par Rachid Bara
Avec ses 46 000 âmes, Kokomo est une ville du comté de Howard dans l’Indiana, aux Etats-Unis ! Kokomo, c’est aussi un hit des Beach Boys, de 1988, racontant le voyage d’un couple d’amoureux sur une île relaxante des Caraïbes appelée... Kokomo.
Mais, KO KO MO, c’est quoi ?! C’est un duo musical explosif charismatique originaire de Nantes, deux bêtes de scène incroyables qui, en peu de temps et une flopée de concerts, font du bruit dans le Landerneau...
KO KO MO, c’est Warren Mutton (guitare - chant) et Kevin K20 Grosmolard (batterie - chœurs). À eux deux, ils incarnent la fureur de vivre, toujours à fond, dans la veine de Led Zeppelin, The White Stripes et The Black Keys. Warren, en chanteur aux vocalises parfois androgynes proches d’un Robert Plant et un jeu de guitar hero à classer entre Jimmy Page et Jimi Hendrix, et K20, en John Bonham ou Keith Moon de The Who pour le sens du show et la furie.
Pour preuve, ce fameux 4 décembre 2015 aux 37e Trans Musicales de Rennes, quand à l’heure du goûter, devant des professionnels blasés et un public pas encore bien chauffé, les deux protagonistes ont déboulé et, après cinq minutes ont fait bouger et crier la foule avec leur rock’n’roll blues hypnotique et sauvage. Tant de feeling et de dextérité, c’est l’éclate totale ! Le public chavire et chancelle, tout en étant transporté ailleurs et higher. On se croirait à Woodstock, mais c’est moderne, une relecture actualisée des fondamentaux du rock, du blues et du psychédélisme.
Révélations des Trans, le duo a aussi écumé les clubs et les salles en France et en Asie (Chine, Inde, Indonésie et Corée du Sud) avec toujours cette fougue et cet entrain.
Passer de la haute énergie des concerts à un premier album studio dix titres, Technicolor Life, la tâche semblait ardue, voire impossible. La rencontre avec le réalisateur artistique de Liverpool, Al Groves, s’est avérée essentielle. Cet ingénieur du son est, depuis 2012, le sorcier du son du Studio Motor Museum, par lequel sont passés Oasis, Arctic Monkeys, The Coral ou encore The La’s. Il est disque d’or avec le groupe métal Bring Me The Horizon. Al Groves est venu à Nantes pour rencontrer Warren et K20 et travailler les arrangements. Le duo KO KO MO se joue alors en mode trio. Les trois musiciens se sont trouvés pour bien faire sonner cet album, enregistré à Nantes et mixé à Liverpool. Al Groves y a mis sa patte et ses oreilles so british, afin d’en transcender les mélodies.
Cela donne un objet sonore tonitruant et terriblement catchy. Avec dix morceaux à l’ancienne, comme au bon vieux temps du vinyle, KO KO MO commence sa carrière discographique. En ajoutant des parties claviers en guise de gimmicks, en épurant les arrangements et en triturant les sons des guitares pour rendre les riffs plus explosifs, les chansons sonnent avec encore plus d’efficacité auditive. Cela donne du bon rock’n’roll bluesy à la sauce pop et des tubes potentiels, avec des titres comme Pass It On, Cherokee Gal, Killing The Kid, Ring Your Time ou Technicolor Life. Le blues traditionnel du bayou Hard Time, du génial Nehemiah Curtis Skip James écrit en 1931 résonne ici de façon mortelle. Le flow blues du delta du Mississipi en mode Loire, revisité par le Mersey Sound, coule alors de source vers la transcendance. Le disque finit en beauté par une ballade sentimentale, Lil’ Feather, juste retour du slow sensuel et langoureux.
Tout au long de l’album, la voix de Warren, à la fois enjôleuse et rageuse, entre Robert Plant et Jeff Buckley, est savamment mise en valeur dans le mix. Les rythmiques sont vivantes et groovy à souhait. Elles offrent une belle dynamique à l’ensemble, aidées par des riffs de guitares tueurs. Al Groves privilégie, dans son travail d’architecte sonore, la force des mélodies et le dynamisme. Un peu plus près des étoiles, KO KO MO lance un gros pavé dans la mare où nos deux froggies sautillent de joie avec le rock’n’roll en guise de loi, le blues joué avec la foi et la pop en soi !
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