Archi culture
27/09/2027
Le quartier de Cliscouët à Vannes a été dans les années 80 le champ d’expérimentation d’un architecte précurseur et anticonformiste : Bernard Guillouët.
Guillouët lance alors une forme couramment utilisée de nos jours : le semi-collectif, habitations intermédiaires entre maison individuelle et appartement. Il s’agit d’agréger des logements tout en prenant soin de les différencier formellement. Chacun son logis, différent de celui du voisin. Plus de hall d’immeuble ni d’ascenseur, chacun possède son propre accès donnant sur l’extérieur.
L’autre nouveauté c’est de faire disparaître les parkings en construisant sur une nappe de parkings semi-enterrés, un sol artificiel sur dalle au-dessus des stationnements.
Pour adoucir la sensation de socle bâti, le terrain est modelé. Les habitants peuvent ainsi garer leurs véhicules près de leur logement tout en libérant des espaces en plein air, propices à la rencontre des habitants.
Sur le plan architectural, Bernard Guillouët détourne les codes de la maison traditionnelle bretonne. Il utilise l’ardoise en couverture mais aussi en habillage de façade. La subtilité réside dans l’équilibre qu’il trouve dans le dessin de ces formes libres en toiture, tel un jeu d’empilement de formes hétérogènes pour créer un paysage inattendu. Il souligne ses compositions formelles en utilisant des châssis vitrés blancs sur des façades sombres, par des ouvertures qui ne sont pas alignées.
Comme un tableau abstrait, chaque chose est à sa place, les formes se répondent, équilibre dans le déséquilibre... C’est beau et cela s’appelle le style.
LE QUARTIER DE CLISCOUËT
LE QUARTIER DE CLISCOUËT
Frédéric Lorenzon en conversation avec Heleen Statius Muller dans le quartier de Cliscouët à Vannes, pour le magazine d'architecture Archi à l'Ouest
Architecture de la densité
Architecture de la densité
Au-delà d'être un quartier apprécié de ses habitants, Cliscouët est un modèle du genre pour déchiffrer une culture architecturale qui change à toute vitesse.
Dans l'intervalle de dix ans qu'a duré la construction, trois types de formes urbaines différentes ont été privilégiées pour répondre à une des problématiques de l'époque, augmenter la densité de population et répondre à une crise importante du logement. D'abord, le classique logement collectif puis le logement intermédiaire proposé par Bernard Guillouët, qui offrait plus de mètres carrés que les barres d'immeubles traditionnelles et mettait l'accent sur les espaces extérieurs (jardin ou terrasse). Enfin, quelques maisons individuelles sont venues compléter le paysage.
Comme l'explique Heleen Statius Muller (CAUE 56), il est important de connaître la culture architecturale de nos lieux de vie, d'autant plus que la mairie de Vannes a fait appel aux habitants pour commencer une réhabilitation du quartier.
Bernard Guilloüet
Bernard Guilloüet
Né en 1928, Bernard Guillouët est le petit fils d'un architecte-ingénieur qui avait dessiné pour Sarah Bernhardt les plans d'un hypothétique château à Belle-île. Si donc, pour lui, l'architecture est presque de famille, il n'a jamais fait dans la tradition. Installé à Vannes en 1963 puis à Arradon en 1996, il a fait du Golfe du Morbihan son terrain de jeu. On retrouve dans ses œuvres une défense de l'esthétique moderne voire visionnaire, des volumes fragmentés entre architecture savante et architecture populaire.
Son travail présente des maisons individuelles (maisons Lambert et Grupper...), des logements sociaux comme à Cliscouët ou des édifices publics (Archives départementales à Vannes, Hôtel de ville de Séné, médiathèque d'Arradon...). Il a aussi fait partie du corps des architectes-conseils de l'État.
Guillouët, le précurseur
Guillouët, le précurseur
LE POINT >>> Libre. Non au folklore, oui au style : le credo de Bernard Guillouët.
MAISON DE L'ARCHITECTURE ET DES ESPACES EN BRETAGNE >>> À l’occasion des Journées Nationales de l’Architecture 2019, la MAeB, l’Ordre des architectes de Bretagne et le CAUE 56 se sont associés pour proposer deux journées consacrées à l’œuvre de l’architecte Bernard Guillouët.
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