Ruralité(s)
01/07/2026
La résidence d’artiste organisée par le Festival Photo La Gacilly sur le thème Ruralité(s), nous a offert plusieurs opportunités dont nous nous sommes emparés avec gourmandise.
- Voir une artiste au travail, la photographe Aglaé Bory qui arpente le territoire à la rencontre de ses formes paysagères et de quelques-uns de ses habitants et leurs expériences diverses de la ruralité.
- Découvrir ensuite quelques figures singulières de néo-ruraux qui réinvestissent les pratiques paysannes hors des sentiers battus de l’agriculture intensive.
- Voir enfin comment l’on passe d’une série de clichés à une exposition à l’air libre et constater tout ce que cela mobilise d’attentions et de bonnes volontés pour parvenir au partage avec le public, lors des quatre mois que dure le festival.
Une coédition KuB, Le Festival Photo La Gacilly et Les Champs Libres
RURALITÉ(S), CONSTRUIRE LA SÉRIE
RURALITÉ(S), CONSTRUIRE LA SÉRIE
(2021 - 26')
La photographe Aglaé Bory et la curatrice Stéphanie Retière-Secret, mettent en forme la série de photographies réalisée sur le thème Ruralité(s), lors d’une résidence proposée à l’artiste dans le cadre du Festival Photo La Gacilly. Des essais d’accrochage à la mise en place en plein air, elles abordent le processus de fabrication de cette série qui porte sur les incarnations de la ruralité telle qu’elle se pratique sur ce territoire. Associées les unes aux autres, les photographies constituent un paysage imaginaire et pourtant très réel. À travers cette exposition, Aglaé a voulu représenter ces territoires non pas comme des lieux d’enfermement, mais au contraire des lieux d’ancrage pour rêver ailleurs.
Humanité et paysage
Humanité et paysage
par Aglaé Bory
Après Les horizons, cartographie des possibles, je souhaite interroger la ligne d’horizon, géographique mais aussi métaphorique. Ces lignes d’horizons se croisent et construisent ainsi un paysage recomposé, à la fois réel et imaginaire, véritable et fictif, politique et poétique. Il s’agit d’explorer la relation site-regard-image en l’articulant autour de l’axe de l’horizon.
L’horizon est ce qui délimite une aire paysagère et ce qui ouvre le paysage sur le ciel créant l’articulation d’une étendue de terre et d’une étendue de ciel.
À partir de l’horizon, nous pouvons penser cette triade ciel, terre, homme. L’homme qui en se dressant a acquis la position debout, se situe à la jonction du ciel et de la terre. C’est son regard qui transforme le site en paysage et le paysage en lieu d’une pensée, une pensée-paysage comme l’exprime Michel Collot. L’horizon, cette ligne imaginaire qui n’existe pas sur une carte, est lié au point de vue du sujet mais aussi à ce qui se dérobe de ce point de vue, devenant le lointain et révélant ainsi la tension entre visible et invisible tout en créant un sens, une orientation. Ce lointain est aussi notre intérieur. Il y a une interaction entre l’intériorité du sujet et le paysage qu’il regarde et de cette façon il s’ouvre au monde. Le paysage est un mouvement entre le dedans et le dehors. Il est mobile. Il est aussi l’avenir, une force de projection.
Heidegger disait que l’homme est un être des lointains, c’est à dire un être du projet, en avant de soi avec une identité à construire, une identité-horizon. Le regard est singulier mais il y a une connivence, une convergence de regards sur un paysage. Le sujet rencontre les autres à travers l’expérience de la contemplation, il peut la partager avec une communauté. L’image vient ensuite pour montrer. Le paysage, c’est alors le pays devenu image. C’est tout cela que je souhaitais photographier. La relation des hommes aux paysages qui sont les leurs, ces espaces où leur intériorité peut prendre corps, ces conversations silencieuses avec la nature, la relation intime à ce double paysage, ces espaces du rêve et de l’avenir.
J’ai voulu photographier des personnes de tous âges, ruraux, néo-ruraux, adultes et jeunes, personnes âgées vivant à La Gacilly et dans sa région, photographier leurs paysages personnels et recréer un panorama de ces horizons, réels et métaphoriques, individuels et collectifs. Chaque ligne d’horizon vient rencontrer celle d’une autre personne pour redessiner ainsi un territoire commun. L’espace rural est aujourd’hui multiple. Il est à la fois un territoire oublié, déserté, relégué mais aussi un territoire qui accueille de nouvelles façons d’habiter le monde, plus sobrement et plus en cohésion avec la nature. Des urbains réinvestissent ce territoire avec l’envie d’apprendre à vivre au contact de la nature, souvent après avoir totalement fait bifurquer leur vie professionnelle. Pour chacun il est question d’horizons nouveaux, d’utopies, de révolutions. Ils ont besoin pour cela de la connaissance des habitants qui y sont enracinés.
Nous avons besoin plus que jamais d’horizons partagés. Nous faisons des images pour créer du sens, pour réinventer les liens qui fondent une société, pour nous redonner des horizons communs, une identité en mouvement et pour ainsi faire Histoire.
ENTRER DANS LE PAYSAGE
ENTRER DANS LE PAYSAGE
(2021 - 8')
Les paysages nous amènent à une conversation intime avec nous-même, explique Aglaé Bory. Peinture, photographie, littérature… un paysage n’existe qu’à travers la représentation qu’on en fait. Sinon ce n’est qu’un lieu. Les paysages saisis par Aglaé comportent toujours une présence : une habitation, un animal, une voiture… des éléments dissimulés, mystérieux, qui donnent vie aux paysages. La beauté seule ne suffit pas.
PORTRAIT, MODE D'EMPLOI
PORTRAIT, MODE D'EMPLOI
(2021 - 6')
Installée sur un pont avec son trépied et sa caméra, Aglaé Bory réalise un portrait à distance de Pascal, debout sur sa terrasse à quelques mètres de là. Les indications sont précises, chaque geste, posture et regard du modèle sont calculés en vue du meilleur rendu possible. Malheureusement, le travail de la photographe est contrarié par le soleil qui se fait désirer.
Aglaé Bory
Aglaé Bory
Après avoir étudié l’histoire de l’art à l’université d’Aix-en-Provence et la photographie à l’École nationale de photographie d’Arles, Aglaé Bory vit et travaille depuis vingt ans à Paris. Son travail a été présenté dans le cadre de festivals en France et à l’étranger (Circulation(s), Photaumnales, Photofolies, Bourse du talent, Voies off, Quinzaine photographique nantaise…) a fait l’objet de différentes expositions individuelles et collectives (La conserverie, Galerie du château d'eau, Bibliothèque nationale de France...). Sa série Corrélations a reçu plusieurs distinctions (KL Photo awards, Bourse du talent…) et est entrée dans le fonds photographique de la BNF.
Un livre de ce travail est paru aux éditions Trans Photographic Press en 2011. Aglaé Bory a participé à France(s) territoire liquide dont un livre a été publié aux éditions du Seuil en 2014. En octobre 2019 elle est la marraine du festival les Rencontres photographiques du 10e dans le cadre duquel elle honore une commande Les garçons d’en bas. En 2019, elle fait partie des photographes sélectionnés pour la commande du CNAP, Flux, une société en mouvement avec son projet documentaire Figures mobiles exposé en 2020 au festival les Photaumnales. Ce travail est entré dans les collections du Fonds national d’art contemporain. En juin 2020, elle est la lauréate du Prix Caritas de la photo sociale avec Odyssées.
LE FESTIVAL RACONTÉ PAR AUGUSTE COUDRAY
LE FESTIVAL RACONTÉ PAR AUGUSTE COUDRAY
(2021 - 15')
20 ans après la genèse du Festival Photo, Auguste Coudray revient sur les phases de maturation de ce projet, en complicité avec Jacques Rocher, qui a dynamisé la vie sociale et économique de la Gacilly. Attirant 300 000 visiteurs chaque été, le festival est un exemple frappant d'action culturelle en milieu rural, avec une forte implication de la population.
Ruralité(s)
Ruralité(s)
FRANCE CULTURE >>> J'ai rencontré la photographie un peu par hasard. C'était très intuitif car j'avais 15 ans, mais j'ai été saisi par la force, par la puissance de l'image fixe. Je crois que j'ai tout de suite ressenti, cerné, qu'il y avait quelque chose de plus que ce que la photographie montrait. J'ai été attiré par l'énigme de cette articulation visible-invisible qui est au cœur de mon travail, confie Aglaé Bory.
PODCAST LES CHAMPS LIBRES >>> J’ai voulu photographier des gens habités et convaincus par leur choix de vie. Et lorsqu’ils regardent le paysage, ils le nourrissent de leur passion et inversement. Il y a un rapport émotionnel fort au paysage qui n’existe qu’à travers le regard.
THÉATRE DE LORIENT >>> Avec ces portraits de Lorientais, il est question de renouer avec le public, d’aller à sa rencontre. De regarder les visages, de découvrir leur sensibilité.
RADIO LASER >>> Le travail d’Aglaé Bory est caractérisé par sa diversité : son travail de portraitiste pour la presse se mêle à un travail plus personnel, plaçant l’humain en son centre. L’objectif dans les deux cas est le même : chercher l’intériorité de la personne.
9 LIVES MAGAZINE >>> Le travail d’Aglaé s’ancre dans une réalité parfois tragique d’une société qui ne donne pas les mêmes chances à tous, cependant la figure humaine, au centre de sa photographie, se pose face à nous avec justesse et sans dramaturgie.
26 septembre 2021 19:44 - Gérard Guillard
Comme d’habitude , expo formidable
Félicitations à toi Aglae
Ce que tu dis sur tout ce que tu photographies ,c’est tout ce que l’on ressent quand on s’extasie devant ces clichés sans pouvoir l’exprimer aussi bien que toi …
Grand merci
J’espère que l’on pourra en parler de vive voie
Gérard , le papa de Benjamin