Nomades à tout prix

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Vous avez entendu parler de Sur la route de Jack Kerouac ? Voici This train I ride d’Arno Bitschy, dont les clochards célestes sont des femmes, et dont la voie est ferrée. Passagères clandestines à bord de gigantesques trains de marchandises, elles traversent les immensités de l’Amérique pour échapper à un monde qu’elles abhorrent. Une carte tatouée sur le corps, un sac qui contient tout le nécessaire, elles expérimentent l’inconfortable mais oh combien enivrante liberté. Être nomade, c’est comme une addiction. C’est apprendre au quotidien à être forte et confiante.

Visuel et sonore, sombre et lumineux, ponctué par la musique de Warren Ellis (le comparse de Nick Cave), ce film est un trip esthétique grunge, à savourer en grand format. This train I ride incite à larguer les amarres, à tourner le dos à la sécurité que nous offre la société de consommation. C’est aussi un film sur l’Ouest américain, un film qui adopte le point de vue des femmes qui prennent le risque de s’émanciper, dans un monde là aussi peuplé de mâles prédateurs.

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FILM

THIS TRAIN I RIDE

d'Arno Bitschy (2019 - 77')

L’Amérique aujourd’hui : un train de marchandises traverse le paysage tel un gigantesque serpent de fer. Ivy, Karen, Christina ont tout quitté pour parcourir le pays à bord de ces trains. Elles les attendent, cachées dans des fourrés, dormant sous les ponts des autoroutes, bravant tous les dangers. Dans le fracas de la bête métallique. Le réalisateur devient le compagnon de route de ces femmes. Sur le rail et là où la vie les a menées, leurs trajectoires se croisent et se répondent : une rage de vivre, une quête spirituelle, une éternelle rébellion. Elles sont plus fortes que la société, elles sont plus fortes que les hommes, elles sont libres.

>>> un film coproduit par Clara Vuillermoz (Les Films du Balibari), et Liisa Karpo et Marianne Makëla (Napa Films), lauréat de la bourse Brouillon d'un rêve en 2016.

INTENTION

Insoumises et rebelles

Voyageuse boho endormie sur rail - This train I ride

par Arno Bitschy

Je suis né à Saint-Étienne, une ancienne ville minière avec son glorieux passé industriel et de capitale du football prolétaire français. Dans cette ville, je trouve le mouvement punk comme voie d'issue. Des années de musique, de fêtes, de tournées, d'amitiés et d'utopie. Parallèlement j'affûte mon amour du cinéma du réel, le documentaire comme outil punk, filmer les laissés pour compte, ceux que l'on regarde avec mépris.

Et puis il y a eu cette tournée avec mon petit groupe aux États-Unis. C’est là que j’ai rencontré des hobos qui pratiquaient le train hopping en solitaire, dont des femmes. Germe alors l'idée d'un film pour filmer ces filles, insoumises et rebelles. Je prends des trains avec elles. Elles se racontent et évoquent leur transformation en menant cette vie libre et pleine de danger. Faire corps avec 10 000 tonnes de métal en mouvement pendant 24h, voire même plusieurs jours d’affilée, est une expérience éprouvante et riche en émotions : le bruit, le froid, les secousses. Un saut dans le vide.

Christina, Karen et Ivy sont mes héroïnes, trois destins qui se répondent et se complètent. Les trains ont transformé leurs blessures en force pour devenir les personnes qu'elles ont envie d'être.


Leur liberté vient de cette capacité à briser tous les codes établis. Pendant quatre ans et six tournages, je filme Ivy, Christina et Karen, je les accompagne dans les trains et dans leur vie sédentaire. Ce film, c'est aussi mon voyage, sac au dos, caméra au point. Ce qu'elles expérimentent, je le vis aussi, nous parlons, nous nous ennuyons, nous souffrons ensemble, les aléas de la route nous soudent. Le train est un personnage à part entière, sa présence est avant tout physique, elle s’expérimente autant par le son que par l’image.

Pour approfondir cette expérience sensorielle du train, j’ai proposé à Warren Ellis de composer la musique du film. Je l’admire autant pour ses talents de musicien (je l’ai découvert sur scène avec Nick Cave) que de compositeur. Grâce à son engagement sur le film et son adhésion aux personnages et à leurs destins, nous avons réussi à insuffler une dynamique émotionnelle supplémentaire en créant à chaque intervention musicale un univers différent, pour embarquer le spectateur.

Avec la monteuse Catherine Rascon, nous avons voulu embarquer le spectateur dans un voyage de bruit et de fureur, sans complaisance ; et donner une claque vivifiante en donnant à voir comment ces femmes bousculent notre monde.

BIOGRAPHIE

Arno Bitschy

Arno Bitschy réalisateur

Monteur de formation, Arno Bitschy découvre le cinéma documentaire comme bénévole aux États généraux du film documentaire de Lussas. Un cinéma exigeant et un champ des possibles infini. Il réalise son premier documentaire en 2007, Marie-France, le portrait d'une femme tatouée qui exorcise ses démons et les souffrances de son passé par le tatouage.

En 2010, il participe à l'atelier documentaire de la Femis, une étape décisive dans son parcours de documentariste, puis il développe un projet musical et documentaire avec le label de musique Jarring Effects : Mother City Blues, le portrait d'une ville, Cape Town en Afrique du Sud, ou le regard de trois rappeurs sur une utopie arc-en-ciel s'éteint en même temps que son fondateur Nelson Mandela. Ce projet mutera en série pour aboutir à Détroit, autre capitale de la musique. En 2015, Resilience est le portrait musical d'une ville en état de choc, du combat de ses habitants pour leurs droits et d'un rêve américain en fin de course. En 2017, un retour à Détroit pour Jazz, le prolongement de Resilience, le portrait d’une vieille femme qui chante des chansons de Billie Holiday dans sa maison abandonnée. À travers elle, un autre regard sur la ville. Au fil de ses expériences, Arno affûte une caméra sans concession avec l'envie de capter l'humain dans sa complexité et ses facettes les plus étranges.

REVUE DU WEB

Train de vie

RADIO PRAGUE INTERNATIONAL >>> Entretien avec Arno Bitschy à l’occasion de son passage au Festival Jeden Svět (One World) à Prague. Les hobos, c’est une sous-culture américaine qui existe depuis la Grande Dépression et qui perdure depuis. C’est une sous-culture, qui a sa propre musique, ses codes, son organisation. Ça rentre dans l’imaginaire américain : la quête de la liberté, les grands espaces…

VICE >>> GifGas est un photographe belge précurseur européen du trainhopping. Pour moi, c’est vraiment une façon d’échapper à la réalité, à toutes les choses « normales » de notre société. C’est le sentiment de faire quelque chose d’unique que quasiment personne ne connaît. Ça t’offre vraiment une autre perspective. Et tu te retrouves dans des conditions tellement extrêmes que, quand tu es face à des situations compliquées dans la vie, tu te remémores ces moments et ça te donne de la force.

PARIS MATCH >>> Pour éviter les inconvénients avec des appartements aux loyers trop élevés et aux propriétaires peu scrupuleux, une étudiante allemande a fait le choix de vivre… dans les trains.

COMMENTAIRES

  • 6 août 2024 10:45 - mary

    Etrange régal fascinant ...

  • 9 mars 2024 07:29 - Jack

    Absolument magnifique ! Le voyage, le vrai qui vous révèle, vous rend plus fort et vous donne le sentiment de vivre réellement. De toute beauté.
    Merci pour ce beau moment

  • 5 mars 2024 21:27 - Brigitte Peignard

    Ces femmes -belles et rebelles- mises en lumière dans leur désir d'être au travers de ce film très touchant...a fait écho à des sensations ressenties lors de voyages, seule au même âge....ce goût de liberté incomparable ,qui pourtant fait poindre à l'horizon un autre chose en toile de fond ...

  • 5 mars 2024 03:20 - Rousselle

    Des souvenirs

CRÉDITS

réalisation Arno Bitschy
son Jérôme Lapierre, Julien Desposito
montage Catherine Rascon

musique Warren Ellis
coproduction Les Films du Balibari, Napa Films
avec la participation de Arte GEIE, YLE, Lyon Capitale TV

avec le soutien de l’Institut français - Bourse Louis Lumière -, Scam Brouillon d’un rêve, la Région des Pays de la Loire, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, la Procirep Angoa, le Centre national du cinéma et de l’image animée, Finnish Film Foundation, AVEK

Artistes cités sur cette page

Arno Bitschy réalisateur

Arno Bitschy

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