Ne pas crever
Avec Anna Jaouen, Maël Diraison se mobilise pour la cause des femmes en suivant la lutte farouche de l'une d'entre elles, une lutte pour sa survie. Il construit une fiction courte dans laquelle il insère des images d’actualité des années 60 : des manifestantes qui en ont marre du Sois belle et tais-toi.
Son héroïne, une jeune veuve qui a fauté, baigne dans un milieu rural en pleine révolution : le remembrement est en route, les machines arrivent… mais sur le plan des mœurs, la domination masculine bat toujours son plein. Curieuse époque des Trente Glorieuses où le progrès avance à grands pas et où le désir et les libertés sociales des femmes sont encore taboues. Les yéyés chantent l’amour, le rock déchaîne les passions, mais pas question d’accoucher d’un bâtard, ni de parler breton si l’on veut être de son temps.
Dans cette atmosphère empoisonnée, Anna Jaouen baigne dans une esthétique picturale qui compense un peu l’insupportable rudesse des hommes.
ANNA JAOUEN
ANNA JAOUEN
de Maël Diraison (2018 - 20’)
Dans une région en profonde mutation économique et agricole, à l'aube du bouleversement libéral des mœurs, Anna Jaouen raconte l'histoire d'une course, d'une lutte pour la survie, d'une femme qui marche parce qu'elle n'a pas le choix. Parce que c'est marche ou crève et qu'elle ne veut pas crever.
>>> un film produit par Anna Lincoln, Kalanna Production
Une histoire de famille
Une histoire de famille
par Maël Diraison
Bien qu'elles soient partagées par d'innombrables familles, les histoires d'avortements clandestins sont méconnues, recouvertes d'une couche de poussière honteuse, renvoyées à un passé sordide (heureusement révolu). On trouve difficilement des témoignages de femmes ayant avorté avant l'application de la loi Veil. Ces histoires ne nous concernent-elles plus ?
Ma grand-mère s'appelait Annie Maguet. Avant que je ne découvre la vérité sur sa disparition précoce, elle a été pour moi la femme au parapluie, une photo suspendue au mur, chez mes parents. Anna Jaouen en est son incarnation magnifiée.
À l'origine, il y a ma volonté de donner à cette femme ordinaire la substance d'une héroïne, de raconter de manière frontale ce qu'avorter dans la clandestinité veut dire. Au travers de ce film, j'ai voulu qu'Anna nous transmette sa liberté et sa force combative.
Pensé, écrit puis réalisé en breton et en français, le film présente un personnage ancré dans le contexte de la fin des années 50 en Bretagne. Dans son rapport à la langue, à la maîtrise de son corps ou à la brusque transformation de son environnement, Anna Jaouen pourrait parler créole, être polonaise ou vivre au Brésil. La raréfaction des locuteurs brittophones correspond historiquement au grand bond en avant économique de la région : en une génération la langue s'est pratiquement perdue, les parents refusant de l'enseigner à leurs enfants, pour préserver leurs chances de réussite.
C’est la question que pose sa belle-sœur à Anna vers la fin du film : quel avenir tu crois donner à tes enfants?
Maël Diraison
Maël Diraison
Maël Diraison est né en 1987 à Rennes et a grandi dans le Finistère. À 19 ans, il a voulu découvrir la vraie vie et a arrêté ses études pour se faire employer dans la grande distribution. Il en a conservé un intérêt certain pour la thématique du travail et pour le sociologue Bernard Friot.
Il s'est rendu compte vers 21 ans qu'il préférait faire du théâtre. Il a livré des pizzas, des burgers et des sushis et partage maintenant son temps entre l'écriture et le service en restauration parce que réalisateur de courts métrages n'est pas très lucratif et qu'il faut quand même payer son loyer.
Une génération d’enfants acculturés
Une génération d’enfants acculturés
OUEST-FRANCE >>> Rien de doux dans le film de Maël Diraison. La douleur et la souffrance se confondent avec le granit et le vent qui siffle sur la lande.
FILMS EN BRETAGNE >>> combien de parents complexés ont volontairement arrêté de parler breton à leurs enfants pour leur permettre d’évoluer dans la société, en français ? Une majorité. Ma mère fait partie de cette génération d’enfants acculturés, raconte Maël.
13 avril 2024 08:50 - Didiel
merci !
12 avril 2024 01:53 - Bourhis
Merci pour ce beau court métrage. Je fais partie de ces enfants acculturées et il y a toujours un vide, là où il y aurait pu y avoir une langue bien vivante et forte.
Je découvre tardivement la langue qui aurait dû être aussi la mienne et je l'aime.
Françoise
30 septembre 2022 15:20 - Sylvain
Bravo pour ce film !
Après avoir écouté Fleuves et Sarah Floc'h (à ceux qui ne connaissent pas , c'est magnifique aussi, album Odyssea ), j'ai découvert ce court métrage. Des histoires évoqués par nos parents, mais c'est toujours important d'en reparler et le mettre en image marque encore plus les esprits. A l'heure où l'avortement redevient interdit au pays de l'oncle Sam, ce film participe au devoir de mémoire.
10 août 2022 14:00 - Delphine
Je découvre par hasard le court métrage au retour de vacances dans le TGV Marseille Paris. Un moment fort. Très belle réalisation. Bravo. Et belle continuation. Et au cas où pour un prochain projet, je suis comédienne et assure également par ailleurs un boulot alimentaire.
16 mai 2022 09:23 - mael
Trugarez VRAS ! / Merci BEAUCOUP !
pour tous ces messages que je découvre ! C'est toujours fort et important de voir que des gens regardent, commentent et sont touchés par ce qu'on fait ; ça donne de la force ! Merci encore !
2 mars 2022 21:24 - claire
Grande richesse du propos en un temps record. Magnifique portrait. Bravo
5 décembre 2021 22:06 - Guery
Très beau court-métrage. Merci
3 décembre 2021 23:56 - Guibert
Super ,trop bien et bonne continuation pour la suite
3 décembre 2021 21:30 - Dollé
Une actrice exceptionnelle !
3 décembre 2021 20:53 - bretteville
Trés beau film
3 décembre 2021 19:58 - ANTOINE BOUCLET
JE RECOMMANDE
3 décembre 2021 17:38 - SIXT A
une découverte pour moi, une réalité épouvantable, c'est un hommage !
3 décembre 2021 15:59 - Serge Guillaume
Très bonne initiative de faire connaitre les courts métrages bien souvent inconnus d'un large public
31 mai 2021 14:31 - Mael
Merci pour vos messages (je viens seulement de les lire !), les courts-métrages étant rarement vus malgré la somme de travail que leur réalisation représente, c'est toujours précieux de lire les commentaires de spectateurs et spectatrices ! J'ai en effet essayé de faire s'entremêler la question d'une mémoire qu'on pourrait qualifier de féministe avec celle de la langue bretonne, tout en cherchant à ce que ces questions résonnent avec notre présent.
2 mai 2021 08:19 - le bouhart joël
j,ai été bercé par mamm gohz et je pense qu'avec du travail le breton enfouie remonte ,chaque jour sa peine
30 avril 2021 17:02 - Nicole L.
Excellent court-métrage, terrible réalité de l'époque, bravo pour cet hommage et surtout la mémoire...
12 novembre 2020 18:25 - Mael
Mersi bras dit evit ar gemenadenn-se Tifenn ! A-drugarez d'ur skipailh-tan (!) 'oa bet treuzfurmet ar senario orin en ur film-berr brav (ha bev) !!
8 novembre 2020 13:27 - Linéatte Tifenn
Gourc'hemennoù ! A-benn ar fin em eus tro da welet ouzh ar film-se, pell zo e klasken gellet e sellet. Ur skeudenn brav-eston, divizoù reizh ha just, komedian-ed-ed barrek, un dañvezh personel ha sokial mesklet mat, kempouezh ha splann . Trugarez da vezañ savet un oberenn ken brav e koun ar merc'hed marvet digant an diforc'hañ a-spilhennoù.