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Disparu en 1985, Tal Coat a produit une œuvre multiforme qui a traversé le 20e siècle. Le Domaine de Kerguéhennec, dans la campagne morbihannaise, conserve un ensemble exceptionnel de ses peintures dans un bâtiment dédié.
Nous devons à un cinéaste hongrois d’avoir su créer un objet audiovisuel à la hauteur de l'exigence de l’artiste. Illés Sarkantyu a filmé les tableaux et, nourri par cette expérience, il a posé un regard sur les paysages, qui tend vers l'abstraction, créant ainsi un pendant cinématographique aux huiles du maître. À cela il a donné une dimension temporelle tout aussi adéquate, laissant à chaque instant sa plénitude sans pour autant basculer dans une lenteur affectée. Quant au compositeur Baptiste Boiron, il a créé une musique en empathie avec l’âpre sobriété de Tal Coat.
Le ciel n’est pas distinct de la terre est donc une œuvre filmique qui nous fait entrer dans une œuvre picturale, avec quelques guides pour nous éclairer un peu, mais pas trop. Un travail de création-médiation qui sert magnifiquement un peintre dont l’abord n’est pas des plus simples.
TAL COAT, LE CIEL N’EST PAS DISTINCT DE LA TERRE
TAL COAT, LE CIEL N’EST PAS DISTINCT DE LA TERRE
de Illés Sarkantyu (2017 - 52’)
Originaire de Bretagne, Pierre Tal Coat (1905-1985) est l’une des figures majeures de la peinture de la seconde moitié du 20e siècle. Le Département du Morbihan constitue depuis 2008 une collection de ses œuvres dont le Domaine de Kerguéhennec assure la valorisation. Le film sensible et poétique, confronte les œuvres de Tal Coat aux paysages où il a vécu et travaillé et aux témoignages de ceux qui l’ont connu.
>>> un film produit par le Domaine départemental de Kerguéhennec
Témoignage d'une vie d'artiste
Témoignage d'une vie d'artiste
par Olivier Delavallade
Près de 40 ans après sa disparition, nous nous mettons dans les pas de Tal Coat, là où il a grandi, en Bretagne, là il a vécu et travaillé, à Château-Noir, face à la Sainte-Victoire, où l’un des tournants majeurs de l’œuvre s’est effectué, à Dormont, le lieu qu’il choisit pour conclure son œuvre dans une ouverture magnifique, remettant à presque 60 ans, profondément en question son œuvre et le travail de la peinture, en Suisse, où nous retrouvons ses compagnons de l’atelier de Saint-Prex où il accomplit durant les 15 dernières années de sa vie, poursuivant son travail de dessin, une œuvre gravée des plus remarquables. Privilégiant la parole des artistes - Edmond Quinche, Pietro Sarto, Marcel Dupertuis, Jean-Louis Gerbaud - le film met en regard le témoignage de ses proches (Françoise Simecek, Anne de Staël, Jean-Pascal Léger, Jacques Treyvaud), les lieux, les paysages et la peinture.
Illés Sarkantyu
Illés Sarkantyu
Diplômé de l’université d’art appliqué Moholy-Nagy de Budapest en 2000, Illés Sarkantyu en devient le chef de studio et de laboratoire. En 2002, il s’installe à Paris. Grâce à l’entremise des collectionneurs d’art Judit Nemes et András Szöllősi-Nagy, il réalise des portraits du cercle d’artistes et intellectuels d’origine hongroise qu’il rassemble, en 2006, dans le cadre de l’exposition Franco-Hongrois à l’Institut français de Budapest. En 2011, Sarkantyu y présente Mihály, un dispositif audiovisuel commémorant la figure du père.
Les problématiques de l’absence et de la présence, de la mémoire et de l’héritage sont depuis lors des motifs récurrents dans son travail. En 2013-14, il est invité en résidence au Domaine de Kerguéhennec. De ce travail au long-cours naît Ombrées, un projet qui évoque l’esprit du lieu. Cette nouvelle œuvre, qui mêle photographies et film, est exposée au château en 2014. En 2015, il réalise une œuvre photographique en recomposant le vitrail de Marc Chagall, La paix. Ses photographies, exposées au musée du Pays de Sarrebourg, sont accompagnées des créations musicales du compositeur Jean-Baptiste Doulcet, avec lequel il travaille.
Depuis 2007, il travaille sur le fonds du photographe Lucien Hervé. Le maniement de ces archives lui inspire une série photographique qui fait l’objet de plusieurs expositions. Un assemblage complexe de ces dossiers, intitulé Contacts, a notamment pris place dans l’exposition Dans l’atelier : l'artiste photographié, d'Ingres à Jeff Koons au Petit Palais, à Paris, en 2016.
Le travail d’Illés Sarkantyu est représenté par la Galerie de La Forest Divonne, Paris-Bruxelles.
Un artiste intemporel
Un artiste intemporel
TÉLÉRAMA >>> Vieillir, pour un artiste, est chose difficile. La confiance, l’énergie, l’insouciance qui l’animent dans sa jeunesse ne le préparent pas à subir la question qui se posera à la quarantaine : que faire ? Et puis, il est des exceptions, des artistes qui se bonifient avec le temps. Tal Coat est de ceux-là.
GAZETTE DROUOT >>> Selon Tal Coat, chaque élément du vivant abrite la vie dans son infinitude. Ses œuvres ne sont pas des aplats de couleurs, mais le théâtre d’un dialogue profond entre l’art et la nature, d’une médiation sur le monde.
FRANCE TV >>> L’œuvre de Tal Coat est en devenir encore aujourd’hui, c’est une œuvre qui grandit tout le temps et qui nous grandit en même temps qu’elle grandit, explique Olivier Delavallade, directeur du Domaine de Kerguéhennec.
1 octobre 2021 23:41 - skrzyniarz Marie-Jo
magnifique cette présence de la vie en son essentielle nudité offerte à la rencontre .Merci
1 octobre 2021 08:32 - André le Délézir
Passionnant. Merci. Belle et sereine méditation sur les rapports entre réalité, matérialité et picturalité.