Le Grand BaZH.art #22
JO PINTO MAÏA, UNE VIE DÉDIÉE
JO PINTO MAÏA, UNE VIE DÉDIÉE
par Damien Stein
Damien Stein réalise des clips depuis quelques années maintenant. Un soir il rencontre Joe Pinto Maïa dans un bar, c’est ainsi que naît ce projet de documentaire.
Damien Stein : "Quand on fait ce métier, on a parfois la chance de côtoyer des artistes originaux, des affabulateurs compulsifs… Je parle autant des groupes que des producteurs, des directeurs artistiques ou même des managers. J’ai eu l’occasion de me faire des amis, j’ai vu des carrières démarrer en trombe et s’arrêter net, d’autres prendre leur temps, et une grande majorité mourir dans l’œuf. L’avantage que l’on a en tant que “clippeur“, c’est qu’on ne joue pas sa carrière sur un projet. J’ai réalisé de nombreux clips, adoubés par le public ou non, mais cela n’a pas enrayé ma pratique. Dans le pire des cas on ne parle pas de mon travail, et c’est alors à moi de composer avec ma fierté.
Un jour, j’ai rencontré un type qui a fait carrière dans les années 80, réalisant des clips pour des groupes à succès (Elmer Food Beat, Alpha Blondy, Thiéfaine…) et participant à l’essor de la scène rock rennaise. Jo a tourné ses premiers clips en pellicule, a géré des budgets qui se comptaient en millions de francs, et a travaillé avec des techniciens de grande renommée sur d’innombrables clips et publicités. Puis la transition numérique a changé la donne : les budgets ont fondu, des réalisateurs de clips ont commencé à naître dans le giron de chaque groupe de musique… L’inflation a eu raison d’un âge d’or.
J’ai fait partie de cette inflation, réalisant mes premiers clips avec l’avènement des DSLR, tâchant de diluer mes envies de fiction dans de petites vidéos. Je n’irai pas jusqu’à me sentir responsable mais je me sens très concerné par cette évolution, conscient que je ne ferai peut-être moi-même pas de vieux os dans le métier. J’ai probablement commencé mon activité par pur plaisir, mais j’ai été rapidement plongé dans le système des maisons de disque, et avec lui dans une dépendance financière : il s’agissait désormais de continuer à faire des clips pour vivre de l’audiovisuel.
Jo continue à tourner des clips. Il a fait le dernier Elmer Food Beat, tourne avec des groupes de rock rennais, pétrissant toujours cette pâte qui l’avait défini il y a trente ans. Une pâte que n’aurait pas renié Michel Gondry, que Jo a régulièrement croisé en studio.
Il ne travaille plus autant qu’avant, les nouvelles générations de musiciens ne cherchent pas à travailler avec lui. Et ils n’en ont plus les moyens. Comment perpétuer son style quand les groupes n’ont pas même de quoi payer les repas de l’équipe présente sur un tournage ? Dès lors, si l’enjeu est de tourner sans en vivre, des clips sans ambition, plutôt aller voir ailleurs. C’est ce que Jo a fait, le temps d’une mode passagère, où il a réalisé des lip dub, nouvelle forme de film d’entreprise chorégraphié, et en est devenu le plus important représentant en France. Mais les modes passent...
Jo n’a pas eu beaucoup de projets de clips ces derniers mois. Cependant il travaille encore avec des artistes locaux comme le groupe Republik (Franck Darcel). Il compte filmer les backstages d’un tournage de clip, une sorte de making of de son propre tournage. Si cette méthode narrative a souvent été utilisée, elle prend un sens particulier entre les mains de Jo. C’est un peu une manière de nous faire entrer dans son univers par une porte dérobée. Il envisage de tourner dans un atelier de construction de décors de théâtre, et mettre en scène le groupe au milieu d’une équipe de tournage qui apparaîtra par touches, parmi les travellings et la machinerie. Se mélangeront le on et le off, l’endroit et l’envers du décors.
Il y a une saveur particulière à filmer un tournage, qui filme lui-même un tournage. C’est une strate de plus dans la mise en abîme, figure de style qui anime tous les metteurs en scène, mais aussi tous les artistes et artisans du spectacle.
J’ai trouvé très séduisante l’idée de suivre le processus créatif d’un réalisateur aussi talentueux, que j’ai rencontré, au hasard d’un bar en pleine nuit, passionné par ce qu’il reste à faire dans un milieu désormais difficile à appréhender, ivre de cinéma, marqué par la vie. Ce même soir, il me disait que j’étais un des remparts face à la vacuité narrative des clips qui se faisaient ces derniers temps à Rennes. Je n’ai pas su quoi répondre.
J’aimerais que ce documentaire soit justement ma réponse."
LE POÈTE FERRAILLEUR DE LIZIO
LE POÈTE FERRAILLEUR DE LIZIO
par Anne Burlot
Robert Coudray est un sexagénaire fantasque aux multiples talents : sculpteur, décorateur, poète, réalisateur, architecte écolo ou plus simplement ferrailleur. Je suis diplômé des hautes études buissonnières de bricoleur poète, sponsorisé par la fée des décharges... éveilleur de rêves, dit-il. Sa raison d'être : faire rêver les gens, les adultes comme les enfants. On peut dire qu'il y arrive plutôt bien !
Il y a 25 ans, il a créé de toute pièce un parc féérique de deux hectares, au cœur de la campagne morbihannaise, à Lizio. Un espace de création qui grandit chaque année puisque notre Géo Trouvetou continue à réaliser quotidiennement des œuvres dans son atelier.
Pénétrer dans ce musée ouvert au public où s'animent quelques 70 automates et autres machines inutiles, c'est pénétrer dans un univers féérique, poétique, drolatique, surréaliste et fantastique. Au milieu de ces personnages carnavalesques et de ces huit tours de hobbit, que leur concepteur compare à des cathédrales, j'ai eu l'impression d'être plongée au beau milieu d'un film de Terry Gilliam ou de Tim Burton. Ce lieu est tellement cinématographique qu'il m'a donné envie d'en faire un film ...
SI OUESSANT M'ÉTAIT CROQUÉ
SI OUESSANT M'ÉTAIT CROQUÉ
par Damien Stein
Le dessinateur Lapin nous ouvre les portes d’une île sauvage, ouverte aux quatre vents, peuplée d’insulaires chargés d’une histoire marine peu commune, qu’il nous fait découvrir avec douceur et humour.
Le travail de Lapin se place dans cette volonté d’ancrer ses portraits dans le temps. À Ouessant, il a choisit comme à son habitude de croquer ses lieux et ses gens dans l’instant. Son trait, par sa vitesse et sa précision, offre une fantaisie à ce qu’il regarde. Les habitants se retrouvent comme embarqués dans une BD à une seule case, à laquelle Lapin ajoute parfois bulles et commentaires, laissant toujours apparaître les lignes du carnet de voyage qui caractérise sa publication.
J’ai souhaité passer derrière l’épaule de celui qui croque, et épouser son regard pour en déceler les spécificités. L’accompagnant sur l’île de Ouessant, il m’a montré les lieux qui lui ont inspiré ses dessins, une occasion de confondre mon approche de la mise en scène dans la sienne, une manière d’entrer dans la subjectivité du portraitiste.
LE COEUR MENDIANT
LE COEUR MENDIANT
Le cœur mendiant de Mérédith Le Dez, chez La Part Commune, éditeur
Extrait lu par Philippe Languille, à retrouver sur la page Lecture publique de KuB.
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