West is the best

West is the best- miniature

Paul-Henry Bizon éditeur des livres West is the best raconte pour KuB comment il est entré dans le projet initié et réalisé par le Studio Joran Briand.

Le début de cette aventure, je m’en souviens… On commençait à bosser et on profitait à plein de Paris, de la vie nerveuse des jours et des nuits, des opportunités, des rencontres. On s’éclatait mais on commençait bien à sentir que, malgré les atours attrayants de la capitale, la mer était loin, trop loin. Depuis quelques semaines, Joran me parlait de son studio idéal : un atelier face aux vagues où passer sa journée à dessiner et profiter de l’océan. Les agences immobilières parisiennes n’avaient malheureusement rien de tel à proposer. Alors, quoi ? Il allait falloir quitter Paris pour nous isoler dans un hangar de la côte basque bretonne ? Ou sacrifier notre besoin d’horizon sur l’autel de la carrière ? Puisque nous n’avions pas de réponses, nous allions devoir poser de bonnes questions.

Joran est donc parti à Los Angeles avec notre pote Marie à la rencontre de quelques artistes vivant près des vagues pour leur demander comment ils avaient organisé leur vie, ce que la mer au quotidien leur apportait. À ce moment-là, on n’avait aucune idée de ce que l’on aurait et de la façon dont allait pouvoir utiliser cette matière. Un livre, un film, des photos, une expo ? Ou rien. Mais le projet était né, tourné vers ce qu’on aimait par-dessus tout, l’ouest et ses embruns, avec son nom en clin d’œil à Jim Morrison : West is the best * !


En jalons de ce roadtrip, il y aura Alex Weinstein, Brian Rea, Julie Goldstein, John von Hamersveld, Sean Knibb, Ryan Tatar… Autant de rencontres qui vont donner naissance à un premier livre et à une exposition et surtout, dessiner un fil directeur que nous suivons toujours : la mer est une source d’inspiration, une ligne de fuite qu’il ne faut pas renier.

Appliquée à nos vies de Parisiens, cette première expérience nous a permis de comprendre une chose essentielle : à défaut de vivre au bord de l’eau, il faut savoir organiser sa vie pour que la tension entre le travail et la source d’inspiration deviennent bénéfique. Gagner en souplesse.

Surfer la vie, comme le dit ce cher Joël de Rosnay. Montaigne qui ne surfait pas, n’en pensait pas moins : Il ne faut pas trop dépendre de ses propres goûts et de son tempérament. Notre qualité principale, c’est de savoir nous adapter à diverses situations. Etre lié et soumis par nécessité à une seule façon d’être, c’est exister, mais ce n’est pas vivre. Les plus belles âmes sont celles qui offrent le plus de variété et de souplesse.

Les nuages du renoncement se sont fait la malle. On avait gagné la première manche contre la dépression citadine mais commencer par la Californie, c’était presque trop facile. Qu’en était-il de la France, ce pays hyper centralisé qui gardait Paris loin des côtes, une capitale presque étrangère à son territoire ?

Le succès du premier opus nous a surtout révélé que nous n’étions pas les seuls créatifs à vivre en faisant le grand écart, constamment tiraillés entre notre travail et notre besoin d’espace. Que certains l’acceptaient et que d’autres, au contraire, avaient choisi de rester amarrés. Alors, Joran s’est embarqué pour un tour de France depuis Paris jusqu’en Bretagne, en passant par la Méditerranée, le Pays Basque et la Vendée.

Les artistes rencontrés en Bretagne révèlent parfaitement cette diversité. Edgar Flauw a choisi de ne pas quitter les côtes du Finistère, travaillant à ses poèmes flottants, utilisant la mer comme son atelier et son fournisseur de matières premières. Corentin de Chatelperron partage son temps entre Paris pour monter le financement de ses opérations, Concarneau et le Bangladesh où il a créé la géniale société Gold of Bengal « pour la recherche, l’aide au développement et la promotion de solutions répondant à des problématiques d’intérêt général, dans le respect et la valorisation de la nature ainsi que des ressources propres à chaque territoire. » De son côté, Ronan Bouroullec, enfant du pays bigouden, a choisi de s’installer au cœur de Paris pour suivre sa route bordée par ses deux passions : son travail de designer qui lui vaut une reconnaissance internationale et le surf qu’il pratique avec acharnement depuis son adolescence dès qu’il en trouve le temps.

Le deuxième volume de West is the best, consacré aux créateurs français, regroupe une vingtaine de ces témoignages – nous aurions pu en récolter cent de plus ! – et tous racontent la nécessité impérieuse de ménager un contrepoint à nos vies professionnelles. Laisser une fenêtre ouverte, garder un point de fuite, un réservoir de souffle qui permette tout simplement de vivre.

* Jim Morrison, The End : He's old / And his skin is cold / The west is the best / The west is the best

WEST IS THE BEST

un film de Brian Llinares et Mehreen Talpur (2016 - 4')

sur une idée originale de Joran Briand

West is the best c’est le nom choisi par Joran Briand, un designer fondu de surf, pour formuler son besoin d’échappatoire, d’horizon dégagé. L’océan comme double inversé de la mégalopole, le surf comme drogue douce, inspiratrice de gestes désintéressés, en quête de beauté. Cette vidéo réalisée par Brian Llinares et Mehreen Talpur retrace les rencontres de Joran Briand avec l’artiste Edgar Flauw, l’aventurier Corentin de Chatelperron et les designers Ronan et Erwan Bouroulec.

LES RÊVERIES D'UN SURFEUR SOLITAIRE

Charles Flamand
Charles Flamand

Né à Paris en 1988. Diplômé de Sciences Po, Charles Flamand partage sa vie entre amour du surf et des mots. Il est l’auteur de Mercoeur, une performance littéraire numérique publiée en temps réel sur les réseaux sociaux. Il participe aujourd’hui au deuxième opus de West is The Best en signant Paradis Perdu, une nouvelle illustrée par Joran Briand.

UN OCÉAN DE BONHEUR

Des préliminaires à l’extase, Charles Flamand retrace l’expérience intime du surfeur qui retrouve son élément (avec en prime les illustrations et les photographies de Joran Briand).

PARADIS PERDU

Paradis perdu évoque le vague à l’âme du surfeur au cœur de Paris, envahi par la nostalgie de l’océan.

JORAN BRIAND

Joran Briand designer West is the best

Designer
Né à Vannes en 1983. Diplômé de l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, Joran Briand travaille d'abord entre New-york et Paris pour le studio Boomdesign et l'agence Noé Duchaufour-Lawrance, puis il crée en 2011 son studio de design et d’architecture intérieure à Paris.

PAUL-HENRY BIZON

Paul-Henry Bizon

Écrivain
Après une formation de lettres à la Sorbonne et d’édition à l’école Estienne, et une année auprès du dessinateur Sempé, Paul-Henry Bizon s’est intéressé aux pratiques émergentes et aux nouvelles signatures du design et de l’architecture. Collaborateur de nombreux magazines – AD, Ideat, The Good Life, Agefi Life, Trajectoire, Holiday… – il parcourt les villes du monde pour décrypter les tendances et les usages d’un nouvel art de vivre urbain. Son premier roman sortira en 2017 chez Gallimard.

CORENTIN DE CHATELPERRON

Corentin de Chatelperron

Aventurier
Né en 1984, Corentin, travaille entre la Bretagne et le Bangladesh. Son association Gold of Bengal promeut l’utilisation de la fibre de jute. En février 2016, Corentin est parti sur son nouveau bateau en fibre de jute, Nomade des Mers, pour une épopée autour du globe.

EDGAR FLAUW

Edgar Flauw

Artiste
Jeune diplômé des Beaux-Arts de Brest, né en 1990, Edgar vit et travaille en connexion avec l’océan. Il pense ses objets flottants comme des manifestes pour changer notre manière d’appréhender la mer et la glisse.

RONAN ET ERWAN BOUROULLEC

Les frères Ronan Erwan Bouroullec

Designers
Nés à Quimper, en 1971 pour Ronan et en 1976 pour Erwan, les frères Bouroullec comptent parmi les designers français les plus influents de leur génération. Retrouvez notre page consacrée aux frères Bouroullec

REVUE DU WEB

SURF ATTITUDE

Psychologies >>> Les sept leçons de la « surf attitude »

Sauriez-vous glisser dans la vie comme sur les vagues ? Pour les adeptes du surf, l’un ne va pas sans l’autre et leur planche les porte aussi à se transformer intérieurement. Voici quelques-uns de leurs enseignements. A méditer aussi sur la terre ferme. Par Emmanuel Poncet, pour Psychologies

COMMENTAIRES

  • 5 avril 2017 19:37 - L'ESTRAN

    Tout l'esprit d'un nouveau festival intitulé SURF & SKATE CULTURE FESTIVAL créé par L'ESTRAN à Guidel (56) du 29 sept au 01 oct 2017 ! Des films, des rencontres, des livres, des expos, de la création tous azimuts ! À suivre sur notre site lestran.net

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