La Cinémathèque a 30 ans !
-
SOMMAIRE
La Cinémathèque de Bretagne fête son trentième anniversaire. Retour sur une expérience singulière et un fonds riche en trésors à découvrir.
1974 : René Vautier s’active pour la création d’un Musée Audiovisuel qui intégrerait une cinémathèque. Dans les années qui suivent, Jean-Yves Veillard, conservateur du Musée de Bretagne, et André Colleu, activiste de l’éducation populaire (Jeunesse et Sports), collectent chacun de leur côté des bobines et des informations sur les films bretons ou consacrés à la Bretagne. En 1982, la revue CinémAction publie un dossier sur le cinéma dans les régions, Colleu y signe Plaidoyer pour une vidéothèque bretonne.
1984 : à l’invitation de l’Institut Culturel de Bretagne, un groupe de travail se constitue entre particuliers, professionnels de l’audiovisuel et institutionnels concernés par la sauvegarde des archives audiovisuelles. En 1986, la Cinémathèque de Bretagne est créée dans le giron de l’Agence Technique Régionale. En six mois, elle collecte 200 films confiés par 25 déposants, pour la plupart réalisateurs amateurs. En 1989, elle prend son indépendance, sous forme d’une association présidée par Jean-Pierre Berthomé et dirigée par André Colleu.
TOUTE UNE HISTOIRE
TOUTE UNE HISTOIRE
1989 est pour la Cinémathèque de Bretagne l’année des premiers investissements en matériel informatique et vidéo. Le développement d’une base de données est lancé. En 1992, le fonds est composé de 2 871 films et de 243 déposants. La Région commence à lui allouer des subventions. En 1993, elle embauche ses premiers salariés. Cette même année, la Cinémathèque présente sa candidature à la Fédération Internationale des Archives du Film (FIAF) où elle est la première cinémathèque régionale de France à être admise.
En 1995, elle s’installe à Brest après avoir déménagé à plusieurs reprises, et apporte sa pierre au Centenaire du cinéma, avec un livre Bretagne et cinéma cosigné par Jean-Pierre Berthomé et Gaël Naizet, et Cent ans, un film en 35mm rassemblant les premières images tournées en Bretagne et diffusé dans les cinémas de Bretagne en première partie de programme.
L'histoire
En 1996, la Cinémathèque investit des locaux spécifiquement aménagés pour ses activités, avec un plateau technique, cinq cabines de visionnage et un local de conservation. La Cinémathèque dispose désormais de près de 1 000 m2 d’espace de travail. Les collectages et les diffusions augmentent sensiblement. Elle anime ou participe cette année-là à une centaine de spectacles et expositions, et ses images sont utilisées par une cinquantaine d’émissions de télévision.
En 2000, André Colleu quitte la direction de la Cinémathèque de Bretagne, remplacé par Gilbert Le Traon qui la dirigera de 2000 à 2015. D’autres formes de diffusion sont initiées, notamment l’édition de DVD issus des collections. Des résidences pour documentaristes sont créées et la base de données connaît un nouveau développement. En 2016, le fonds et ses fiches documentaires recensent 28 418 supports films et vidéos, dont la moitié sont amateurs. La Cinémathèque de Bretagne détient également la plus grande collection en France d’appareils de cinéma amateur (caméras, projecteurs, visionneuses…). Trente ans après sa création, elle est aussi l’un des fonds régionaux les plus importants.
LE CLIP DES 30 ANS
LE CLIP DES 30 ANS
Pour ses 30 ans, la Cinémathèque s’offre un clip ! Thierry Salvert, en tant que VJ Bad Green, travaille depuis quelques temps avec les images de la Cinémathèque, pour Turbo sans Visa par exemple ou des évènements avec Wonderbraz. Thierry connaît bien Krismenn et Alem, qui ont tout de suite accepté d’accompagner les 30 ans. Quelques jours après un premier contact, ils livrent cinq titres dont Dao Dei ! choisi pour le clip.
Pour le montage, Thierry Salvert connaissait bien les images de danse et de jeux bretons, l’équipe de la Cinémathèque lui a donc proposé une sélection complémentaire pour que le corpus représenté soit fidèle aux collections : la pêche, l’agriculture, le monde du travail…
CAMELOTS ET BADAUDS
CAMELOTS ET BADAUDS
un film amateur de Georges-Marcel Renard (1950 - 7')
Les scènes de marché de Camelots et badauds, avec ses bonimenteurs et ses marchands, nous replongent avec une grande précision dans une époque, cinq ans après la guerre, où la population savoure l’abondance de marchandises. Ici, à Saint-Malo et en Pays Bigouden, elle entre, sans le savoir, dans les Trente Glorieuses.
Le mutisme du film nous rend d’autant plus attentif à ces gens tirés à quatre épingles, chemises et vestons, rubans et chapeaux, impeccablement coiffés… Camelots et badauds immortalise aussi toute une palette de petits métiers : des vendeurs en tous genres, des réparateurs, tailleurs, rémouleurs, graveurs, chacun avec ses outils manuels.
BOD ET SAM AUX CASIERS
BOD ET SAM AUX CASIERS
un documentaire amateur de Jean Fraysse (1982 - 8')
Tourné entre la côte et l’île Logoden dans le Golfe du Morbihan, cette sortie de deux mouflets qui partent dans une annexe pour relever un casier est intéressante à bien des points de vue. Le film a tout juste 35 ans, mais il fixe des mœurs en nette régression. Les deux protagonistes ont moins de dix ans, et ils gèrent l’opération avec une assurance qui en dit long sur leur familiarité avec les gestes qu’ils accomplissent.
Lever le mouillage, démarrer le hors-bord, jouer avec les courants, relever le casier, en extraire un congre bien vivant et le découper vif pour remettre la tête dans le casier avant de le larguer par dessus bord, etc. Tout cela sans gilet de sauvetage, à l’ancienne. Jean Fraysse filme comme Bresson, découpant les gestes en plans serrés, fixes pour la plupart. S’ajoute donc au savoir-faire des enfants, la virtuosité d’une famille impliquée dans un projet cinématographique.
LE FILM AMATEUR, UNE SPÉCIFICITÉ
LE FILM AMATEUR, UNE SPÉCIFICITÉ
La Cinémathèque de Bretagne s’est intéressée avant tout le monde aux images d’amateurs. Des années 50 à la fin des années 70, les clubs de cinéastes amateurs étaient en effet nombreux et importants. Chacun pouvait se lancer dans la réalisation d’un documentaire, d’une fiction, d’une animation ou d’un film expérimental. Contrairement à une image d’actualité réalisée par un journaliste professionnel, le cinéaste amateur va faire acte de témoignage personnel. Le film de famille qui est d’abord un souvenir, peut à long terme prendre sa place et son importance dans la mémoire collective.
La Cinémathèque de Bretagne s’est d’emblée interrogée sur le statut du film amateur et sur la protection des ayants-droit, un film amateur pouvant, avec l’accord de son réalisateur, être inséré dans un documentaire professionnel diffusé en salle ou sur une chaîne de télévision.
Ainsi, chaque ensemble de films déposés fait l’objet d’un contrat de dépôt concernant les supports et stipulant les engagements de la Cinémathèque. Il faut souligner que chaque déposant reste propriétaire de ses films, une convention de cession de droits des films en spécifiant l’ensemble des diffusions possibles.
Films professionnels
Depuis 2006, la Cinémathèque de Bretagne collecte également des films réalisés par des professionnels, en particulier dans le cadre du dépôt régional du Fonds d’Aide à la Création Cinématographique et Audiovisuelle (FACCA) du Conseil Régional de Bretagne. Tout producteur aidé par ce fonds doit déposer à la Cinémathèque une copie de l’œuvre, accompagnée de ses éléments de production. Ces œuvres deviendront à long terme des archives patrimoniales, témoignages d’une époque. D’autres films professionnels sont déposés occasionnellement, soit pour trouver une solution de sauvegarde, soit dans des cas de disparition d’associations ou de liquidation de sociétés.
COMMENTAIRES