Alain
La porte ouverte
Pas un bruit ici, on peut vivre la porte ouverte… Cette possibilité de la porte ouverte est le sujet du film qui tourne autour d’un secret. En louant l’hospitalité de cette « commune », qui offre selon lui un bon compromis entre nature et civilisation, Alain – écoutée par Lucie Lemaître – apporte une pierre saillante à l’édifice des Portraits de Mellionnec.
En préambule, la réalisatrice demande à celui qui se trouve dans l’oeil de l’objectif d’exprimer ce qu’il attend de ce film à faire. Que les gens me découvrent en fait… je ne sais pas si je dirai tout mais… je crois que c’est le moment. Nous assistons en (cinéma) direct à un rendez-vous qu’Alain (se) donne, à lui-même, à nous autres, pour partager son lourd secret.
Pour se libérer l’esprit, il marche, un bâton à la main. Issu d’une généalogie de paysans, il a voulu en sortir, en travaillant dans l’administration, la restauration…
Mais il aime cette matière, le lait, et il a finalement intégré une coopérative laitière. S’il n’a pu rompre vraiment avec ses origines paysannes, il lui a fallu s’éloigner de sa mère, avec qui la relation était visiblement douloureuse. S’éloigner pour exister : je suis venu ici parce qu’il fallait que je m’isole. C’est ainsi qu’il est arrivé à Mellionnec, où il a toutes les raisons d’être heureux. Les rapports humains c’est important, et plus j’avance, et plus je suis à l’aise avec ça. Je ne mets plus de masque, je suis plus serein maintenant.
Alain peut enfin respirer, et nous confier son ardent bonheur : Mais qu’est-ce qu’on est bien ! Qu’est-ce qu’on est bien ! Qu’est-ce qu’on est bien ! On est bien sur ce territoire !
La réalisatrice s’engouffre dans la brèche : C’est quoi l’amour pour toi ? – Ouh la… C’est partager une vie avec quelqu’un. Moi c’est pas le cas. J’avais pas le choix. Mais l’amour… j’aime ça, j’aime ça, j’aime ça, j’aime ça, j’aime ça… Long silence que la réalisatrice se garde bien d’interrompre. Mais bon, il faudrait que je me réincarne. La caméra ne perd rien de cette plongée abyssale dans une blessure mal cicatrisée. C’est émouvant de se confier comme ça, c’est pas simple… Dans un ultime effort, c’est à nous spectateurs, qu’Alain s’adresse : Je veux dire aux gens qu’on peut être heureux en faisant des petites choses, simples, et quand on arrive à trouver un équilibre dans tout ça, c’est pas mal !
C’est là que cette larme, qu’il retient depuis un bon moment, s’échappe.
Alain est un film issu des Portraits de Mellionnec, une collection produite par Ty Films et à retrouver sur notre page dédiée.
ALAIN
ALAIN
un film de Lucie Lemaître (2013-13')
LUCIE LEMAÎTRE
LUCIE LEMAÎTRE
Documentariste costarmoricaine au sein de l’association Des Figures. Auteur avec Nelly Sabbagh de deux livres : Puisque j’existe (13 portraits de Vieilles du Gr34), Carne (33 portraits d’Argentins et de Chiliens, 13 voix off, celles des membres d’un cirque en voyage). Exposition Puisque j’existe (photos, sons, vidéos). Co-coordinatrice de Ville Debout, fanzine du fond de la baie.
COMMENTAIRES