Pères et fils
17/02/2025
Je connais le travail d’Éric Courtet depuis longtemps, la conversation est facile. Je sais que si nous sommes assis là, dans les tribunes du stade de Locunel à Lanester, c’est parce que ce lieu le ramène à son enfance, qu’il l’a déjà photographié, dans une autre série. Éric est tendu, fatigué par ce projet un peu lourd, une série de portraits pères-fils qui ne peut pas glisser comme ça sur son auteur : pour les faire, il a fallu donner de soi, parler, beaucoup, et prendre aussi ce qui est venu, en confrontant des histoires et des non-dits, des postures parfois ancrées loin. Il nous montre le résultat, et il parle, beaucoup.
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DONNER DE SOI ET ÉCOUTER
DONNER DE SOI ET ÉCOUTER
par Isabelle Nivet
En janvier, avec KuB, on a fait notre premier tournage en commun. C’était une idée qui nous tournait dans la tête depuis longtemps : nous on fait causer, eux ils filment. Un après-midi de janvier, je retrouve Serge Steyer - réalisateur, et Éric Courtet - le photographe que je dois interviewer. Le stade de Locunel est désert, tout est gris, les gradins en béton sont vides ; le lieu a de la gueule, vieillot mais typé, une ambiance très cinématographique. Il pleut depuis le matin, les mecs poireautent depuis une demi-heure, ils sont gelés, on commence immédiatement avec un test de son. Pour les images, ils ont eu le temps d’en faire en m’attendant.
Les confidences de l’image
Les confidences de l’image
par Joël Jouanneau
Texte écrit pour l'exposition Apparent(é)s, Galerie Tal Coat, Hennebont du 1er février au 11 avril 2020.
Homme de l’image photographique, et donc du tremblement devant la révélation, il devait être écrit sous les semelles d'Éric Courtet qu’il songerait un jour à ce qui, ne pouvant être dit, soit susceptible d’être montré. En homme déraisonnable qu’il faut parfois savoir être pour avancer dans son travail, cet artiste a choisi de traiter le problème par l’abord de l’une de ses racines les plus complexes : la relation pères & fils que l’on se gardera de limiter ici au chemin de croix et au confessionnal. Il fallait quelques courageux - dont lui-même - pour essuyer les plâtres d’une démarche pour le moins hardie, qui implique d’aller à la rencontre, d’être à l’écoute de possibles réponses et plus encore des silences parfois assourdissants où l’on est au plus près de la vérité pour ensuite, par-delà la barrière infranchissable des dents, proposer une accroche fragile, la mettre en scène et finalement tenter de fixer, pour l’éternité et le temps d’un déclic, une image possible des nœuds et secrets obscurs qui relient ces pères et ces fils.
Ce n’est pas à moi ni même au photographe mais aux images ici présentées de dire leurs vérités. Chacune d’elles a sa partie immergée, elle fait face à vos yeux. L’autre, celle cachée de l’iceberg, attend votre silence et que vous lui prêtiez votre oreille. Et à moins que le secret ou l’énigme de chacune ne soit semblable à ces noix dont la splendide coquille ouvre parfois sur le vide, il vous reste à traduire ou écrire ce que l’image vous aura confié.
Transmission silencieuse
Transmission silencieuse
par Éric Courtet
D’où viennent nos pères ? Qui sont-ils ? Que transmettent-ils ? Et qu’attendent les fils ? A partir de ces interrogations, je choisis de m’approcher de certains d’eux. À la lisière de leur histoire. Les moments partagés naissent ainsi devant moi, deviennent précieux à travers l’objectif. Les gestes se font, doucement, les regards se trouvent, souvent. Les mots se disent, parfois. Et les choses se répercutent.
Apparent(é)s se révèle, sous le signe du lien.
Éric Courtet
Éric Courtet
Éric Courtet, né en 1968 à Lorient, est un passionné de théâtre et de littérature. Au début des années 90, il s’initie à la photographie sur les scènes de la région parisienne, et plus particulièrement au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, dirigé alors par Didier Bezace. Diplômé de l’École Française d’Enseignement technique (EFET) à Paris, section formation à la photographie, il revient à Lorient en 2005 et s’oriente vers une photographie plus personnelle puisant toujours son inspiration dans les œuvres d’auteurs qui interrogent les affaires d’âmes, Ingmar Bergman, Pier Paolo Pasolini ou Andreï Tarkovski.
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