Dans les pas de Théodore

(2021 - 25’)

Par une journée venteuse, Guy de La Villemarqué, descendant direct du vicomte Théodore Hersart de La Villemarqué, arpente la propriété de son ancêtre en égrenant ses souvenirs. L’histoire débute en 1850, avec l’acquisition du domaine et de son vieux manoir. Suit la construction de la maison de maître où Théodore vivra jusqu’à sa mort en 1895. Le nouveau Keransker restera la maison de famille jusqu’à ce qu’elle soit vendue, en 2018.

En autres anecdotes, Guy de La Villemarqué raconte les visites de Donatien Laurent à son père et la découverte des fameux carnets de collectage dont l’examen clarifiera le processus de compilation-création à l’origine du Barzaz Breiz.

(2022 - 15')

En 1835, au moment où de La Villemarqué écrit son Barzaz Breiz, il s’inscrit dans une tradition littéraire romantique qui n’hésite pas à réécrire des chants populaires pour les mettre au goût du public lettré de l’époque. Quand dans les années 1860 émergent les sciences sociales, ces pratiques sont disqualifiées au nom de la rigueur scientifique. C’est ainsi qu'a débuté une fameuse controverse : la querelle du Barzaz Breiz.

Fanch Postic, ethnologue et disciple de Donatien Laurent qui fût le découvreur des carnets de collecte de La Villemarqué, recontextualise ces péripéties.

Né à Quimperlé en 1815, Théodore Hersart de La Villemarqué est issu d’une famille royaliste. D’abord étudiant au collège jésuite de Sainte-Anne-d’Auray, il suit ensuite les petits séminaires de Guérande et de Nantes. Il poursuit sa formation en droit, filière qu'il abandonne plus tard au profit de l’enseignement médiéval et breton dispensé à l’École des chartes. C’est là qu’il commence son apprentissage du breton, auprès de l’abbé Jean-Guillaume Henry. Persuadé que les gwerzioù, ces complaintes narratives chantées, permettent de retracer une certaine histoire de la Bretagne, La Villemarqué commence dès 1833, à noter sur des carnets les paroles de ces chants. C’est à partir de ces collectes qu’il élabore le Barzaz Breiz publié en 1839. En 1850, Théodore Hersart de La Villemarqué acquiert le domaine de Keransker où ont été retrouvés en 1964 ses carnets de collectes
Théodore Hersart de La Villemarqué s’est également intéressé à l’archéologie et à l’histoire, il a activement participé au développement de la Société archéologique du Finistère qui préfigurera le Musée breton de Quimper.

(2022 – 5’)

L’ouvrage publié en 1839 par Théodore Hersart de La Villemarqué a longtemps été entaché de reproches sur l’authenticité des chants présentés. Nelly Blanchard témoigne de cette controverse et de l’inoxydable popularité du Barzaz Breiz.

par Marie-Barbara Le Gonidec

Né en 1935, Donatien Laurent s’intéresse dès son plus jeune âge à la culture bretonne et à la musique. En 1962, dans le cadre d'un Certificat d'ethnomusicologie au Musée de l'Homme, il effectue un stage au Musée national des arts et traditions populaires (MNATP) à Paris, encouragé par Georges Henri Rivière, son directeur. En 1964, l'historien André Leroi-Gourhan lui propose d’intégrer une équipe de chercheurs implantée à Plozévet dans le cadre d'une vaste enquête pluridisciplinaire en sciences humaines et sociales. Donatien Laurent profite de l’occasion pour se rendre, à 80 kilomètres de là, au manoir de Keransker à Quimperlé, à la rencontre du Général Pierre de La Villemarqué.

Le Général lui donne alors accès aux carnets de collecte originaux du Barzaz Breiz de son aïeul dont l’existence-même était mise en doute. Leur analyse fera l’objet de la thèse de Donatien Laurent, qu'il soutient en 1974 et publie en 1989. Elle permettra, entre autres, de prouver la véracité du travail de collecte de Théodore de La Villemarqué. En 1971, il se penche sur la Gwerz de Skolan dans la revue Ethnologie française. Il démontre comment un poème gallois copié dans un manuscrit au 13e siècle a survécu jusqu’à nos jours en Bretagne grâce à la transmission orale. Il se passionne aussi pour les mécanismes de mémorisation dans le contexte de la tradition orale suite à sa rencontre avec Jean-Louis Rolland. Ce dernier, qui n’avait pas conté depuis 1938, n'avait rien oublié, trente ans plus tard, des récits qu’il racontait jadis à l’occasion des veillées. En 1986, Donatien Laurent lui consacre un article dans le premier numéro de la revue Ar Men, dont il contribue à la naissance. Quand en 1969 Yves Le Gallo crée le Centre de recherche bretonne et celtique au sein de l’université de Bretagne occidentale, Donatien Laurent quitte le Musée national des arts et traditions populaires pour l'intégrer. Dès lors, en plus des recherches qu’il poursuit sur la littérature orale, il participe, avec Jean-Michel Guilcher, à l’enseignement de l’ethnologie de la France à l’UBO. Ils assurent avec des chercheurs tels que Nicole Belmont (spécialiste du folklore) ou Marie-Louise Tenèze (littérature orale) cet enseignement qualifié plus tard d’ethnologie du proche. En 1987, il prend la direction du CRBC qu’il assure douze années de suite. Décédé en 2020, Donatien Laurent est reconnu comme un chercheur essentiel dans le domaine de l’anthropologie de la Bretagne et du monde celtique.

OUEST EN MÉMOIRE >>> C'est en 1839 que le jeune vicomte Théodore Hersart de La Villemarqué publie la première édition du Barzaz Breiz qui rencontre aussitôt le succès, au point que les rééditions, tout comme les traductions en anglais, allemand, polonais, espagnol, n'ont pas cessé jusqu'à nos jours. C'est une sorte de révolution culturelle qu'a connu la Bretagne il y a 150 ans, sur le plan culturel et littéraire. Avec le témoignage de Donatien Laurent.

FRANCE 3 BRETAGNE >>> Ethnologue et directeur de recherche au CNRS, Donatien Laurent avait été à l'origine du département d'ethnologie de la Faculté des lettres de l'UBO à Brest. Il fut directeur du Centre de recherches bretonnes et celtiques de 1987 à 1999. Retour sur l’ensemble de travail qui a notamment contribué à remettre en lumière le Barzaz Breiz.

UNIVERSITÉ DE BREST >>> Ensemble des travaux de recherches sur l’œuvre de Théodore Hersart de La Villemarqué.