Intrant
Le musée des Beaux-Arts, La Cohue invite régulièrement des artistes contemporains à investir l’espace central du bâtiment. Simon Augade y a construit une pièce monumentale qui s’impose à nous par sa taille mais dont la présence semble presque naturelle. L’oeuvre représente un arbre qui s’est coulé à travers l’architecture du musée sans la perturber, telle une douce intrusion. Il n’a rien d’un arbre mort, tombé ; la torsion de son tronc, les ondulations de son écorce témoignent de sa vitalité et de l’effort déployé pour se frayer un chemin sous les voûtes de l’ancien marché médiéval. On n’en voit ni cimes ni racines, aussi sa présence réside-t-elle autant dans le hors-champ, dans la continuité que l‘on imagine en n’en apercevant qu’un fragment.
MONSTRE VÉGÉTAL
MONSTRE VÉGÉTAL
Hervé Portanguen a suivi Simon Augade dans le processus de construction de son œuvre Intrant, réalisée in situ au Musée des Beaux-Arts, La Cohue de Vannes.
INTRANT
INTRANT
par Simon Augade
J’interroge notre rapport à l’espace et au monde par des assauts de matière assemblée dans des corps-à-corps avec celle-ci. L’architecture enferme ici une étrange présence, sorte d’intrusion qui se fond dans le bâti où une forme naturelle d’un autre temps mute au fil de son écorce. Entre figé et mouvant cet Intrant (titre de l’œuvre) interpelle sur son origine et sur son devenir. Élément rapporté ou premier, fragment d’une entité plus grande disloquée, branche morte, racine se revivifiant ou tentacules pétrifiées ?
Coincée par les arches de l’architecture, cette chose entre l’animal légendaire et le végétal originel semble arrachée dans sa fuite vers la lumière. Serait-elle sectionnée dans sa tentative de trouver l’extérieur ou conservée à l’abri dans ce lieu protégé qu’est le musée ?
Presque naturel
Presque naturel
par Julie Steyer
Intrant sollicite notre corps et nos sens.
Bien que relevant des bien-nommés arts visuels, cette sculpture pourrait être appréhendé les yeux fermés, tant l’odeur du bois et la texture de l’écorce sont évocatrices (le spectateur étant autorisé à toucher l’œuvre). Par son immensité et sa forme sinueuse, la pièce ne se laisse pas embrasser d’un coup d’œil, et son appréciation complète implique un déplacement du spectateur autour d’elle.
L’arbre résulte d’une conception quasi architecturale et n’est pas sans rappeler certains édifices contemporains, ou seraient-ce ces édifices qui imitent la forme organique des arbres (on pense par exemple à la Maison Dansante de Frank Gehry). D’ailleurs, en regardant à l’intérieur de la structure à une des extrémités, on peut y voir l’intérieur d’un bateau ou d’un passage secret.
Le caractère in situ de l’œuvre laisse d’emblée présager de sa destruction programmée et elle revêt alors une certaine mélancolie, alors que nous l’avons vue grandir pendant les mois de son édification. Simon Augade livre ici une œuvre que l’on pourrait qualifier de sublime au sens philosophique du terme, qui désigne le sentiment ressenti par l’homme face à la grandeur de la nature. La nature ici est, certes, construite par un homme, mais ce à partir de petits morceaux de nature (les dosses*) ; elle est en somme, reconstruite.
* Dosses : Première ou dernière planche sciée dans un tronc d'arbre, et dont la face non équarrie est recouverte d'écorce.
SIMON AUGADE
SIMON AUGADE
Né dans les Hautes-Pyrénées en 1987. Diplômé de l’École Européenne Supérieure d’Art de Bretagne de Lorient, Simon Augade se tourne très vite vers la mise en volume et la sculpture. Son vocabulaire plastique, aisément reconnaissable, est caractérisé par l’assemblage de matériaux de récupération, fruits de ses récoltes. Il s’investit tout entier en se confrontant à la matière dans des corps-à-corps. L’artiste questionne par des conceptions sculpturales notre relation physique à nos environnements en regard de notions sociétales. Dans ses sculptures-installations qui tentent sans cesse d’agripper l’espace et le spectateur, il aborde les dualités de notre monde. C’est aussi pour lui une façon de mettre en évidence la précarité, la fragilité, l’aspect bancal et éphémère de nos vies et des espaces que l’on se construit.
La suite sur sa fiche artiste.
Monumental et éphémère
Monumental et éphémère
RCF >>> Le musée des Beaux-Arts, la Cohue prépare une exposition originale. Une œuvre gigantesque en bois, qui s'étend jusqu'à plus de 5 mètres, de haut. Explications.
OUEST France >>> Une structure de 5 m de hauteur, quelque chose de monstrueux, qui semble pousser sur les murs. L’architecture du passage a clairement dicté la forme, souligne l’auteur d’ Intrant : l’idée est qu’une chose habitée est rajoutée dans un autre corps. Un corps investi par un autre corps.
PARIS ART >>> La sculpture, s’imposant comme un intrus, incarne une interrogation sur le rapport nature / culture mais aussi sur la question du temps et de l’origine : qui de l’architecture ou de la sculpture existait en premier ?
5 décembre 2019 13:21 - Sohié
A aller voir absolument!
5 décembre 2019 13:20 - renée le guennec
très intéressant
5 décembre 2019 10:03 - NELLY SAULNIER
C'est géant !!!!!!!!!!!!!!
5 décembre 2019 10:02 - PETIT
Super !
18 novembre 2019 19:01 - Thomas LB
Chouette !