Guérande, un peu de la beauté du monde

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Paludiers

Avec Guérande, un peu de la beauté du monde, Sophie Averty donne la parole à ceux qui se sont mobilisés dans les années 1970-80 pour que les marais salants ne soient pas sacrifiés sur l’autel du modernisme libéral. Ce faisant, elle saisit un paysage d’une beauté plastique singulière, immense damier changeant au gré des marées, dans lequel l’eau de mer s’évapore lentement par l’action du soleil et du vent. Il y a, dans le geste du paludier caressant la surface de l’eau avec son outil, une parenté avec celui du peintre sur sa toile.

Dans ce film choral, la beauté du monde apparaît aussi quand les hommes retrouvent un rapport harmonieux à la nature. Par le recours aux archives, la réalisatrice retrace le combat politique de réappropriation d’un territoire destiné à être voué au tourisme, par une génération de néoruraux, comme ceux qui au même moment réinvestissaient l’Ardèche ou le Larzac. Des utopistes qui ont su défier les puissances de l’argent, et qu’il s’agit aujourd’hui de relayer, face au nouveau défi que représente le changement climatique et l’élévation du niveau de la mer.

FILM

GUÉRANDE, UN PEU DE LA BEAUTÉ DU MONDE

de Sophie Averty (2021 - 59')

Dans le Panthéon des luttes paysannes des années 70 qui ont réussi, il y a le Larzac et Guérande. C'est un double combat qu'il a fallu mener à l'époque : écologique, contre un projet de rocade sur les terres des paysans de la mer: économique pour sortir le marais du marasme et permettre aux paludiers de vivre de leur métier. Etudiant·es et enfants de paludiers par la force de leur cohésion, ont sauvé un peu de la beauté du monde.

>>> un film produit par Gilles PADOVANI, .Mille et Une. Films

INTENTION

Les fruits de la lutte

par Sophie Averty

J'ai toujours été portée par l'envie de partager des rencontres avec des personnages dont les engagements me touchent : celles et ceux qui se battent pour les plus faibles ou pour le bien commun. Ce film vient en écho à mon tout premier documentaire, Une vie saline, tourné il y a 30 ans. C'était un portrait de Joseph Péréon, figure de la presqu'île guérandaise, conteur à ses heures. Il y transmettait avec beaucoup de lyrisme l'amour du métier de paludier et son attachement au paysage dans lequel il vivait. Mais, à l'époque, il ne m'avait rien dit des combats des années 1970 et de l'arrivée de néo-ruraux venus défendre les marais contre une quatre-voies qui devait contourner la station balnéaire de La Baule et couper l’approvisionnement en eau de mer de nombreuses salines.

J'ai un attachement très particulier aux marais salants, paysage qui me fascine, construction humaine où les éléments se donnent rendez-vous. Les paludiers ont dû lutter pour préserver ce site et, en un demi-siècle, ils ont fait un pas de géant, passant d’un temps où les marais s'étiolaient, mal entretenus par des paysans natifs de Guérande lassés d'un métier de misère, à une période faste où ils peuvent vivre de leur métier, dans un site classé. C'est une histoire stimulante, une victoire obtenue grâce à la ténacité de celles et ceux qui n'ont pas craint de s'opposer à des décisions qu'ils jugeaient infondées, contraires au bien commun. La mobilisation sur le temps long a fini par payer. Et les solutions mises en place pour organiser la filière et permettre à tous de vivre décemment ont permis aux paludiers de prouver qu'un modèle économique coopératif, solidaire et respectueux de l’environnement était possible.

Les acteurs de cette histoire ont eu à cœur de garder la trace de ces années de résistance parce qu’elles se sont inscrites dans un projet qui allait au-delà de la seule opposition à la rocade. Les activistes ex-soixante-huitards qui ont mené la lutte aux côtés des paludiers sont restés impliqués après la victoire. L'arrêt de la rocade, un grand projet inutile, absurde et destructeur de biodiversité, a stimulé la création d'une organisation mutualisée et solidaire pour transmettre ses valeurs à la jeune génération. C’est cela qui m'a touchée et fait naître mon désir de film.

BIOGRAPHIE

Sophie Averty

Averty - portrait - Gabarit

Sophie Averty est monteuse de documentaires de création et de courts métrages, et réalisatrice ponctuelle. Son premier film, Une vie saline, a été primé au Cinéma du réel et au Festival de court métrage de Clermont-Ferrand.

REVUE DU WEB

Au Panthéon des luttes paysannes

FRANCE 3 📝 (2022) >>> Dans les années 1960-70, la mise en échec par la mobilisation des habitants aidés par des jeunes, des étudiants qui se sont ensuite installés comme paludiers, contre le projet de construction d’une rocade. Une aventure politique, sociale, économique et humaine

BRETAGNE CULTURE DIVERSITÉ 🎬 (2018-33') >>> L’histoire de l’exploitation et du commerce du sel retracée, dans ce documentaire, par Gildas Buron

FRANCE CULTURE 🎧 (2011-56') >>> Podcast Terre à terre, rencontre avec Gilles Bernier, paludier

COMMENTAIRES

    CRÉDITS

    réalisation Sophie Averty
    image B. Latouche, D. Lejosne
    son J. Halbert, M. Gracineau, C. Gigon

    montage Sophie Averty
    mixage Martin Gracineau
    étalonnage Bertrand Latouche
    musique originale Benjamin Jarry

    production .Mille et Une. Films
    avec la participation de France Télévisions, TVR, Tébéo, Tébésud
    avec le soutien du CNC, de la Région Bretagne, la Région Pays de la Loire, la Procirep-Angoa

    Artistes cités sur cette page

    Averty - portrait - Gabarit

    Sophie Averty

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