Yvette, la clef des champs
Yvette est au corps à corps avec ses rhododendrons et son camélia pour en extirper un bouquet. C’est du boulot, dit-elle. De quel boulot s’agit-il ?
Yvette et ses copines sont des bigotes, une espèce en voie de disparition. De celles qui apportent des gerbes de fleurs pour embellir la Vierge et flatter St Julien, dont la vie orne les vitraux de leur chapelle près de Mellionnec. On est tous dans le doute, dit-elle, mais on y croit. La vie d’autrefois, où l’on lavait à la main, se chauffait au bois, se soignait à la maison… elle la vit toujours.
Sa vie a changé quand elle a eu la révélation, en ramassant des œufs au poulailler avec une amie. Elle sent que c’est là que se trouve sa voie. Avec son mari, ils se lancent, jusqu’à produire 13 000 œufs par jour. C’était du boulot, dit-elle. Et pas beaucoup de bons souvenirs au terme de cette vie de labeur…
Yvette, la clef des champs
Yvette, la clef des champs
un film réalisé par Cyril Andres (2016 – 16’47)
Yvette vit dans la maison où elle a vu le jour en 1928. Yvette ne s'arrête jamais, elle cueille des fleurs pour un pardon, retrouve ses amis à la messe, se rend à un chapelet, toujours au volant de sa voiture. Une vie qui semble rythmée par l'organisation des évènements religieux. À travers le témoignage d'Yvette, le réalisateur nous conduit dans un passé où l'Église prenait une place importante dans l'éducation des jeunes filles. Un temps où la vie était essentiellement tournée vers la famille et le travail, et qui ne laissait aucune place pour les voyages ou l'évasion. La caméra s'attarde sur les regards d'Yvette, sur ses sourires presque volés, mais aussi sur ses coups de grogne qui témoignent de la naissance d'une complicité avec le réalisateur. Ce film rend hommage à la pudeur d'une femme à qui l'on a appris qu'il fallait sans cesse aller de l'avant sans jamais regarder derrière soi.
CYRIL ANDRES
CYRIL ANDRES
Cyril Andres a d'abord travaillé comme photographe avant de se tourner vers le cinéma documentaire. C'est notamment sa pratique du portrait qui l'a conduit à s'interroger sur son positionnement artistique et son rapport à l'autre. Autodidacte, il décide de suivre un cycle universitaire en philosophie, puis en sociologie. Aujourd'hui, il réalise son rêve d'enfance, celui de raconter des histoires grâce au cinéma. C'est en écrivant son premier long métrage documentaire dont l'intrigue se déroule dans les catacombes de Paris qu'il rencontre l'équipe de Ty films à Mellionnec ...
9 janvier 2019 18:52 - lathelier
Beau plan sur les mains d'Yvette la "taiseuse" …..Par delà les kilomètres, j'ai connu ces mêmes femmes dures avec elles-mêmes et avec autrui, vouées au travail de la ferme, aux enfants souvent nombreux, et sous la prégnance de la religion et du "qu'en dira-t-on"... Bel hommage à nos ainées….
12 juin 2018 06:13 - Le Foulon
Bonjour, le documentaire s'appelle Yvette et à deux reprises il semble que le réalisateur appelle son "héroïne" Hélène ??? Pourriez-vous m'expliquer. Merci. Sinon j'ai beaucoup aimé ce portrait de femme.