I'll be there
Une imagerie apaisante et narcotique
Retour quelques années en arrière avec le feel-good clip des Sudden Death of Stars, I’ll Be There. Le groupe ayant annoncé sa propre mort en novembre dernier, il semblait important de revenir sur ce qui a fait la richesse de leur aventure psyché-planante, non pas en sortant les mouchoirs mais en reprenant une bonne dose de grosse banane avec la redécouverte de ce clip-carte postale que l’on vous envoie en recommandé, avec un joli timbre anglais.
Le clip est un enchainement de plans fixes, agencés comme un album de souvenirs animé, plein de clichés tout sauf cliché. Un bol d’air frais sur la côte, le détail d’une cabine téléphonique, l’agitation de la ville, une femme qui attend… quelle que soit la situation, c’est une tendre et sereine agitation qui se dégage de l’ensemble. On touche toujours la mélancolie du doigt, sans y sombrer jamais. Pour appuyer cette sensation d’instantané, un mince cadre noir vient entourer l’image du clip. La lumière y reprend toute sa place, dans ses contrastes et dans la manière dont ses ombres se posent sur le monde et les choses, leur redonnant une profondeur que l’on oublie parfois. La musique s’engouffre comme le vent dans la toile d’un transat ou dans les couloirs d’une gare, donnant des envies de week-end prolongé de l’autre côté de la Manche. Au cœur de cette déambulation photographique, une femme en robe - rouge bien sûr ! - mène la danse, dans l’attente. On sent le temps qui passe, l’attente qui s’installe tandis qu’elle semble dans l’expectative d’un coup de fil, d’une réponse, de quelqu’un.
Au cœur de I’ll Be There s’élève la question du regard. La caméra redevient un appareil de prise de vue au premier sens du terme, conçu pour capter la vie à l’intérieur des limites de son cadre, en laissant toute sa place au hasard et à la contingence, ainsi qu’à la possibilité de l’existence du hors-champs. On y sent le temps qui passe, le regard posé sur les choses, l’œil qui vient délimiter cette vision photographique. Rien d’étonnant donc si l’on retrouve à la réalisation Phil Miller, photographe anglais, qui signe également des pochettes d’album pour Ample Play Records. Une imagerie apaisante et narcotique, qui vient à merveille illustrer la pop envolée des sept Rennais à sitar et tambourin. So don’t close your eyes, il reste encore quelques belles choses à voir, et il n’est jamais trop tard pour réécouter les Sudden Death of Stars.
I'LL BE THERE de Death of Stars
I'LL BE THERE de Death of Stars
réalisé par Phil Miller (2013 - 3'46)
Figure du paysage psychédélique français, Sudden Death of Stars gravite à sa manière entre les rythmiques répétitives du Velvet Underground, les guitares jangly à la Byrds et les arrangements ciselés des grands groupes pop des années 60 (Kinks, Strawberry Alarm Clock).
Entre 2011 et 2016, les sept membres du groupe sillonnent l’Europe et signent deux albums, un maxi et des singles (d’abord sur le label parisien Close-up, puis sur Ample Play Records à Londres).
PHIL MILLER
PHIL MILLER
Phil Miller est un photographe et réalisateur basé dans le Kent dans le sud est de l’Angleterre. Il travaille pour le cinéma et la télévision. Il a récemment collaboré avec la Galerie Turner Contemporary à Margate pour laquelle il a réalisé un court métrage, Haze qui faisait partie intégrante de l’exposition Turner Adventures in Colour.
Il expose son travail d’artiste en Grande-Bretagne, utilisant la photographie et la technique du collage. Il collabore régulièrement avec le label Ample Play Records pour des clips ou des pochettes de disque.
Ce psychédélisme halluciné veut vous faire l’amour
Ce psychédélisme halluciné veut vous faire l’amour
Magic, RPM >>> C’est en 2009, du côté de Rennes, que les Sudden Death Of Stars commencent à faire vibrer les entrailles de la cité bretonne aux sons de leur pop psychédélique aussi gracieuse que monolithique. (+ entretien avec le groupe)
Télérama >>> Derrière ce patronyme singulier se cachent six Rennais qui ont la particularité d'avoir signé chez Ample Play, le label londonien monté par Tjinder Sihn, le leader de Cornershop, et sa femme. Ces derniers ont, comme nous, été séduits par la pop psychédélique des jeunes Bretons qui prend sa source aux deux extrémités des États-Unis.
Les Inrocks >>> Vous aimez les riffs lourds de sitar, les solos de drogue, le 69 Live du Velvet les jours d’éclipse ? Vous avez appris à danser sur You’re Gonna Miss Me des 13th Floor Elevators avec des filles hagardes accrochées à leurs tambourins, inondées de lampes à huile ? Alors ce psychédélisme halluciné, bariolé et finement composé veut vous faire l’amour. Il est l’œuvre dégénérée et éclairante de Rennais récemment signés à Londres par le label de Cornershop. Un Cornershop qui devra désormais vendre du LSD.
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