Procréation
Why the robots est une belle tentative de poétiser la PMA et plus globalement tout ce qui nous conduit vers l’artificialisation de la vie, de l’homme augmenté à l’androïde. L’auteure Yseult Le Goarnig accouche d’un film symboliste quasi mystique, une chorégraphie dans un beau noir et blanc où elle fait entendre ses mots sans que les personnages prennent eux-mêmes la parole.
Formellement osé, ce film peut aussi se lire comme une version réactualisée des trois âges de la femme.
WHY THE ROBOTS
WHY THE ROBOTS
d'Yseult Le Goarnig (2020 - 15')
Dans une carrière battue par les vents, une petite fille conçue par insémination artificielle grandit en s’identifiant aux robots. Devenue adulte, elle remonte le fil de sa propre naissance pour y trouver la clé de ce lien mystérieux.
>>> un film produit par Les films du tonnerre
RÉCOMPENSES
Mention spéciale au Tokyo Cinemasters en 2020
Cinq prix à l’Oniros Film Awards de New York en 2020
Un pont entre l’enfance et les mythes
Un pont entre l’enfance et les mythes
par Yseult Le Goarnig
On nous appelle joliment les enfants du don. Petites filles et petits garçons conçus par PMA avec donneurs, nos voix sont encore rares dans le paysage artistique, mais certains d’entre nous ont déjà bien grandi.
Dans les années 90-2000, j’ai vu mon histoire de naissance mal transmise, mal perçue ou mal racontée en grandissant. Sans jamais faire de lien à l'époque, j’étais déjà émue de manière lancinante par les histoires de monstres artificiels, de robots et d’enfants de bois, ces amis imaginaires aux origines floues comme les miennes, en quête d’humanité particulière.
Au cours d’un simple trajet à vélo, j’ai compris d’un coup à 26 ans pourquoi Rachel dans Blade runner, jeune fille androïde ouvrant les secrets de sa naissance, me touchait si fort et depuis si longtemps. Quelque chose résonnait et il fallait le dire. Le texte de Why the robots est né ce soir-là, comme un pont entre l’enfance et les mythes que j’aimais le plus. Il n’y avait pas encore d’images mais j’étais sûre du titre et de vouloir tourner un film en noir et blanc. Une mythologie d’enfant qui n’a pas encore trouvé ses couleurs et se les donne elle-même à travers une quête, c’est comme ça que je me l'explique aujourd'hui. Ce film est le conte dont j'aurais eu besoin à 15 ans. J'ai voulu le réaliser pour combler ce manque. Il parle moins de PMA finalement, qui n'est jamais nommée, que de secrets qui explosent.
Vous y trouverez les ambiances rêvées de Maya Deren et le souffle épique des clips de Woodkid, qui m'ont beaucoup inspirée. Des décors bruts et du métal, pour jouer des fractures naturel/artificiel jusque dans la musique. Il y a l'histoire du voeu absolu de ma mère pour m'avoir et de nos liens intenses, d'un géniteur sans visage et de robots dormants, qui questionnent et protègent. À l'inverse de ceux de Blade runner, ils finissent libres, comme mon héroïne.
J'espère ce témoignage assez intime et sincère pour parler à d’autres. Je l'adresse à tous ceux qui se sont crus robots un jour, faisant des monstres leurs alliés. La petite voix a mis du temps à sortir. J'aimerais qu’elle ne se taise jamais.
Yseult Le Goarnig
Yseult Le Goarnig
C’est par l’écriture qu’Yseult Le Goarnig développe à l’adolescence un univers très personnel, à l’onirisme tranché. Son premier roman publié en 2012, La métropole du vide, suit le parcours d’une petite fille hantée par des images vivantes, dans un monde où l’art est interdit. Devenir réalisatrice sans cesser d’écrire est le rêve de cette jeune bretonne qui suit à Rennes une licence cinéma et se forge une expérience de terrain hétéroclite. Assistanat à la réalisation, production, rédaction audiovisuelle… Le chemin sera long jusqu’au premier court-métrage, Why the robots, tourné en équipe bénévole et passionnée. Un conte de naissance, tourné à deux pas de là où elle est née, dans la carrière des Kaolins à Ploemeur. En parallèle de ce projet de cœur, elle achève un master en creative writings, au cours duquel s’affirme encore plus sa fibre artistique.
Yseult prépare actuellement d'autres projets de films, toujours à dimension mythologique.
Un conte pour raconter l'universel
Un conte pour raconter l'universel
OUEST FRANCE >>> Pendant quatre jours, l’équipe de tournage d’Yseult Le Goarnig a investi les carrières des Kaolins à Plœmeur, pour un court métrage onirique autour de la procréation médicalement assistée.
SLATE >>> Dans ce premier épisode de Parcours, Cécile raconte son parcours qu'elle a vécu en solitaire peu après ses 40 ans. Elle rêvait depuis toujours de construire une famille : finalement, c'est seule qu'elle décide de faire un enfant
EUROPE 1 >>> L’article pour tout savoir sur la procréation médicalement assistée, en France.
FRANCE 3 >>> Amandine, le premier bébé-éprouvette français a vu le jour le 24 février 1982. 40 ans plus tard, quelque 350 000 bébés sont conçus chaque année par fécondation in vitro. C'est ce que raconte le documentaire Éprouvantes éprouvettes.
31 août 2022 12:43 - Tanguy Marie-Lise
Un moment merveilleux emprunt de cette émotion qui vous met les larmes aux yeux. Est-ce le propos simplement ? Non, tout est si beau.
J'y retrouve toute la sensibilité artistique et humaine d'une famille qui a compté dans notre paysage.
Que ce conte soit largement diffusé afin que poésie et réalité apporte reconnaissance aux "enfants du don". !