Seconde peau
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SOMMAIREDiffusion terminée
Sur mesure
Le film de Pauline Devi nous fait entrer dans la boutique d’un tailleur libanais, dans une atmosphère feutrée, voire recueillie, où les mots s’égrainent lentement, débités avec mesure. Avec doigté, la main de Monsieur Hadi ajuste les tissus sur les corps. Une femme entre, porteuse d’une commande qui oblige Monsieur Hadi à inverser les rôles. C’est lui maintenant qui doit se soumettre aux mains expertes de la femme. Même si le film est pudique, la tension érotique est palpable. Film de femme, fabriqué par une équipe essentiellement féminine, Seconde peau pose sur les corps un regard singulier, à la suite de Nue, le film de Catherine Bernstein également produit dans la collection Corps, produite par Paris-Brest avec Arte.
SECONDE PEAU
un film de Pauline Dévi (2009)
Monsieur Hadi est un orfèvre du tissu. Quarante ans déjà que ses mains habillent avec élégance les corps qui défilent dans sa boutique. Mais aujourd’hui, c’est lui qui va devoir s’abandonner à son tour…
Sensualité orientale
Pauline Dévi :
Mes films sont toujours connectés à une autre culture :
Mangoustan
est lié à l'Asie,
Fjord[s]
est une comédie d'inspiration scandinave, et mon prochain film prend sa source en Écosse ! Avec
Seconde peau
je me suis amusée à brouiller les repères visuels et temporels afin que l'histoire reste
universelle
. Elle aurait pu se passer dans le Liban des années 60, ou aujourd'hui à La Ciotat, Rennes ou Genève, dans une petite boutique où le temps se serait arrêté. Monsieur Hadi est libanais, mais il aurait aussi bien pu être marocain ou égyptien. Ce qui m'intéressait dans ce choix, c'était la sensualité orientale, c’était de mettre en scène le désir chez un homme qui l'avait a priori abandonné. Je trouve cela nourrissant de s'ancrer dans un autre univers. C'est peut-être mon goût pour la nourriture libanaise qui a décidé des origines de Monsieur Hadi. Une partie de ma famille a vécu quelques années au Maroc et j'ai toujours vu leurs yeux briller quand ils m'en parlaient. Peut-être le lien (inconscient) se trouve-t-il là ?
(propos recueillis par KuB en janvier 2018)
Extrait du dossier artistique
Monsieur Hadi est un vieil homme plutôt heureux, dont l’existence a été dévolue aux tissus. D’ailleurs, les mains de Monsieur Hadi valent de l’or. Ce sont elles qui choisissent les étoffes, elles qui arborent le dé et l’aiguille, elles encore qui œuvrent pour métamorphoser le textile brut en création unique.Doux, avenant, Monsieur Hadi a toujours traité ses clients avec considération. Mais au fil du temps, absorbé par son travail minutieux, notre tailleur oublie qu’il a affaire à des êtres de chair et de sensations, non à de simples mannequins animés qui porteraient les vêtements qu’il a conçus. Nour débarque dans sa vie un soir d’automne, fraîche et pleine d’enthousiasme. Vivante. Elle va provoquer chez le vieux tailleur un émoi de jeune homme, une gêne importune, une renaissance du désir, peut-être...
Hadi et Nour. L’histoire d’une rencontre aussi vulnérable que la soie…
PAULINE DÉVI
Pauline Dévi est auteure, réalisatrice et comédienne. Elle a réalisé trois courts-métrages, Mangoustan (France 3), Seconde Peau (Arte) et Fjord[s] (France 2), et elle prépare actuellement son prochain film, Kilt. Elle développe également trois projets de longs métrages. Ce qui l'intéresse le plus dans le fait de raconter des histoires ? La complexité et l'ambiguïté des rapports humains... Le corps, l'identité, la sensualité mais aussi l'humour et l'absurde colorent ses projets.
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