Cataclysme now
Non seulement Punk is not dead, mais il semblerait qu’il connaisse une sorte de revival. Apparu au milieu des années 70 dans un monde anglo-saxon en pleine crise, notamment dans l’Angleterre qui se prépare à dérouler le tapis rouge, et pour longtemps, à l’ultraconservatrice Margaret Thatcher, le mouvement punk naît sur le terreau d’un effondrement des acquis sociaux et d’un chômage de masse. Quand la colère du peuple se mue en rage et en tentation de casser la baraque. Alors que les Sex Pistols se déchaînent à Londres, la jeune génération du rock rennais embarque sur le St Malo-Portsmouth de la Brittany Ferries pour se placer dans la mêlée des pogoteurs et ramener au pays le virus de la gueulante. Ils sont encore quelques-uns aujourd’hui à pouvoir témoigner.
PUNK IS NOT DEAD
PUNK IS NOT DEAD
un hors-série du Grand BaZH.art
Le punk a réveillé le rock, la mode et plus globalement nos manières de penser.
En 77, après avoir assisté à un concert mythique des Sex pistols à Londres, des avant-gardistes bretons curieux de ce mouvement culturel l’ont importé en Bretagne, avant même que le mouvement n’atteigne le reste de la France.
Les réalisateurs Gautier et Leduc vont à la rencontre de ces punks de la première heure qui se souviennent de l'émergence du mouvement : contestataire et libertaire, partisan de l’art à portée de main et du do it yourself. Christian Dargelos, le premier punk de Rennes, fondateur de Marquis de Sade, a assisté au concert des Sex Pistols : Quand j’ai vu qu’ils avaient un matériel de base, je me suis dit : on peut faire la même chose, en toute désinvolture.
Le réalisateur Jo Pinto Maia remonte le fil de l’histoire
: du cataclysme de l’année 77, fondatrice du mouvement et ses dérivés alterno qui font débat. Un débat houleux car le punk c’est radical ou ça n’est pas. Bien qu’il ait duré peu de temps, le punk a marqué des générations par une attitude, des références vestimentaires, une manière de penser et un romantisme noir. Plus qu'un phénomène de mode, le punk c’est une manière de réfléchir, de désobéir. Quarante ans après Marquis de Sade, Frakture, les Nus, et plus tard Kalashnikov, Ubik ou Tagada Jones, des groupes ont pris le relais comme Les ramoneurs de menhir, Exfulgur ou Abuse qui clôt l’émission avec un concert au Mundo Bizarro qui ferme ses portes pour cause de pandémie. C’est dark, ça a des airs de fin du monde pourtant la relève est bien là.
Gamin, Jo Le Poder n'a pas une vie facile. Ses parents s'engueulent tout le temps et finissent par confier leurs mioches à la grand-mère, une femme autoritaire et violente qui déchire ses peintures. À 16 ans, Jo est viré de son bahut parce qu'il fait une grève contre Citroën. Quelques années plus tard, il plaque son boulot de dessinateur en bureau d'étude et devient braqueur professionnel avec un pistolet à bouchon. Une carrière risquée qui le conduit quinze ans à Fleury-Mérogis. Même en tôle, il continue à jouer les trublions : émeutes, incendie, grève de la faim et multiples tentatives d'évasions. En cellule, il renoue avec les pinceaux. La peinture comme monnaie d'échange, devient sa planche de salut. Trente cinq ans et quelques deux mille toiles plus tard, des portraits aux traits vifs et bruts, l’anarcho-punk vit peinard : ce que je veux c'est juste avoir de quoi remplir mon frigo, un peu de chauffage et m'éclater dans mon atelier.
un reportage signé Anne Burlot à voir à partir de la 15e minute dans la vidéo
À 56 ans à St Brieuc, Loran, guitariste des Bérurier noir et des Ramoneurs de menhirs reste un punk sans concession. Dans la mesure du possible, j'essaie d'être radical. Ce qui m'a plu dans le punk, c'est l'autogestion, la prise en charge, le côté militant. Cet esprit, il le tient en bonne partie de sa scolarité dans l’école alternative Decroly. Cette méthode éducative ouverte le conduira dans la voie de l’insoumission.
À 12 ans en 1976, il se faufile dans un concert de Patti Smith au Pavillon de Pantin. C'est la claque. Un an plus tard il fait ses premiers concerts. En 1979, la vague punk est à son apogée, Loran part à Londres avec une petite valise et aucune notion d'anglais. Il trouve refuge auprès d'un couple de skin head. En 1981, de retour en France, il commence à jouer avec les Bérus qui tiennent le haut de l'affiche.
un reportage signé Christophe Rey à voir à partir de la 24e minute dans la vidéo.
COMMENTAIRES