La bande du skate park
Quatre petits mecs, 12-13 ans à tout casser, dévalent les routes de leur village en skate. Après La belle vie, la même histoire racontée dans une série en huit épisodes, toujours signée Marion Gervais.
De l’expérience de tournage de La belle vie, qui s’est étendue sur une année, Marion Gervais a tiré la série documentaire La bande du skate, que voici.
Mise en bouche, par Marion Gervais
Une bande de garçons. Ils sont quatre. Ils ont entre 12 et 13 ans, se connaissent depuis toujours, vivent dans le même village, ont fait les 400 coups ensemble, dans la mer, dans les bois, dans les marécages, dans les moulins abandonnés et les bateaux échoués qui ont servi leur imaginaire d’enfant. Aujourd’hui ils rêvent d’un nouveau monde. L’enfance s’en va, comme elle est venue. Elle va laisser la place à une adolescence naissante avec son cortège d’émotions inconnues et ce corps qui ne cesse de changer vite, très vite.
Leur goût, leur envie, leur rêve changent.
Le monde des possibles s’ouvre à eux. Cette vie devant soi, ils la veulent grande et belle.
C’est nouveau. C’est fort. C’est grisant. C’est déstabilisant. Pour cela, il leur faut casser les murs. Quitter ce village qui hier leur a servi une enfance de rêve et qui, aujourd’hui, les enferme. Trop petit. Trop silencieux. Trop gris. Eux, c’est la lumière des villes. Et aussi l’inconnu. En quête de nouvelles sensations et pour mieux affirmer ce nouveau chapitre de leur vie, ils skatent. Avec passion et détermination. Sans relâche. Progresser. Voler. Rêver. Se dépasser. Impressionner. Skater leur permet d’affirmer le jeune homme en devenir et de déployer leurs ailes. De grandir. De traverser ce passage, d’une rive à l’autre. Chacun, avec leur personnalité, vont traverser ce passage délicat.
Cette année, leur vie va changer. Ils le sentent. Ils le savent. Chacun d’entre eux, séparément, s’est fixé des objectifs, des enjeux, des buts à atteindre. Des révolutions. Comme pour Enzo qui demande à son père de le reconnaître officiellement, devant le juge, afin de lui permettre enfin de grandir normalement, comme les autres. Ensemble, ils se sont promis de tout faire pour s’échapper d’ici et aller à la grande ville à Barcelone, pour assister à la grande compétition de skate ou leur dieu vivant, Nyjah Houston, sera là. L’été prochain.
Au skatepark, entre la campagne et la ville, dans le no mans land sans adulte, avec un vieux canapé défoncé pour salon, les quatre gars se retrouvent, se confient, échafaudent des plans, font le point. Filmer ce moment de vie charnière en collant à l’intime de chacun ainsi qu’à la bande. Saisir à la volée cette envolée. Le skate, en toile de fond, comme une métaphore de leur cheminement.
ÉPISODES 1 ET 2
ÉPISODES 1 ET 2
ÉPISODES 3 ET 4
ÉPISODES 3 ET 4
ÉPISODES 5 ET 6
ÉPISODES 5 ET 6
ÉPISODES 7 ET 8
ÉPISODES 7 ET 8
Je voulais saisir cette envolée
Je voulais saisir cette envolée
Si je suis attirée par le milieu du skate en général, ce n’est pas vraiment la raison qui m’a poussée à réaliser le documentaire La bande du skate park. De manière générale, j’aime l’esprit des skateurs, qui cherchent en permanence à faire partie de quelque chose de plus grand que la vie. Mais c’est la personnalité des protagonistes de mon documentaire – Liam, Louis, Glen, Pierrot, Orso, Enzo et Ben – qui m’a donné envie de les suivre. J’avais aussi envie de parler de leur âge, 13 ans, une période de vie où l’enfance s’en va pour laisser la place à cette période charnière qu’est l’adolescence. À ce moment-là tout change et je voulais saisir cette envolée.
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BIOGRAPHIE DE MARION GERVAIS
TUER LE TEMPS
TUER LE TEMPS
Erwan Desplanques, Télérama>>> C’est beau, parfois, la vie d’un ado. Surtout lorsqu’on la filme au ras du bitume, sans surplomb. En voici sept magnifiques spécimens, des passionnés de skate qui vivent à proximité de Saint-Malo, entre campagne rase et zones commerciales qu’ils réenchantent à leur manière : en faisant un maximum de bruit avec leur planche. Ils ont entre 13 et 15 ans, se baffrent de Choco BN, de chips low-cost et boivent des panachés, vautrés dans un vieux canapé récupéré pas loin de Jardiland (un peu comme dans The Wire, mais version Bisounours). La bande de potes ne fait rien d’autre que tuer le temps en attendant d’être en vacances (à Barcelone pour les plus chanceux) et plus généralement d’être adultes (avec un boulot cool, si possible) dans ce skatepark qui leur sert à la fois de défouloir et de micro-utopie.
La réalisatrice Marion Gervais capte ces longues journées avec un regard attendri, presque maternel. Et en tire une websérie gracieuse, portée par la nostalgie de cet ennui adolescent qui est le bonheur-même.
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