Relocaliser
Loin de la côte et des grandes agglomérations bretonnes, Séglien voit sa démographie baisser depuis cent ans. Mais quand le dernier bar-épicerie-tabac ferme, le maire décide de relever le défi en créant un lieu de vie pour mettre du baume au cœur des administrés, et conserver le lien social. Entrainés par Laurent Ganivet, les élus ont retroussé leurs manches et tenu à tour de rôle un point de vente communal de journaux et de pain !
Parallèlement, un groupe de travail s’est constitué pour définir un projet commercial pérenne. Très vite, l’idée d’utiliser du patrimoine existant a émergé. Les regards se sont portés sur deux bâtiments vacants en plein centre. Avec l’accompagnement de l'urbaniste Yannick Mahé, du CAUE 56, le choix s’est fait sur le bâtiment qui abritait un restaurant boulangerie dans les années 60. Jean-Michel Leray, adjoint aux travaux et à l’urbanisme, avoue que ça a pris du temps d’établir le programme, mais ce temps de réflexion évite les erreurs. Restait à trouver un architecte. Un concepteur en phase avec une logique de simplicité.
L’appel d’offre a retenu l‘attention de Yohan Lorand. Issu de l’école d’architecture de Rennes et installé à Erdeven depuis 2015, il est associé à Morgane Guillou : Une petite agence de deux architectes, un à la conception, l’autre au suivi du chantier, ça rassure les maitres d’ouvrage, las des grosses structures qui délèguent tout. Avec une méthode participative, Yohan intègre les besoins avant de faire trois propositions, visibles sur une maquette numérique en 3D. La mairie a choisi celle avec une écriture contemporaine-mais-pas-trop. L’idée force était de conserver l’intégralité des volumes intérieurs. Pour préserver les vieilles poutres et les murs de pierre, l’isolation se fait par l’extérieur, dissimulée par un bardage de bois peint en gris et rouge qui affirme l’identité du lieu. Avec sa devanture, l’épicerie se remarque sur la rue principale. Tournée vers une placette, le café a justifié une ouverture de 4,50 m pour apporter la lumière et se prolonger par un accueillante terrasse.
A l’étage, un duplex avec une vaste terrasse bien orientée offre un logement confortable avec vue sur les toits d’ardoise et la campagne environnante.
Sensibilisé à la question de la réhabilitation du patrimoine rural (il est membre de l’association Bruded) Jean-Michel Leray n’est pas peu fier d’avoir œuvré à la sauvegarde du four à pain à l’arrière de la Tavarn : avec l’équipe de réinsertion par le travail de Pontivy Communauté, il a été démonté pierre par pierre !
Le grand architecte du 20e siècle, Mies van der Rohe, encourageait au less is more (moins, c’est mieux). À Séglien, on prouve qu’on peut faire simple et c’est très bien.
Prochaine étape : la réhabilitation de la mairie. Yohan Lorand est dans les starting blocks !
TAVARN SEGLIAN
TAVARN SEGLIAN
Archi à l'Ouest est le magazine d'architecture co-produit par TébéO et les CAUE des Côtes d’Armor, du Finistère et du Morbihan, présenté par Frédéric Lorenzon.
Intemporel
Intemporel
par Yohan Lorand
Notre intervention a porté sur deux bâtiments existants mitoyens, qui abritaient une ancienne crêperie. Dès le départ, nous avons choisi de distinguer visuellement les équipements prenant place dans ce bâti ancien. L’épicerie allait occuper la maison de caractère donnant sur la route départementale et le bar ainsi que sa terrasse seraient orientés vers l’ouest de la place. Cette organisation allait permettre de générer un véritable espace extérieur lié au bar et visible depuis la longue ligne droite de la route de Guéméné-sur-Scorff.
La taille de ce nouvel ensemble (commerces de proximité et logement indépendant) correspond à l’échelle du bourg et s’intègre à la morphologie urbaine en respectant ses codes (dimension des ouvertures, encadrement en pierre, toiture en ardoise…). Face à cette échelle modeste, nous avons choisi un vocabulaire sobre et résolument intemporel. Un travail particulier sur les détails d’assemblage, des tonalités d'enduit et de bardages sur les deux édifices souligne les formes et les contours des volumes existants.
Ainsi, l’édifice affirme sa vocation commerciale et sa présence sans user d’effets ostentatoires ni d’artifices. La cohérence entre les façades des différents équipements se fait via le dessin des menuiseries extérieures. Les accès sont traités de manière à distribuer les deux entités, bien qu’une communication existe à l’intérieur. Le logement est accessible par la création d’une passerelle-escalier qui enjambe l’ancien four à pain, rénové à l’occasion du projet.
Concernant l’intervention sur les volumes intérieurs, les deux volumes ont été complétement vidés. Seules les poutres de l’étage du bar ont été gardées afin de conserver l’identité du lieu. De la même manière, nous avons choisi de conserver la pierre des murs apparente à l’intérieur du bar et de l’épicerie. Cela nous a amené à travailler une isolation par l’extérieur sur la partie bar. Enfin, notre intervention nous a conduit à dessiner également l’élément central d’un débit de boisson, le meuble bar, en planches de chêne.
Lorand Guillou Architectes
Lorand Guillou Architectes
Originaires de Loire-Atlantique, nous avons intégré l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Bretagne en 1999 et 2000. Après une dizaine d’années en tant qu’architectes salariés, dans deux structures d’échelle différente, nous avons créé début 2016, l’agence Lorand Guillou Architectes. Notre approche nous amène à travailler sur des projets variés, allant de l’équipement sportif ou scolaire aux bâtiments tertiaires en passant par des logements locatifs sociaux. Nous sommes également amenés à intervenir sur des projets d’aménagement urbain, travail complémentaire à notre travail d’architecte. À l’image du projet de Séglien, nous abordons aussi la reconversion de constructions existantes comme un exercice incontournable de l’avenir du métier.
Un enjeu majeur
Un enjeu majeur
OUEST FRANCE >>> Économie. Le dernier commerce du bourg de Séglien sauvé.
UP MAGAZINE >>> Des centres-bourgs vivants et animés, constituent un enjeu majeur de l’égalité des territoires ainsi qu’un levier de la transition écologique et énergétique.
URBIS >>> Entretien avec David Lestoux, rédacteur de rapport Marcon sur la revitalisation commerciale des villes petites et moyennes.
FRANCE CULTURE >>> LSD, La série documentaire : De nombreuses petites villes vivent une dévitalisation de leur centre-bourg, parfois à la suite de décisions municipales inappropriées. Récit à Tournus d’un mouvement citoyen opposé à la construction d’un 5ème centre commercial en périphérie qui a abouti à faire tomber le maire.
11 avril 2021 18:02 - Daniel GILLOTIN (ancien Maître d'Oeuvre
contrairement à l'avis précédent très bon projet, la vie continue, avant on construisait en pierres, la vie évolue,
on passe à d'autres techniques. pour moi c'est super
Il y a un "goufre" entre le public, et l'architecture.
22 novembre 2019 15:46 - Yann Mickaël ar Bourdonnec
Quelle horreur, c'est cela préserver le patrimoine. Il n'y a pas de quoi être fier. Un pavé dans la mare. Bravo l'archi . . .