Les mémoires vives
Des ouvrières parlent de leur condition. L’évolution des pratiques, des techniques, des produits… Le travail qui se complexifie, s’accélère. Des jeunes femmes qui se forment, intègrent les gestes, acquièrent l’expérience, cherchent à obtenir un CDI, à prendre de l’ancienneté. Accomplir son travail, s’accomplir par le travail. Passer sa vie au travail. Attendre la retraite. Thématiques connues mais vécues différemment au gré des caractères, des situations et des âges. Ces voix intérieures se confient pendant qu’on voit les corps au travail. Travailler avec une machine au risque de devenir machine.
En six courts métrages fascinants, la chorégraphe Cécile Borne et le vidéaste Thierry Salvert explorent le monde du travail tel qu’il est vécu par des femmes. Écriture simultanée de la parole et du mouvement. Chorégraphie réelle et cinématographique : les images s’agencent par associations inattendues, se bousculent, s’entrelacent. Dans chaque film une danseuse et un musicien réinterprètent les gestes, les matières, les outils, les machines, avec leurs sonorités respectives. Le propos est travaillé dans l'épaisseur de l'image, l'empilement, la superposition, les strates du temps, de mémoire, de perception. Composition en mille-feuilles, sans développement linéaire, narratif.
Cécile Borne et Thierry Salvert s'agenouillent au bord de l'image, pour en éprouver le sentiment, afin que rien ne verrouille le regard, que les images s'ébrouent, non pas en virtuoses mais en créateurs, en artisans, en révélateurs.
[Éric Prémel]
LA BISTROTIÈRE
LA BISTROTIÈRE
2011
Le métier du bar, elle est née là dedans. Sa grand-mère, sa mère étaient déjà tenancières de bar. Elle a créé un café-musique mythique à Quimper : Chez Paule. Être derrière un bar, nous dit-elle, c'est une étude de société. Ce métier, ce n'est pas que servir à boire. Pour tenir un bar, il faut aimer les gens.
[danse : Jeanne Mordoj]
LA CÉRAMISTE
LA CÉRAMISTE
2015
À la recherche d'une unité inatteignable, Lucy Morrow, céramiste contemporaine, nous embarque dans son univers. Par le contraste du blanc et du noir, du vide et du plein, du fragment aux vestiges recomposés, se crée une tension dont se saisissent la danse, le son, l'image.
[danse : Florence Casanave]
LES OUVRIÈRES DU TEXTILE
LES OUVRIÈRES DU TEXTILE
2014
Michèle, Morgane, Ludivine et Chantal sont ouvrières dans une usine de textile. Michèle va bientôt partir en retraite après 40 ans au poste d'ourleuse. Voilà 38 ans que Chantal matelasse et coupe. Quant à Ludivine et Morgane, elles viennent d'arriver et apprennent le métier. Quatre portraits de la vie en usine. Au rythme des moteurs et dans le mouvement du tissu, le savoir-faire se transmet... à fond sur la machine.
[danse : Véronique Favarel]
LA PALUDIÈRE
LA PALUDIÈRE
2012
L'univers singulier de Martine Caharel, paludière à Assérac. Tableau sensible où se tissent, au cœur des marais salants, sons, images, paroles et danse.
[danse : Alexandra Naudet]
L'ÉTOILE DANSEUSE
L'ÉTOILE DANSEUSE
2010
Je suis née peintre. Chaque jour encore, je découvre mon véritable métier : fabriquer du silence. Suffit le curriculum, ce joli mot que je laisse aux oiseaux. Je veux prendre le temps comme on prend un bateau ou le train en marche. Il y a urgence. Vos yeux libres. Vonnick CAROFF
[danse : Emanuela Nelli]
LA MÉTALLIÈRE
LA MÉTALLIÈRE
2010
Valérie Louis, titulaire d'un CAP de ferronnerie et de métallerie et d'une licence de soudure, travaille depuis 2009 dans l'entreprise de métallerie Corlay à Douarnenez. Elle décrit son métier comme rude, lourd, sollicitant énormément le corps, mais également passionnant car il demande finesse et précision. Et à la question : est-ce un métier d’homme ? Elle n'en sait rien, mais c'est son métier !
[danse : Carole Paimpol]
UN TABLEAU EN MOUVEMENT
UN TABLEAU EN MOUVEMENT
Chaque film prend appui sur l’univers d’une femme au travail. Nous questionnerons la façon dont cet univers résonne, par les regards croisés d’un vidéaste, d’une chorégraphe, d’une danseuse, d’un compositeur, d’un musicien. Il ne s’agit pas ici d’un documentaire mais d’une sorte de tableau en mouvement. Le choix de ces femmes s’est fait sur plusieurs critères : leur métier, la matière travaillée, le va et vient entre leur univers et la manière dont celui-ci a façonné leur présence corporelle, leur imaginaire, et bien sûr sur la rencontre humaine. Ces films ne sont pas la captation d’une chorégraphie pré-existante mais font l’objet d’une écriture simultanée de l’image et du mouvement. Travailler avec l’image vidéo nous permet une écriture chorégraphique en décalage avec une vision spectacle. La vidéo nous permet en effet de fragmenter le corps et l’espace, le temps et le rythme, de repenser la danse à travers la caméra. La danse est un art particulièrement éphémère. À travers cette série de films, nous réalisons une œuvre durable, qui se réinvente à chaque diffusion. Cécile Borne et Thierry Salvert
PORTRAITS CINÉ-CHORÉGRAPHIQUES
PORTRAITS CINÉ-CHORÉGRAPHIQUES
FILMS EN BRETAGNE>>> Pour la réhabilitation de la friche industrielle des papeteries Vallée à Belle-Isle-en-Terre, Cécile Borne est invitée à présenter une création de danse. Elle propose une collaboration à Thierry. Tous deux s’intéressent aux métiers de la papeterie, et réalisent un film à partir d’une rencontre avec une ancienne employée, La femme-papier. On avait aimé rencontrer cette femme, et on s’est dit qu’on pourrait faire ensemble une série de portraits de femmes, ce qu’on a appelé les portraits ciné-chorégraphiques. Car il y avait trois approches mêlées : documentaire, danse et cinéma expérimental.
OUEST FRANCE>>> Deux réalisateurs donnent corps au travail féminin
À chaque fois, les créateurs procèdent de la même manière et arrivent à quatre sur les lieux de travail des femmes qu'ils ont choisi : les deux réalisateurs, un compositeur sonore, Kamal Hamadache, et une danseuse. Nous avons réalisé les castings des danseuses en fonction des portraits que nous souhaitions faire, commente Cécile Borne. Que ce soit dans un atelier textile de Quimper ou dans les salines d'Assérac, Cécile et Thierry engrangent des images, Kamal du son et la danseuse, elle, s'imprègne de l'ambiance, des lumières, des mouvements et des tensions corporelles des travailleuses.
Nous partons filmer sans scénario, ces portraits s'écrivent au montage, commente Thierry Salvert. Une fois les images tournées, en studio les danseuses imaginent des chorégraphies pour exprimer le ressenti du travail des femmes filmées.
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