. Les thèmes abordés n’ont pas à être plus légers que les thèmes adultes (dans la littérature ados ce serait même plutôt l’inverse). La pensée est juste plus à vif, parfois plus manichéenne d’un point de vue extérieur,
mais c’est aussi qu’un certain nombre de compromis de l’âge adulte ne sont pas de mise. Les rythmes mêmes sont différents, la manière de passer d’une idée ou d’une émotion à une autre. C’est ce territoire que nous avons envie d’explorer, sans hiérarchisation ni stéréotype, simplement avec une empathie pour une certaine tranche d’âge.
Nous savions que nous avions envie de travailler sur la question du genre. À titre personnel, c’est une question qui m’occupe particulièrement. C’est une des grandes questions de notre société et que les adolescents prennent particulièrement en charge en ce moment. Traiter de cette question, c’est aussi un engagement politique, au moment où, en France, au nom de leurs valeurs morales, des centaines de milliers de personnes sont allées manifester pour que d’autres personnes n’aient pas les mêmes droits. Le nombre de suicides d'ados homosexuels ou dont l’identité de genre sort de la norme, est en augmentation très inquiétante depuis ces manifestations. Nous assistons à l’expression d’une poussée réactionnaire dont la parole et l’influence se déploient dangereusement.
Ne trouvant pas de texte à notre goût, nous nous apprêtions à écrire un spectacle. Et c’est là qu’est arrivé le coup de foudre pour cette pièce : Pronom d’Evan Placey*. Le propos sur le genre est très fin (certaines situations ou idées sont mêmes rarement représentées), mais le texte n’est pas didactique ni donneur de leçons. L’auteur passe par la comédie, le langage est formidablement bien ciselé et bien rythmé, les situations de jeu donnent envie, l’histoire est intelligente, les personnages sont surprenants et les figures adolescentes crédibles, le tout est très enlevé. Une perle.
* Evan Placey est un auteur anglo-canadien, vivant à Londres. Il a écrit plus d’une dizaine de pièces, souvent pour les jeunes, dont Mother of Him, Banana Boys, Holloway Jones, Girls like that (Ces filles-là), Pronoun (Pronom), et Consensual, qui ont remporté de nombreux prix.
Pronom a été créé en 2014 au National Theatre à Londres dans le cadre du festival Connections. La mise en scène de Guillaume Doucet est la première création de la pièce en France.
RENCONTRES LYCÉENNES
RENCONTRES LYCÉENNES
Le groupe Vertigo en décidant de mettre en scène cette pièce a souhaité la présenter à la fois dans des séances tout public mais aussi scolaire. Une présentation sur scène et au travers d'ateliers tout au long de la création et de la diffusion du spectacle afin d'aller au bout de cette rencontre avec une pensée adolescente aiguisée et salutaire.
Ici des rencontres filmées aux lycées Benjamin Franklin et Kerplouz LaSalle à Auray.
GUILLAUME DOUCET
GUILLAUME DOUCET
Acteur (formé à l'École du TNB) et metteur en scène, Guillaume Doucet dirige depuis 2008 le groupe Vertigo, compagnie théâtrale basée à Rennes, avec qui il met principalement en scène des textes britanniques contemporains.
Ses spectacles ont en commun un engagement politique passant par le sensible, un rapport stylisé à la langue et une puissance narrative, une recherche sur la comédie contemporaine et son rythme, et une mise en jeu en complicité avec le public de la performance.
LE GROUPE VERTIGO
LE GROUPE VERTIGO
Le groupe Vertigo est une compagnie théâtrale basée à Rennes, composée autour de Guillaume Doucet, metteur en scène et acteur, et de Bérangère Notta, collaboratrice à la mise en scène et actrice. Sa composition en est mouvante, selon le projet, réunissant une équipe pour la création d’un spectacle et la mise en place d’actions de transmission autour de ce spectacle.
Artistiquement, elle s’intéresse principalement aux écritures contemporaines, avec des formes qui interrogent le rapport du public à la performance. Les actes de transmission, qui sont essentiels et construisent la place de la compagnie dans la société, s’appuient sur une conviction : une action pédagogique est un acte politique. C’est aussi une implication dans la vie de la cité que celle qui consiste à faire des ateliers ou des stages pour partager une vraie recherche le plus généreusement possible, et non pas adapter les propositions à partir de préjugés sur un public...
Né.e dans le mauvais corps
Né.e dans le mauvais corps
L’IMPRIMERIE NOCTURNE >>> Pronom, peinture ultra-réaliste de la jeunesse et de ses mutations. La pièce est courte et pourtant constituée de multiples tableaux qui s’enchaînent à un rythme enlevé. Parce que l’adolescence n’attend pas. Parce que la fureur de vivre c’est maintenant et tout de suite.
L’HUMANITÉ >>> Ce garçon que j’aime fut une fille que j’aimais Avec Pronom écrit par Evan Placey, Guillaume Doucet et sa compagnie Vertigo parlent avec intelligence, humour et tendresse du genre à l’heure du lycée. Loin des discours moralisateurs ou dogmatiques. Sur le plateau vide, délimité par de nombreux costumes et accessoires, des lycéens évoluent dans leur chambre, chez les parents, au bahut, dans un festival de musique, dans une fête… Bref, ces ados sont comme tous les autres.
FRANCE INTER, L’Heure Bleue >>> En refusant leur genre d’origine, les personnes trans bousculent nos repères, nos certitudes et nos préjugés. La transidentité est encore mal connue et mal comprise en France. Peut-être qu'avec ces deux portraits, il y aura moins d'amalgames, moins de fausses idées.
FRANCE CULTURE, LSD >>> Quatre épisodes pour raconter les transidentités autrement et surtout demander aux interessé•e•s de nous les raconter. Retracer l’histoire de la militance trans, décrypter la façon dont la médecine et la psychiatrie ont mis la main sur les destinées des personnes transgenres, montrer comment le questionnement du genre rejaillit sur toute la société.
FRANCE INTER, L'instant M >>> Océan, comédien et humoriste que l’on connaissait, avant l’année dernière, comme Océane Rose Marie, raconte, caméra à la main, toutes les étapes physiques, psychologiques, sentimentales de sa transition de femme à homme trans. En ressort une série documentaire en dix épisodes à voir sur le site France TV Slash. Et ce qui frappe, c’est la grande légèreté qui se dégage de cette histoire. Rencontre dans L'instant M.
FRANCE BLEU >>> À 26 ans, la handballeuse suédoise de Fleury Louise Sand met fin à sa carrière et annonce être trans, je suis née dans le mauvais corps, dit-elle. Elle quitte le monde du handball pour suivre un traitement hormonal.
FRANCE TV >>> Flash Talk L'émission citoyenne de France Ô qui revient chaque mois pour inciter au débat sur les sujets d'actualité qui agitent la société, parle début mai 2019 de la question du genre. Qu'est ce que le genre et comment expliquer que les jeunes se reconnaissent de moins en moins dans le genre dit binaire. La France doit elle reconnaître un troisième sexe, neutre ? En parlant de sexe, quelles sont les différences entre le sexe et le genre ? Débat.
LES TROIS COUPS >>> Le Groupe Vertigo s’empare de Pronom, une pièce de l’auteur anglo-canadien Evan Placey, et la secoue comme un prunier pour en faire tomber tous les fruits. Le public aussi est secoué, mais de rires, une boule dans la gorge. Salle bourrée à craquer pour un spectacle, je dirais, d’un transgenre fabuleux.
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