Sa peau sur scène
17/01/2025
Trois jeunes femmes convergent dans un projet scénique, physique et verbal, des corps et des mots-dynamite pour déloger les conformismes liés à la condition des jeunes de banlieue, à la domination masculine, à la pression sociale pour entrer dans le moule…
Beaucoup d’énergie et de sourires, d’esquives et de coups de gueule, et une sorte d’effervescence vitale, tout à fait réjouissante et inspirante !
Une page en coédition avec
PIÈCE D'ACTUALITÉ N°12 : DU SALE !
PIÈCE D'ACTUALITÉ N°12 : DU SALE !
de Marion Siéfert (2019 - 9')
La scène hip-hop du 93 débarque au Festival TNB : une rappeuse et une danseuse qui, chacune à sa manière, s’emparent de la scène pour donner vie à leurs peurs et leurs désirs, à leurs rêves et leurs cauchemars.
Théâtre ouvert
Théâtre ouvert
par Marion Siéfert
Qu’est-ce qui peut bien naître de la rencontre entre le rap et le théâtre ? Quelle parole va émerger ?
Je suis partie à la recherche d’une rappeuse pour le rôle principal de ma prochaine pièce. Je rêvais d'une femme qui frappe avec ses mots, qui s’impose dans un milieu d’hommes, une femme capable de mettre sa peau sur la scène. J’ai écumé les open mic et battles de rap d’Île-de-France, en ne pensant qu’à cette personne rêvée que je ne connaissais pas encore. Je l’ai finalement rencontrée : elle s’appelle Laetitia Kerfa aka Original Laeti. Mon chemin a également croisé celui de Janice Bieleu, 17 ans, une danseuse de popping et de Lite Feet.
Je rêve avec elles d’un théâtre où les vies, les visages et les voix des jeunes gens d’aujourd’hui, d’un théâtre pensé pour eux et avec eux. Je souhaite que Du sale ! soit comme un écrin où leur intensité, leurs rythmes et leurs mots puissent se déployer, leur art de la métamorphose aussi.
Marion Siéfert
Marion Siéfert
Marion Siéfert est autrice, metteuse en scène et performeuse. Son travail est à la croisée de différents champs artistiques et théoriques et se réalise via différents médiums : spectacles, films, écriture. En 2015-16, elle est invitée dans le cadre de son doctorat à l’Institut d’études théâtrales appliquées de Gießen (Allemagne). Elle y développe son premier spectacle, 2 ou 3 choses que je sais de vous, qui sera ensuite présenté au TJCC, Festival Parallèle, Festival Wet°, au TU à Nantes, au théâtre de Vanves, à la Gaîté Lyrique, entre autres. Elle collabore sur Nocturnes et L’époque, deux films du cinéaste Matthieu Bareyre tout en étant associée au travail de compagnies (L’Accord Sensible, Joris Lacoste et le collectif allemand Rimini Protokoll) en tant qu’interprète, dramaturge, assistante à la mise en scène. Elle joue pour Monika Gintersdorfer et Franck Edmond Yao dans Les Nouveaux aristocrates, dont la première a eu lieu aux Wiener Festwochen 2017.
Depuis septembre 2017, elle est artiste associée à La Commune - CDN d’Aubervilliers. En 2018, elle y crée Le grand sommeil, avec la chorégraphe et performeuse Helena de Laurens, programmé à l’édition 2018 du Festival d’Automne. Pièce d’actualité n°12 : DU SALE ! est un duo pour une rappeuse et une danseuse, et a été créé en mars 2019. Elle prépare actuellement _jeanne_dark_, qui sera créé à l’automne 2020 dans le cadre du Festival d’Automne à Paris.
Marion Siéfert est artiste associée à La Commune centre dramatique national d’Aubervilliers, et accueillie en 2019-2020 au Théâtre Nouvelle Génération-CDN de Lyon dans le cadre du Vivier, dispositif de soutien à la recherche scénique et à l’émergence artistique.
Laetitia Kerfa, aka Original Laeti
Laetitia Kerfa, aka Original Laeti
Algérienne et guadeloupéenne, Laetitia Kerfa aka Original Laeti (1994) a grandi à Paris. Elle commence à rapper au sein du collectif Keskiya, puis elle poursuit son propre chemin. Elle met dans ses raps ce qu’il y a de plus intime, sans s’interdire de jouer des différents personnages et des contradictions qui la composent. Au fil de ses textes, elle construit un rap singulier, incisif et brûlant, qui puise tout autant dans la trap que dans le boom bap. Elle est passée à la Scred Radio, à Vaudou Paname, Radio Campus, Radio Libertaire et Radio LAP. Elle a fait la première partie de Rocé à la Petite Maison, a donné des concerts à l’Alimentation Générale avec DJ Nan’s, au Café de la Pêche, à la Comédia. Elle s’est produite dans des festivals comme Do The Red Things, Intersection et Irruption à Belleville.
Janice Bieleu
Janice Bieleu
Janice Bieleu commence la danse avec sa sœur. Elle prend ensuite des cours de popping et de hip-hop. Lors d’un séjour aux États-Unis, elle approfondit un nouveau style de danse, le Lite Feet, une variante du hip-hop d’abord développée à Harlem. Cette danse repose sur une succession de steps rapides et d’attitudes, qui se concluent sur un locking pour accentuer l’ensemble et marquer le beat. Depuis 2018, elle est membre du collectif qui représente la France lors des rencontres de Lite Feet. Elle étudie également en licence de STAPS.
Déflagration
Déflagration
FRANCE CULTURE >>> Une émission spéciale autour du Festival TNB à Rennes 2019, avec quatre femmes artistes qui y participent. Marion Siéfert met en scène dans Du Sale! la rappeuse Laëtitia Kerfa. Cécila Bengolea propose une nuit de dance hall comme en Jamaïque. Vanessa Larré présente La Passe.
NEXT LIBÉRATION >>> À Aubervilliers, la langue rappeuse. Marion Siéfert : J’ai senti que Laeti avait très envie d’être mise en scène. Que se dire comédienne était quelque chose d’immense pour elle. Je me suis posé des questions sur ma place, si je serais capable d’assumer ce rôle de mentor, de tenir l’énergie jusqu’au bout.
UN FAUTEUIL POUR L’ORCHESTRE >>> DU SALE ! n’est pas le spectacle de rap et de hip hop à la mode comme l’industrie et l’institution culturelle en produisent tant, reproduisant paresseusement les stéréotypes. DU SALE !, c’est le portrait délicat de deux femmes libres qui dansent et rappent leur vie. Choisissant leurs mots, choisissant leurs gestes, elles osent s’offrir au monde.
LES INROCKUPTIBLES >>> Festival TNB : Une fête à la croisée de toutes les formes du spectaculaire où les dénonciations de la violence du monde et de celle faite aux femmes réunissaient la performance et le théâtre documentaire, pour éclairer ces thèmes à travers l’histoire et des chroniques contemporaines en convoquant le réel aussi bien que l’imaginaire de la bande dessinée et celui du cinéma.
MÉDIAPART >>> Le silence et la parole du corps, les mots et le jeu d’un autre corps ; le spectacle s’est vite profilé. Le titre Du sale ! reprend une expression qui circule dans le milieu du rap et puise son origine dans le deal, l’argent sale, mais sa polysémie est galopante.
COMMENTAIRES