Au saut du lit
24/01/2028
Pendant quelques mois, Anne-Cécile Estève s’est rendue chez des gens pour les photographier au réveil, une manière intéressante de reconsidérer l’art du portrait. Les photos du studio Harcourt, connu pour ses visages de stars, sont une référence pour la photographe. Elle plante donc dans le salon de ses modèles un dispositif qui va esthétiser l’image à venir. Mais là où Harcourt apprête les visages, Estève les saisit avant qu’ils n’aient le temps de se refaire une beauté. C’est donc la fragilité des êtres qu’elle capte, cet état transitoire où ils retrouvent progressivement leur conscience.
Avec les Tombées de la Nuit, Claude Guinard apporte une dimension supplémentaire à ce projet, en portant ces images dans l’espace public. En période de restrictions sanitaires, de distanciation sociale, l’intimité exposée au grand jour redonne de l’humanité à un vivre-ensemble bien malmené. Livrées sans commentaire, ces images nous interrogent sur ce que nous sommes chacun chez soi et tous ensemble dans un destin partagé.
Une page KuB en partenariat avec Les Tombées de la Nuit
ANNE-CÉCILE ESTÈVE, IMMORTALISER LE RÉVEIL
ANNE-CÉCILE ESTÈVE, IMMORTALISER LE RÉVEIL
(2022 - 15’)
Anne-Cécile Estève et Claude Guinard discutent du projet Métamorphées, de sa réalisation à son intégration dans les Tombées de la Nuit. Plutôt habituées à soutenir les artistes du spectacle vivant, les Tombées ont tout de même été séduites par ce projet et se sont organisées pour faire éclore le travail de la photographe.
L’éloge de l’aube
L’éloge de l’aube
Au commencement, Métamorphées était une affaire personnelle : la photographe Anne-Cécile Estève s’amusait à photographier, au saut du lit, les amis et la famille de passage chez elle. Exercice souvent complexe, parfois impossible. Il lui vient alors l’idée de transformer cet exercice en travail photographique sur le rapport à l’image de soi, à travers la phase de réveil. Il s’agissait de saisir des visages hors contrôle, ceux-là même qu’on ne dévoile que dans la sphère intime. Ce qu’elle effleure avec Métamorphées, c’est ce passage très bref d’un état de conscience à un autre. Le corps s’exprime, se contorsionne, les mains touchent, frottent, caressent. C’est une métamorphose, une mue au sortir de la phase paradoxale. Témoin de ce moment fugace, Anne-Cécile Estève tente de capter un peu de cette grâce fragile qui sommeille en chacun de nous.
Anne-Cécile Estève
Anne-Cécile Estève
Née en 1976, Anne-Cécile Estève découvre la photographie à l’adolescence, en prenant ses amis en photo et en s’initiant à la chambre noire, des heures durant, dans la cave de la maison familiale. Cette passion ne la quittera plus et, quelques années plus tard, elle décide de se former auprès d’un portraitiste de studio. La vie l’emmène ensuite en Indonésie et son travail s’oriente vers une photo au service d’organisations de développement et de défense des droits humains. La vidéo vient compléter son savoir-faire, afin de raconter autrement. De retour en France, elle centre son travail sur des femmes et des hommes au chemin de vie singulier. Elle prend à cœur de montrer leur beauté, et de mettre en valeur leurs fragilités pour en extraire leurs forces. Finalement, photographier les gens est, pour elle, un travail d’écoute mais avant tout un prétexte à la rencontre humaine.
Des projets divers
Des projets divers
FRANCE 3 >>> Après avoir photographié les gens au réveil, Anne-Cécile Estève s’intéresse aux femmes ayant subi une ablation du sein, et la réappropriation de leur corps à la suite de cet événement traumatique.
RCF >>> Interview d’Anne-Cécile Estève, qui parle de son immersion dans le service des urgences de Vannes lors du premier confinement pour rendre hommage aux soignants et aux patients atteints du Covid.
28 janvier 2023 08:54 - CHEREL
Les Rennais sont formidables. Même au saut du lit. Quel joli projet artistique !