Appuie-toi sur moi
Aller voir ailleurs, s’ouvrir l’esprit en accueillant d’autres cultures, c’est ce que fait l’Hermine de Sarzeau chaque année, pour son public et pour les élèves du conservatoire – musique et danse – qui enrichissent ainsi leurs pratiques à travers des ateliers pédagogiques (masterclass).
Dernière invitée en date : l’île de la Réunion, département français d’Outre-mer, île tropicale de l’océan Indien, au carrefour des cultures africaines, asiatiques et européennes, une terre de métissage en somme. Et pour la représenter, un couple mixte, Virginie Le Flaouter et Vincent Maillot, qui ensemble ont fondé la compagnie Cirquons Flex.
Leur spectacle Appuie-toi sur moi propose une expérience singulière au public, forcément concerné par la question du besoin de l'autre pour avancer, de la solidarité des corps et des esprits, sans (trop de) dépendance. L’occasion pour les apprentis danseurs de découvrir comment deux corps peuvent faire levier pour prendre de la hauteur.
Une page KuB en coédition avec Golfe du Morbihan Vannes Agglomération
REGARD SUR LA RÉUNION
REGARD SUR LA RÉUNION
Besoin de l'autre pour s'élever
Besoin de l'autre pour s'élever
par Virginie Le Flaouter
Appuie-toi sur moi est un conte circassien, une confidence faite au public qui invite à traverser les aléas d’une rencontre improbable. Un cirque à ciel ouvert évoque les cirques géologiques de l'île de la Réunion, une piste octogonale, un mât chinois au centre, voilà le décor de ce récit que les artistes nous font vivre. Ceux qui regardent ne sont pas devant, ils sont dedans. L’acrobatie, le mouvement et la théâtralité des corps entrent en résonance avec le récit oral. Les spectateurs rassemblés autour de la piste se retrouvent au plus près des personnages qui se livrent à cœur ouvert.
La masterclass est un moment qui permet de prendre le temps de se rencontrer. Appuie-toi sur moi est un spectacle qui parle de l'appui, du besoin de l'autre pour avancer mais sans en être dépendant : appuyer sur quelqu'un sans peser trop lourd. À Sarzeau, nous avons rencontré des jeunes danseurs et danseuses en formation au conservatoire. Nous avons travaillé, aussi bien physiquement qu’humainement, les appuis au sol et sur l'autre, tout en prenant soin de soi et de l'autre, sur la manière de faire du cirque, du mouvement acrobatique tout en respectant le corps. Nous pensons que c'est important de pouvoir transmettre cette approche auprès de jeunes danseurs qui vont évoluer dans ce milieu.
Faire confiance à l'autre et apprendre à donner son poids, sont des concepts qui touchent aussi bien les personnes en maison de retraite qu'en maison d'arrêt, aussi bien les débutants que les initiés. Un lien se fait entre les publics et nous, et le temps du spectacle prend ensuite tout son sens.
Intimité avec le public
Intimité avec le public
par la Cie Cirquons Flex
Au départ, il y a eu un titre, évocateur, porteur d’une thématique dont nous sentions la portée universelle. Nous avions envie de nous confronter à l’espace circulaire, à la proximité avec le public, pouvoir le voir, le sentir et finir le spectacle en ayant le sentiment d’avoir pu regarder chacun dans les yeux. Nous cherchions une ligne sensible et sincère qui s’appuierait sur notre vécu, comme une confidence. Un espace de jeu clos permettant d’accueillir le public, l’inviter dans un endroit caché pour lui livrer un secret.
La découverte du spectacle Tania’s paradise lors de notre participation en 2015 à Midi-Pyrénées fait son cirque en Avignon, nous a donné envie de collaborer avec Gilles Cailleau pour ce nouveau projet. Son univers artistique, son approche de l’intimité avec le public, sa démarche scénographique, ont tout de suite résonné avec nos aspirations. Des premiers temps de recherche ensemble, sont nés une matière corporelle et textuelle. Nous avons pris le parti de travailler sur l’alternance du récit oral et du langage corporel qui ne cherche en aucune façon à l’illustrer, mais génère des images qui viennent faire écho à ce qui est dit.
Travaillant depuis plusieurs années sur le mât chinois en duo, nous avons souhaité que cet agrès soit présent au centre de la piste afin d’apporter une dimension verticale à l’espace de jeu. À ce mât, nous avons ajouté un point d’accroche rotatif placé au sommet, sur lequel vient se fixer un autre agrès aérien qui peut tourner autour du mât et s’approcher du public. La proximité exacerbe la prise de risque circassienne que le public ressent comme s’il y prenait part.
La notion d’appui est une donnée souvent inhérente à la pratique circassienne. Les questions que nous nous sommes posées, nous ont amené à réfléchir à ce qui génère la nécessité d’un appui, sa nécessaire impermanence sans quoi il devient dépendance, la perversité qu’il est susceptible d’entraîner. La contrainte posée par la thématique nourrit notre technicité qui se met au service du propos. Il s’en dégage un vocabulaire circassien et chorégraphique original qui vient mettre le public à l’épreuve du parcours sensible des artistes.
Sur le plateau, deux âmes à la dérive nous narrent le récit de leur rencontre et de leur voyage intime. Deux acrobates qui, dans un monologue simultané livre au public un conte simple et brut, porteur d’une force émotionnelle et philosophique. Comme une confidence faite au public, chacun leur tour, il s’adresse à eux pour se délester des questionnements qui les parcourent.
L’univers musical de cette création mêle musique au plateau et enregistrée. Le musicien et régisseur du spectacle, témoin de ce qui se passe en piste, rythme l’ambiance par le son de sa basse lancinante et continue et les musiques qu’il choisit de passer pour mettre en valeur les actions du spectacle.
Cirque à ciel ouvert
Cirque à ciel ouvert
Pour cette création nous élaborons un dispositif scénographie à l'image des trois cirques géologiques qui composent notre île : Salazie, Cilaos et Mafate.
Ce chapiteau léger et à ciel ouvert allie bois, métal, textile et chaumes de bambous. Il permet de limiter la jauge et de favoriser la proximité avec le public, dans une atmosphère chaleureuse, ouverte sur la voute céleste et sur d'éventuels éléments du paysage.
Notre démarche est axée sur l'utilisation du bambou qui, à La Réunion, possède des propriétés exceptionnelles du fait de la nature volcanique des sols, chargés en silice. Peu utilisé dans les pays occidentaux, le bambou allie légèreté, résistance, esthétique et résonne avec les apports culturels asiatiques de l'île.
Le dispositif est composé d'une piste octogonale de huit mètres de diamètre entourée par huit structures en tripode, hautes de quatre mètres, revêtues d'un textile qui ferme l'espace circulaire. Les modules de gradins sont disposés à 360°, face à chaque côté de l'octogone qui porte au centre un mât chinois de six mètres de haut.
Cie Cirquons Flex
Cie Cirquons Flex
Cirquons Flex est une compagnie fondée en 2007 sur l'île de La Réunion, née de la rencontre entre deux artistes : Virginie Le Flaouter (École Nationale de cirque de Montréal) et Vincent Maillot (artiste autodidacte).
Résolument contemporaine, la compagnie travaille à créer un cirque endémique de La Réunion d’aujourd’hui : une île ayant intégré les pratiques ancestrales pour inspirer - presque malgré elle- ses mouvements actuels, urbains et ouverts sur le monde. Elle se nourrit également dans la rencontre avec les pays voisins, berceaux d’une partie de la population réunionnaise au sang mêlé, et dans l’échange avec d’autres disciplines artistiques pour s’approcher du mouvement juste.
Cirquons Flex défend un cirque qui parle à la population réunionnaise, qui évoque son imaginaire, voyageant entre l’Inde, l’Afrique, Madagascar, la Chine et la France métropolitaine. En parallèle de ses créations, Cirquons Flex, compagnie associée au Séchoir et La Cité des Arts, accompagne la dynamique des arts du cirque à La Réunion par le développement d’activités pédagogiques, la mise en œuvre d’une biennale dédiée aux mouvements acrobatiques et de résidences de territoire, l’accompagnement d’artistes ou la co-animation de l’ARAC (Association Réunionnaise des Arts du Cirque).
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