Retour sur expérience

Portrait Renan Luce

J'ai toujours préféré aux voisins les voisines, dont les ombres chinoises ondulent sur les volets
C’est en 2006 que Renan Luce entre en scène, avec ses chansons tendres et coquines. D’emblée c’est le succès, son album se vend à 800 000 exemplaires, les éloges pleuvent, les prix, les tournées se succèdent… En 2009, il épouse Lolita, la fille du chanteur Renaud, une histoire d’amour couronnée en 2011 par la naissance d’Héloïse.
Ces temps de douce euphorie ont pris fin. Une expérience douloureuse dont Renan Luce s’est nourri pour écrire son quatrième album. Le Petit Prince de la chanson française a mûri, trouvé un nouvel équilibre, plus proche de ce qu’il est vraiment. On apprend davantage de ses échecs que de ses Victoires, fussent-elles de la musique.
KuB l'a retrouvé dans le Finistère, une rencontre chaleureuse dans son studio d'enregistrement où il a partagé l'écoute de l'album qu'il vient d'achever et dans lequel se niche peut-être l'une des chansons de notre été.

ÉCOUTE

par Hervé Portanguen (2019 - 9')

INTENTION

Journal intime

Orchestre en studio pour l'album de Renan Luce

Le Renan Luce de 2019, ce sont onze chansons composées durant trois années où se sont entrechoqués les tourments du cœur et les élans de la musique. Ce quatrième album dévoile un journal intime où il se livre avec ses doutes, ses creux et ses renaissances. L’auteur des airs espiègles et buissonniers - La Lettre, Les Voisines, Monsieur Marcel, Repenti - présente aujourd’hui un autre visage, plus brut et nu, dans un disque qui porte son nom et le cadre serré.

L’artisan des mots tendres, nostalgiques ou mélan-comiques a élaboré une bande son vertigineuse pour raconter un chapitre de son grand livre de l’amour.

Au Début pointe l’incandescence des premiers moments de la relation amoureuse, les baisers volés puis envolés, l’éternelle légèreté, la possibilité du recommencement. Dans de beaux draps raconte avec l’art de la gestuelle, l’électricité d’une dispute et sa chute sensuelle… au lit. Avec On s’habitue à tout, Renan dresse avec malice et fatalisme la liste de nos désenvies : les colonnes de Buren, le coup d’boule de Zizou, l’auto-tune. Au détour, se profile la phrase-clé, on s’habitue à tout, mais ne plus dire je t’aime… Riche en images, Berlin illustre avec délicatesse le sommeil à deux adresses de sa petite fille en faisant un parallèle avec la ville hier coupée en deux.


L'époque est là aussi, avec son cortège de questions et d'incompréhensions : la tentation de voguer vers Le point Nemo (l’endroit le plus éloigné de toute terre émergée) ou le besoin de ralentir le tourbillon de la vie, (Du champagne à 15 heures, écrite par Pierre-Dominique Burgaud). L’absurdité de la vie en ville lorsque l’on a grandi à la campagne (Citadin) lui fait raviver, dans Enfants des champs, ses aventures enfantines avec Damien, son frère, écrivain et pianiste.

Si les ombres noires de la tristesse se posent parfois sur certains morceaux, la lumière des arrangements les éclaire de l’intérieur. Pour retranscrire au plus près ses émotions vibrantes, Renan Luce aurait pu les habiller de vêtements pop et folk. Mais il a repensé aux 33 Tours de Jacques Brel, Gilbert Bécaud, Charles Aznavour, Bourvil, tournant en boucle sur sa platine, à Morlaix, lorsqu’il suivait des cours de piano au Conservatoire. J’ai depuis toujours l’amour des artistes qui déboulaient avec leur seule personne et avaient une démarche musicale à la fois très instinctive et un peu à l’américaine, entourés d’un orchestre.

En étudiant les images de cette époque, les livres de référence, l’œuvre de François Rauber (chef d’orchestre, complice de Brel), Renan Luce et Marlon B., producteur du disque, ont reconstitué l’assise des classiques, analysé ici les glissements de harpe, là le jeu de piano-plaqué, relevé l’expressivité des cors. Chaque complainte a choisi son costume, smoking de cordes ou débraillé de basson, boléro, rumba, valse, bossa, arrangé par Romain Trouillet. Renan a empoigné à hauteur d’homme ces silences hurlants d’une vie. J’ai pensé au chant de vérité de Gérard Depardieu reprenant Barbara.

Onze chansons donc, accompagnées d'un orchestre où flûte, hautbois, clarinette, basson, harpe, trombone, trompette... dansent sur les mots de Renan Luce et virevoltent dans Le vent fou de la peine de cœur, au creux des vagues du Point Némo, sur la terre rouge sombre de Bretagne… L’air, l’eau, la terre… et toujours le feu du sentiment.

BIOGRAPHIE

RENAN LUCE

Portrait Renan Luce

Né en 1980, Renan Luce est auteur-compositeur-interprète. Il rencontre le succès en France dès son premier album Repenti en 2006 et notamment grâce à sa chanson La Lettre.
Élevé à Morlaix par une mère institutrice qui initia ses trois enfants à la musique, Renan Luce se découvre très tôt une passion pour le chant. À l'âge de raison, il a trouvé sa vocation, il veut être chanteur et ne rate pas une occasion de se produire devant sa famille. C'est avec son frère aîné qu'il participe aux chorales de quartier de son école puis aux Fêtes de la musique avant d'organiser des petits concerts où il reprend Nougaro, Brassens, Brel, Ferré, les Beatles...

Il commence ses études à Rennes, puis les poursuit à Toulouse, où il enregistre son premier deux-titres pour un projet humanitaire. Il décide alors de monter à Paris, joue quelques mois dans un théâtre, seul avec sa guitare, avant de se voir proposer la première partie de Bénabar au Zénith. Il prend l'habitude de composer seul en s'accommodant de quelques arrangements à l'ordinateur ce qui séduit le label Barclay qui produit son premier album.

Retrouvez toute sa biographie sur sa fiche artiste.

REVUE DU WEB

Retour à l'essentiel

FRANCE INTER, Foule Sentimentale >>> à partir de 01:07:15, Didier Varrod reçoit Renan Luce à l'occasion de la sortie de son quatrième album, un album réussi, classique, intemporel et moderne. Un album baptisé Renan Luce et c'est assez logique puisque c'est un état des lieux émotionnel et une sorte de carnet intime, le tout accompagné d'un orchestre comme au temps béni des Bécaud, Brel et autres Bourvil.

LE PARISIEN >>> On pense à Brel, Montand, Bécaud, Aznavour, au Jardin d’hiver de Salvador. C’est ma musique de cœur, confie-t-il. Ce n’est pas dans l’air du temps, mais c’était un album trop important pour faire des concessions. Dans une époque qui se passe souvent de textes et d’instruments, ces onze chansons donnent du baume au cœur.

LE TÉLÉGRAMME >>> Il m’a fallu trois ans pour vivre les choses, les accepter et les transformer petit à petit en chansons, compte Renan Luce. Le disque s’adresse à ma fille, à sa maman, à mon frère aussi. Il y a un côté journal intime, un aspect correspondance, mais sans attendre de réponse.

FRANCE BLEU >>> Même si elle n'est pas nommée dans ce nouvel album, la Bretagne est bien présente. Elle m'inspire, c'est une région propice qui pousse aussi au romantisme, avec son climat un peu rude, la proximité de la mer, la culture du labeur et la culture du partage, presque de raconter les choses, cette culture du conteur.

AFICIA >>> La vie, l’amour avec leurs aléas, leurs déceptions laissent des blessures, des cicatrices sur l’âme et le cœur que seul le temps peut panser. Des expériences de vie qui renvoie parfois à nos propres questionnements, nos interrogations. Avec Du Champagne à quinze heures, Renan Luce regrette de ne pas avoir plus souvent laissé parler son cœur plutôt que sa raison. Retrouvez en extrait ce titre intimiste et profond.

COMMENTAIRES

    CRÉDITS

    album RENAN LUCE
    auteur /compositeur Renan Luce
    maison de disque UniversalMusic / Barclay

    images additionnelles teaser
    image
    Guillaume Boutindi
    post production COM1FILM
    orchestrateur Romain Trouillet
    édition Les éditions repenties

    sujet KuB

    image et entretien Hervé Portanguen
    son et montage Kilian Jarno

    moyens techniques KuB

    Artistes cités sur cette page

    Renan Luce et micros

    Renan Luce

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