L'Ultimu Sognu

cover chevre L'Ultimu Sognu

L’ultimu sognu est une rêverie primitive. Un conte. Une incantation. Un fil de parole où chaque mot est pesé ; une écriture donc. Un film poème qui scrute les augures. Des images hors du temps, qu’elles soient anciennes ou contemporaines, racontent la vie des bergers dans la montagne corse. La forêt pour les bêtes sauvages et la mort qui rôde. De jour comme de nuit, à l’ombre des colonnes de fumées de l’écobuage, nous foulons ce territoire mythique du maquis d'où une voix se fait entendre, celle d'une mazzera qui nous dit que dans son rêve, la mort des bêtes annonce celle des hommes.

Excentrics, une collection en partenariat avec la

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BANDE-ANNONCE

L’ULTIMU SOGNU

de Lisa Reboulleau (2019 - 33’)

Retrouvez ici la bande annonce de cette oeuvre (les droits de diffusion sur KuB sont arrivés à échéance).

Au centre de la Corse, au cœur de sa forêt, une femme chasse la nuit en rêve. Dans le regard de l'animal tué, elle reconnait le visage de celui ou de celle qui va bientôt mourir. Ce don ancestral lui vient de loin, des racines les plus profondes de l'île. Mais déjà on ne l’écoute plus. Elle est une femme sauvage. Une mazzera. Seul un berger semble encore l'entendre.
>>> un film produit par Les Films du Bilboquet & Mardi8

INTENTION

Deux mondes

par Lisa Reboulleau

Homme Assis A Table

Le monde dont il est question ici n’est à proprement parler ni le monde des morts ni celui des vivants. Il s’agit plutôt d’une zone frontière entre ces deux mondes. Un monde impliqué dans l’univers quotidien, que nous voyons et nous touchons.

Cette expérience, un halluciné, le héros d’un roman corse, la définit fort bien en disant de ses songes : Je croyais m’endormir et je m’éveillais à un autre monde confondu avec celui où vivent les autres (…) mais où j’étais le seul à pénétrer (Rogliano, 1975).
De quoi s’agit-il donc ? Nous sommes sur un terrain largement exploré par les ethnologues et les historiens des religions : on sait que l’expérience du sommeil et du rêve a été interprétée par les religions des sociétés primitives comme la preuve de l’aptitude de l’âme à se dégager momentanément du corps,


à se rendre par ses propres moyens dans des lieux fort éloignés, et à y accomplir des actes dont il faut bien que, d’une manière ou d’une autre, la réalité garde la trace.
La plupart des sociétés ont vu dans le rêve l’indication de la nature double des êtres vivants, le signe que le monde visible et matériel n’est pas le seul possible, qu’un autre monde existe, que nous dirions subvisible plutôt qu’invisible et que nous pouvons y accéder par divers moyens dont le rêve est le plus commun. Ce monde subvisible est accessible même à l’état éveillé. Il s’agit alors d’apparitions, qu’on nomme en Corse finzione.
Les mazzeri corses sont des personnages qui ont la faculté de se dédoubler pendant leur sommeil et d’aller, en esprit, battre la campagne. Au cours de ces équipées nocturnes dans lesquelles ils obéissent à une force irrésistible, ils sont amenés, solitairement ou en bandes, à chasser et à tuer des animaux qu’ils guettent en particulier aux bords des ruisseaux. Une fois l’animal tué, ils se penchent vers lui et en lui retournant la tête ils reconnaissent une personne de leur village, parfois même de leur propre famille. Cette personne mourra dans un délai qui va de trois jours à un an. Les hommes chassent au fusil, les femmes au bâton. Bien que redoutés et parfois même haïs en raison de leur pouvoir, les mazzeri sont tenus pour irresponsables de leurs actes oniriques. Ils sont des instruments de la fatalité, accablés par leur destin. Ces phénomènes ont un caractère prémonitoire : ils manifestent qu’une âme vient de mourir dans le monde de l’invisible (dans l’invisible du monde). Cette mort est inéluctable même si elle n’est pas entièrement accomplie dans le visible.
Si les mazzeri disparaissent peu à peu, il reste encore des êtres capables de voir. Ce sont ces traces invisibles, chasses prémonitoires et visions funestes, que le film tente de mettre en scène.

BIOGRAPHIE

Lisa Reboulleau

Lisa Reboulleau

Après des études en sciences humaines et sociales, Lisa Reboulleau étudie le cinéma et se spécialise dans le cinéma documentaire.Les Écrans du Large

Depuis 2011, elle développe une pratique de cinéaste en lien avec les images d’archives. En parallèle de son travail de réalisatrice, elle travaille pour diverses structures qui défendent un cinéma documentaire exigeant, notamment le FIDMarseille et la société de production Les Ecrans du Large.

Depuis 2005, elle est également l’assistante du peintre Jean-Paul Marcheschi.

COMMENTAIRES

  • 9 janvier 2022 13:22 - Paula Gellis Reboulleau

    Je ne me lasse pas de voir et revoir ce si beau film,..si sensible,!!
    Merci Lisa

  • 7 novembre 2021 11:16 - Berkman

    La traversée de nos songes semble quelquefois laisser trace au coeur de nos mouvantes réalités.

  • 5 octobre 2021 07:58 - Cloja

    On vit ce film comme un (beau) rêve éveillé

  • 27 janvier 2021 18:59 - Grisal Monique

    Lisa, c'est juste magnifique............Monique

CRÉDITS

réalisation, image et son Lisa Reboulleau
image Tarek Sami
montage Elsa Jonquet
montage son, mixage Arno Ledoux
musique Pierre Reboulleau
chants Diana Saliceti

production Les Films du Bilboquet & Mardi8
avec le soutien de la Collectivité de Corse, de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Centre National des Arts plastiques, de la SCAM
avec la participation du Centre National du Cinéma et de l’Image Animée

Artistes cités sur cette page

Lisa Reboulleau

Lisa Reboulleau

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