L'idole

un clip réalisé par Thomas Charmetant (2019 - 6’)

Le garçon cherche à entrer dans le grand magasin mais ne le peut. Il a beau s'obstiner, il finit par danser avec des charriots. Au cours des deux refrains, le garçon devient le chanteur. Le reste du temps, il est le personnage du texte. Plus on avance dans la chanson, plus il semblerait que ces deux entités soient une seule et même personne. Si vous ressentez un vertige, même petit, suite à cette dernière phrase, c'est que vous êtes fait pour la philosophie.

par Thomas Charmetant

On est en voiture, avec Antoine, qui est un excellent conducteur et aussi un réalisateur que je considère comme très doué (je l'avais un peu aidé pour Le gang des DS). On passe devant le parking d'un grand magasin, le même que dans le clip. Antoine me dit son envie de réaliser une vidéo pour sa chanson L'idole. Il irait volontiers tourner à l'intérieur, en caméra cachée, pour avoir les rayons et éventuellement des clients, des caissières. Je dis non. Il faut rester sur un parking vide, et il ne faut surtout pas montrer l'intérieur. J'invoque d'excellentes raisons que j'oublierai par la suite. Quelques mois après, peut-être même un an ou deux, Antoine, dont on peut dire qu'il est quelqu'un qui jouit d'une excellente mémoire, me demande de l'aider à faire son clip, sur la base de cette idée. Au cours de deux-trois heures de tournage, je prends le pouvoir sur son corps et ses émotions. Il y consent. À la fin, je lui demande s'il veut bien me laisser m'occuper du montage. Il accepte. Je lui ai donc volé cette vidéo. Il ne m'en veut pas. Je lui livre mes intentions une fois le montage achevé, une fois que j'ai eu compris le pourquoi de tout ça : La caissière est la princesse, le magasin est le château, l'amour est impossible alors de fait, il n'est pas question de parvenir à pénétrer le château. Et de surcroit, pour cette histoire ancienne qu'on ne saurait situer dans le temps, la mémoire du lieu (vide) vaut bien mieux que les futurs proches d'une cohorte d'inconnus aux destins hors-sujet.

Amour, drame et synthés... Depuis 2014, Antoine Garrec écrit, compose et chante des chansons en français.
En concert, il est entouré d'un cockpit de synthétiseurs, d'une boîte à rythme, d'une pédale de sample et de divers effets (fuzz, delay, reverb...). Depuis peu, il joue également en acoustique avec un synthétiseur à pile. Sa musique est plutôt minimaliste.
La sortie de son premier album Plastique Sahara est prévue pour Noël 2019.

Les paroles d'Antoine sont autobiographiques et s'inspirent de micro-drames du quotidien comme espérer qu'un sms s'affiche enfin, le souvenir d'un rêve d'enfance à la piscine municipale, l'histoire d'un amour platonique avec une caissière de supermarché, la quête d'exotisme local... Sa voix est parfois mélodique et parfois moins. Elle oscille entre douceur (avec certaines parties parlées), passages scandés et envolées rageuses viscérales.
Antoine a également réalisé le Gang des DS, une enquête filmée sur une bande de jeunes bigoudens sévissant dans les années 80, un film documentaire sorti début 2017 et disponible sur KuB.

Thomas Charmetant est chef-opérateur en pellicule depuis 1992 puis en vidéo depuis 2003. Il réalise des documentaires radio depuis 2008 puis vidéo depuis 2014 et des clips musicaux depuis qu'il a rencontré Antoine Garrec. Par ailleurs, il monte et/ou mixe ses propres musiques et films et parfois ceux des autres. Il n'a plus suivi d'études depuis 1991 mais utilise un téléphone portable depuis 2016 et préfère vivre et travailler dans le Finistère, quand c'est possible. Il refuse rarement un voyage, surtout sur le réseau TER Bretagne. Il s'habitue lentement aux climats chauds-humides.