Une personne, un son
Trois musicos et un réalisateur montent ensemble un projet généreux : accueillir quelques chanteurs solistes et un duo de vents pour les accompagner dans la réinterprétation d’une pièce de leur répertoire. Un den un ton est la résultante de cette initiative, cinq clips vidéo où l’on retrouve notre formation de base, Thomas Hurtel, Meriadeg Lorho-Pasco et Clément Dallot, jouant avec leurs invités, successivement : Charlotte Espieussas, Emmanuelle Boutiller, Louri Derrien, Yann-Ewenn L’haridon, Clément Le Goff et, last but not least : Annie Ebrel ! Le tout filmé par Tanguy Marchand.
Une bonne occasion de réentendre des classiques, en breton ou en français, repris dans le huis clos d’un certain confinement.
Un protocole de création
Un protocole de création
par T Marchand, T Hurtel, M Lorho-Pasco et C Dallot
Quatre musiciens en colocation près de Rennes mettent en commun leurs compétences pour créer une série de cinq clips. Pour chaque vidéo, un.e artiste invité.e reprend une chanson de son répertoire issu des musiques traditionnelles du répertoire breton ou francophone, accompagné.e par nos colocataires. Un den un ton (une personne, un son) est le fruit de cette initiative, une série de cinq vidéos avec des arrangement inédits et une interprétation en live qui suit.
Chaque clip est le fruit d'un protocole précis : dans un premier temps, découvrir la chanson que l’artiste propose, puis travailler sur un arrangement et envoyer la proposition à l’artiste pour qu’il ou elle se l’approprie. Dans un second temps vient la journée d’enregistrement du morceau et de la captation vidéo en live. Une journée découpée en deux phases : la rencontre avec l’artiste, les premiers essais et calages micro et caméras. Puis l’enregistrement du morceau en plusieurs versions, dont une version sera validée lors d’une session d’écoute collective. La dernière phase est celle du travail du son et de l’image, qu’il est désormais possible de découvrir.
CHARLOTTE ESPIEUSSAS
CHARLOTTE ESPIEUSSAS
Accordéoniste, chanteuse et percussionniste, Charlotte Espieussas grandit entre le Périgord et la Corrèze, au son des musiques à danser, occitanes ou musettes. Ses études d’anthropologie l’amènent à s’installer en terre toulousaine et à y cultiver les rencontres musicales, amicales, qui nourrissent encore aujourd’hui sa pratique de plusieurs répertoires traditionnels : musiques traditionnelles occitanes, chaâbi algérien, son jarocho mexicain, musiques ibériques et du sud de l’Italie, sega-maloya réunionnais, forro du Nordeste du Brésil...
Musicienne autodidacte au départ, elle fait de l’accordéon son principal compagnon de route, en Andalousie puis en Amérique latine, avant de se former aux musiques actuelles au sein de l’école Music’halle, aux musiques occitanes au conservatoire de Toulouse, et enfin aux musiques réunionnaises lors d’un compagnonnage FAMDT avec René Lacaille.
En 2019, elle rejoint le collectif Kreiz Breizh Akademi #8 dirigé par Erik Marchand. On la croise également sur scène avec différentes formations tels que Maaar, Labess, Alberi Sonori ou encore La Bistouille.
EMMANUELLE BOUTHILLIER
EMMANUELLE BOUTHILLIER
Née à Rennes d’une mère biologiste et d’un père ethnologue, Emmanuelle Bouthiller est tombée petite dans la marmite des musiques de tradition orale, à cheval entre la Bretagne et le Québec. Entre parcours associatif, institutionnel et autodidacte, sa formation est éclectique. Biberonnée à la chanson, à la musique et au conte dans son milieu familial, elle a construit sa pratique de multi-instrumentiste dans l’enfance et l’adolescence grâce aux associations locales qui dispensaient des cours de musique traditionnelle : violon, piano et clarinette sont alors devenus tour à tour ses compagnons de jeu. Une fois adulte et après une licence de géographie, Emmanuelle prend le chemin des parcours diplômants en musiques traditionnelles.
Depuis 2012, elle enseigne le violon et le chant traditionnels et continue, en parallèle, à avoir une pratique artistique assidue, toujours autour des musiques traditionnelles. À l’heure actuelle, elle joue et chante dans plusieurs formations de la Haute-Bretagne à l’est de l’Amérique du Nord. Ce qu’Emmanuelle aime en particulier c’est faire du lien : entre les répertoires, entre les territoires et entre les gens qui les font vivre.
LOURI DERRIEN ET YANN-EWENN L'HARIDON
LOURI DERRIEN ET YANN-EWENN L'HARIDON
Tombé très tôt dans la marmite de la culture populaire traditionnelle centre-bretonne, Louri Derrien commence par faire danser les gens en fest-noz en chantant des kan ha diskan, puis il se met au biniou et à la bombarde, qu’il apprend d’abord en autodidacte, puis au sein du bagad de Bourbriac. En 2015, il obtient une licence de musicologie. Il est ensuite admis au Pont supérieur de Rennes en musiques traditionnelles. C’est à ce moment-là qu’il s’initie à la trompette, instrument qui le projette vers d’autres univers musicaux.
En duo avec le clarinettiste Meriadeg Lorho-Pasco, il remporte le titre de champion de Bretagne en duo libre à Gourin en 2021 et 2022. Parallèlement, il joue dans le groupe de reggae rennais Faygo et le jazz-band Flying Chevals. Yann-Ewenn L'Haridon est quant à lui sonneur de bombarde, chanteur et saxophoniste. Il commence la musique à l'âge de 8 ans et se forme à la pratique du biniou-bombarde. Cette transmission orale l’amène à sonner dans de nombreux festoù-noz avec son compère Youenn Nedelec, avec qui il a été nommé quatre fois champion de Bretagne entre 2017 et 2022.
En 2017, tous deux intègrent le collectif Kreiz Breizh Akademi #7 sous la direction d’Erik Marchand, où ils continuent d’explorer diverses musiques traditionnelles du monde et approfondissent leur identité musicale. En 2018, ils forment le trio Modkozmik avec Clément Dallot, et, pour les 50 ans de l’association Dastum en 2023, ils créent le spectacle Menez Kernall, une anthologie de textes et chants collectés dans les monts d’Arrée.
CLÉMENT LE GOFF
CLÉMENT LE GOFF
Ambassadeur reconnu de la culture bretonne, Clément Le Goff débute sa pratique du chant par l’art lyrique. Après des études au conservatoire de Nantes puis de Paris, il se spécialise peu à peu dans le répertoire de Haute-Bretagne. Il se forme au sein du pôle d’enseignement supérieur en musique traditionnelle de Rennes, où il reçoit des enseignements de référence dans le domaine du chant. Clément est également un sonneur de bombarde et de biniou, et fait résonner depuis quinze ans ses instruments dans les festoù-noz en Bretagne mais aussi en Irlande, en Italie, en Pologne, en République tchèque ou encore aux États-Unis.
Attaché aux croisements d’univers musicaux, il multiplie les expériences de rencontres et les esthétiques : musique baroque, jazz ou encore hip hop. Ainsi, depuis son premier groupe de fest-noz Ossian, il a multiplié les projets musicaux, tels que le trio Forj ou le groupe de musique médiévale Waraok. Fermement ancré dans le paysage culturel rennais, il inaugure le Parquet de Bal, un nouveau lieu de concert dans la ville, dont il assure la programmation depuis février 2020.
En juillet 2022, aux côtés de Frédéric Nauczyciel et Marquis Revlon, il crée le marching band Roazhon Project, une rencontre entre les cultures des marching bands des quartiers américains, du voguing, des danses baroques et des danses bretonnes. Le musicien chanteur prépare ensuite une carte blanche au TNB, un concert dans son univers voyageur, proposé en mai 2023.
ANNIE EBREL
ANNIE EBREL
Née en Centre-Bretagne au sein d'une famille où on parle breton au naturel, entourée de la tradition du kan ha diskan, le chant à répondre pour la danse, Annie Ebrel se met à chanter dès 1983. Très vite remarquée pour son timbre unique et sa maîtrise de la langue populaire, elle anime émissions de radio et de télévision en langue bretonne ainsi que des formations à la langue et au chant en breton, dernière activité qu'elle poursuit toujours très régulièrement. Sa participation, en 1989, au disque Les Sources du Barzaz Breiz aujourd'hui est la première pierre d'une carrière riche en expériences musicales.
Dès 1991, elle crée le groupe Dibenn, dans lequel elle expérimente différentes facettes du chant breton. Deux ans plus tard sort son premier album a capella 'Tm ho ti ha ma hini. La collaboration avec le contrebassiste de jazz Riccardo Del Fra et l'enregistrement de Voulouz Loar-Velluto di luna en 1998 marque un tournant dans son parcours. En effet, ce cheminement vers le jazz et les musiques contemporaines l’amène à travailler avec des artistes très différents, tels que Jacques Pellen, la Celtk Procession, Olivier Ker Ourio ou encore la compagnie Rassegna.
Le collectif de réalisation
Le collectif de réalisation
Le collectif à l’origine du projet Un den un ton est composé du réalisateur Tanguy Marchand et des musiciens Thomas Hurtel, Meriadeg Lorho-Pasco et Clément Dallot. Thomas Hurtel débute sa vie de musicien en tant que bassiste, puis il rentre au conservatoire de Rennes où il suit des cours de jazz et de contrebasse. Il met ensuite un pied dans le monde de la musique électronique en travaillant pour le label londonien WARP et se forme à l’enregistrement et au mixage en autodidacte. Meriadeg Lorho-Pasco vient quant à lui de la musique traditionnelle bretonne.
Il débute son apprentissage par la bombarde, puis se redirige vers la clarinette. Durant toute son adolescence il se produit dans des festoù-noz, d’abord avec le groupe Eien, avec qui il enregistre un album en 2013, puis avec d’autres formations tels que Taouk Trio ou Youl. Il rejoint en 2020 la Kreiz Breizh Akademi #8 et continue à faire des concerts et des festoù-noz. La même année, en compagnie de Clément Dallot et Rémi Bouguennec, ils forment le trio Taouk Trio. Clément Dallot, pianiste et accordéoniste, est également membre du groupe Modkozmik et à l’origine du Nâtah Big Band, un groupe de musique bretonne/jazz/funk qui a rayonné dans de nombreux festivals bretons (Les Vieilles Charrues, Yaouank, Les Trans Musicales…). Depuis 2020, il est également membre du quartet mené par la chanteuse Annie Ebrel, avec qui il a créé le spectacle Lellig, autours de la poétesse bretonne Anjéla Duval.
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