Ça finira aux prud'hommes

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Les prud’hommes sont une juridiction constituée de représentants élus, des salariés et des employeurs, chargés de trancher des litiges relatifs au non-respect du droit du travail.
La réalisatrice Julie Talon nous introduit dans les audiences du conseil des prud’hommes de Paris, nous permettant de mieux saisir ce qui se joue là : écouter des travailleurs en souffrance et juger objectivement des violations de leurs droits. La particularité de cette justice est qu’elle n’est pas rendue par des professionnels du droit, mais par des acteurs de tous les domaines économiques, tant du côté des employés que des dirigeants.
Au fil des affaires qui se succèdent, un état des lieux d’un monde du travail en tension se dessine, dans lequel les syndicats ont moins de prise, ce qui fait que Ça finira aux prud’hommes.
Le film égraine ainsi des portraits sensibles de femmes et d’hommes consciencieux et bienveillants, qui s’efforcent de maintenir la justice, ceci au moment où les prud’hommes sont fragilisés. En dix ans, le nombre d’affaires traitées a été divisé par deux, la saisine complexifiée, les indemnités des conseillers réduites, les procédures sensiblement ralenties et devenues plus coûteuses pour les plaignants. Une situation qui, couplée à un niveau de chômage important, désavantage les salariés, notamment ceux qui occupent des emplois précaires, peu rémunérés.

FILM

ÇA FINIRA AUX PRUD'HOMMES

de Julie Talon (2019 - 61')

Au bureau de jugement des prud’hommes de Paris, c’est un concentré de la société française qui défile : coiffeur, banquière, garde-malade, responsable commercial, livreur… Derrière les atteintes aux droits, la plupart des litiges jugés ici révèlent un besoin vital de reconnaissance et de dignité. En marge des audiences, les juges-conseillers, magistrats non professionnels chargés de trancher au nom du peuple français partagent leurs pratiques et leurs réflexions.

>>> un film produit par Clara VUILLERMOZ, Les Films du Balibari

〝Un besoin vital de reconnaissance et de dignité〞

Julie Talon, réalisatrice
À PROPOS

Une foisonnante comédie humaine

La réalisatrice Julie Talon témoigne de l'énergie et de la pertinence des instances prudhommales face la violence sociale ordinaire

Le conseil de prud’hommes de Paris statue sur des contentieux individuels liés aux contrats de travail entre employeurs et salariés de droit privé. 13 869 conseillers prud’hommaux siègent dans les 210 conseils répartis sur le territoire français. Celui de Paris comprend plus de 800 conseillers et traite 10 % du contentieux français. Depuis 2008, l’instauration de la rupture conventionnelle a entrainé une diminution des procédures. À partir de 2015, les réformes du Code du travail et les ordonnances Macron ont rendu plus difficile l’accès aux prud’hommes. En 2018, ils ont traité 119 669 affaires, contre 203 103 dix ans plus tôt. Aux prud’hommes, avec l’incroyable diversité des situations, des métiers, des conflits, je me suis retrouvée devant une foisonnante comédie humaine. En effet, cette succession de brèves histoires nous emmène bien au-delà d’un registre purement socio-économique. Derrière les atteintes aux droits ou plus prosaïquement au portefeuille, qu’il s’agisse de salaires impayés, de licenciement abusif ou de harcèlement, la plupart des litiges révèlent un besoin vital de reconnaissance et de dignité des plaignants.


Or c’est sans doute parce que notre société le satisfait de moins en moins qu’elle est sapée par de multiples formes de violence. Voilà ce qui m’amène à considérer les prud’hommes comme une instance essentielle où peuvent souvent, mais pas toujours, être réparés les dégâts physiques et psychiques causés par les rapports de force au sein de l’entreprise : employés trompés, humiliés ou harcelés par des patrons voyous, employeurs agressés ou escroqués par des salariés malhonnêtes. On en voit ici de toutes les couleurs et on est bien loin du manichéisme. Jour après jour, dans ces salles d’audience, j’ai vu se refléter et se rejouer la violence sociale ordinaire : tous les protagonistes le répètent à l’envi et j’ai été sidérée de constater avec quelle force cela se manifeste. Je l’ai vu jusque dans le corps des justiciables qui me donnent parfois l’impression d’être KO debout à la sortie des audiences. Les plaidoiries sont publiques et l’oralité est un des principes de base des prud’hommes car à l’origine elle était censée permettre à tout un chacun, lettré ou illettré, de se défendre. C’est principalement en compagnie des juges que nous décryptons ce qui se joue dans ce tribunal. Juges du travail, ils sont d’abord des employeurs ou des salariés. Ils sont ou ont été DRH, juristes, VRP, patrons de PME, d’autres encore ouvriers, secrétaires, vendeurs… À l’heure où le lien social se délite, où le chacun pour soi tend à devenir la norme, j’ai choisi de construire mon film autour du travail de ces magistrats non professionnels qui mettent tant d’énergie au service de leurs concitoyens, qui jugent au nom du peuple français et continuent à faire vivre cette juridiction populaire, paritaire et de proximité.

BIOGRAPHIE

Julie Talon

Julie Talon - portrait - Gabarit

Julie Talon est née à Paris en 1973. Après avoir réalisé deux courts métrages remarqués dans le cadre de l’option cinéma de son lycée, elle suit un DEUG d’histoire de l’art/sociologie. Elle est ensuite admise dans un BTS Image, où elle est formée au métier de chef-opératrice. Pour finir ses études, elle décide de revenir à la fac où elle passe une maîtrise Pratique de cinéma à Paris VIII. Elle y découvre le documentaire grâce à Jean-Henri Roger, qui l’accompagne dans l’écriture de son premier film Baiser certain. Julie Talon réalise ensuite huit documentaires et un film très personnel, Comme si de rien n’était (2012), qui raconte la lente dérive de Rose, sa grand-mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Toutes ses réalisations reposent sur la qualité de relation très particulière, à la fois intime, confiante et sans complaisance, qu’elle sait créer avec ses personnages.

REVUE DES MÉDIAS

Un tribunal qui se vide

ÉDITIONS LÉGISLATIVES 📝 (2022) >>> Le tribunal des prud’hommes bientôt transformé en tribunal du travail ? C’est ce que laisse sous-entendre le dernier rapport remis par le ministre de la Justice.

LES ÉCHOS 📝 (2020) >>> Le vrai bilan de la réforme des prud’hommes. En voulant donner de la prévisibilité aux employeurs, le gouvernement n'avait vraisemblablement pas en tête que cette réforme produirait aussi de la complexité.

FRANCE INFO 📝 (2019) >>> Le 22 septembre 2017, Emmanuel Macron signait les ordonnances réformant le Code du travail. L’une des mesures est l’encadrement des indemnités en cas de recours aux prud’hommes pour un licenciement sans cause réelle ni sérieuse. Quelles sont les conséquences visibles aujourd’hui ? 

COMMENTAIRES

    CRÉDITS

    réalisation Julie Talon
    assistant réalisation Étienne Crépin
    image Laurent Fénart, Julie Talon
    son François Waledish

    montage Nicolas Milteau
    mixage Dominique Vieillard
    étalonnage Graziella Zanoni
    musique Michael Wookey

    production Les Films du Balibari
    avec la participation de France 3
    avec le soutien du CNC, la Région Île-de-France, la Procirep-Angoa

    Artistes cités sur cette page

    Julie Talon - portrait - Gabarit

    Julie Talon

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